Au fin fond de la campagne, deux juniors vont inventer un gros mensonge pour se racheter une nouvelle console. Si la fausse maladie ne devait pas dépasser la sphère d’Internet, le mensonge se diffusera rapidement jusque dans leur collège. Bien que la mise en avant touchante d’un adolescent qui tente de se construire dans le vide de la campagne s’impose comme la force de Juniors, le film souffre néanmoins de cette simplicité.
Il était une fois à la campagne
Dans le petit village de Mornas, le jeune Jordan accompagné de son ami Patrick tourne en rond. Lorsque ce dernier rate sa coiffure en lui coupant les cheveux, Jordan décide alors de créer une cagnotte en ligne en simulant une maladie. Drôle et touchant, ce film montre avant tout la solitude de la jeunesse des campagnes à une ère où la technologie leur permet pourtant de se connecter au monde. Si la cagnotte en ligne ne constituait rien de bien grave pour Jordan, c’est ce passage à la réalité où les camarades de son école le soutiendront durant cette « épreuve » que ce jeune garçon prendra progressivement la mesure de sa bêtise.
Pour le réalisateur Hugo Thomas, il était primordial que les acteurs qui incarneraient les personnages principaux de son long-métrage dégagent une simplicité et une authenticité semblables à celles des habitants des campagnes.
Lui-même issu d’une commune de Normandie, ce réalisateur a fait le choix d’attribuer le premier rôle au jeune Ewan Bourdelles. Ce jeune garçon, qui vit à la campagne, faisait des vidéos sur YouTube. C’est par le biais de ses créations que le réalisateur lui a décerné le premier rôle. Hugo Thomas s’est beaucoup retrouvé en la personne d’Ewan. Si le personnage de Jordan ainsi que son meilleur ami Patrick sont incarnés par des acteurs français encore inconnus du public, la mère du jeune Jordan est interprétée par une icône française: Vanessa Paradis.
Malgré sa notoriété, le réalisateur et les autres acteurs ont été admiratifs de sa simplicité et de son partage constant durant le tournage. Cependant, de même que son personnage, Vanessa Paradis est trop peu présente à l’écran et ne partage pas assez de scènes avec son « fils ». Les moments forts qui marquent un tournant dans la vie du jeune Jordan et dans le film restent les scènes où il confronte sa mère sur son absence constante. Malgré un jeu prometteur pour ses jeunes comédiens français, ce teen movie souffre d’une simplicité monotone.
Un film qui souffre de cette simplicité colossale
Si le teen movie arrive par moment à nous faire osciller entre la compassion pour ses deux jeunes ados et la satisfaction de les voir se prendre à leur propre jeu, le film tourne vite en rond. Voir Jordan et Patrick s’enfoncer peu à peu dans leur mensonge, mais aussi (et surtout) s’ennuyer dans la campagne française devient presque contagieux. Malgré cette simplicité profonde, le film semble destiné en priorité à une jeunesse rurale qui se plaira à se reconnaître dans cet ennui abyssal et cette marginalisation. Mais pas seulement. Le film met en lumière les territoires ruraux et ses habitants trop invisibilisés au cinéma.
Le choix des longs plans d’ensemble qui se focalisent sur les paysages épurés de la campagne appuie sur cette volonté de montrer la beauté de ses lieux malgré l’ennui qui y est dépeinte. Pourtant, si le mensonge très sérieux sur la maladie prend d’importantes proportions, la gravité de l’acte s’estompe et passe en arrière-plan face aux conséquences comiques. La naïveté des jeunes adolescents qui se cherchent tout au long du film devient par moment lassant et rend certaines scènes longues à regarder.
Un cancer imaginaire, la campagne … et sa mère
La création de ce mensonge autour de la maladie imaginaire de Jordan est avant tout un cri du cœur face à un ennui et une incompréhension que personne n’arrive à atténuer. Pour tuer le temps, ce dernier ne peut que jouer aux jeux vidéo accompagné par son ami. Pourtant, ce jeune personnage principal a des choses à dire, et c’est dans cette phase-là que le spectateur éprouvera par moment de l’empathie.
Ode à cette ruralité, Juniors expose en premier lieu les points négatifs de cette vie excentrée des grandes métropoles en soulignant le manque d’infrastructures, de technologies, de loisirs mais aussi de population. On remarque la solitude du jeune garçon Jordan condamné par moment à s’enfermer dans sa chambre ou encore à s’assoir sur une botte de foin en tête-à-tête avec ce champ qu’il déteste tant. Mais progressivement, lorsqu’il sera confronté à s’en aller, ce sont ses mêmes défauts qui lui manqueront et cet aspect-là est très bien exécuter dans le film. Mélancolique, le jeune garçon se retrouvera à regretter son collège, les paysages ruraux ou encore son ami.
Face à une mère, interprétée par Vanessa Paradis, qui travaille souvent, le choix du mensonge de Jordan sera quelque peu légitime à la fin du film et s’imposera comme un choix presque nécessaire pour vaincre cette solitude. Dans le rôle d’une infirmière et mère célibataire, Vanessa Paradis reste très peu présente dans le film. Pourtant, les scènes avec Ewan Bourdelles s’affirment comme les plus émouvants du film.
Dans les salles le 26 juillet prochain, le teen movie Juniors permet d’apporter un nouveau regard sur cette jeunesse rurale trop souvent mis à l’écart et désormais au-devant de la scène.
