Civil War : le meilleur film de ce début d’année !

0
359

Pour son 4ème long-métrage (et peut-être dernier), Alex Garland a frappé extrêmement fort. Après Ex Machina (2014), Annihilation (2018) et Men (2022), le romancier devenu réalisateur est de retour avec Civil War. Le film cartonne aux US et sort ce mercredi 17 avril dans les salles françaises. Emmené par Kirsten Dunst, c’est un film coup de poing qui s’impose comme l’une des meilleures propositions de ce début d’année. Critique d’un grand film !

Alex Garland : petit génie ?

Au départ, Alex Garland est un romancier. Il pousse la porte du septième art en tant que scénariste, et s’est notamment fait un nom lorsqu’il adapte son propre roman pour Danny Boyle : La Plage. En 2014, il décide de passer lui-même derrière la caméra et frappe un grand coup avec Ex Machina. Sa carrière est lancée, et les cinéphiles le suivent de près depuis maintenant dix ans. Avec Civil War, il fait une sortie par la grande porte.

Civil Civil War : le meilleur film de ce début d'année !
Kirsten Dunst en photographe prête à tout pour la photo du siècle

C’est sans doute l’un des meilleurs films de l’année. Tout simplement. Avec Civil War, Alex Garland raconte l’effondrement d’une société. Sans jamais donner les raisons du conflit, il met en scène les États-Unis détruits de l’intérieur, divisés, politiquement totalement décentralisés, et avec déjà un pied dans la tombe. L’occasion pour lui de mettre en exergue le fonctionnement d’une société qui n’a plus de repère, plus de dirigeant, plus de politique, où chacun se fait justice soi-même, dans un contexte de violence toujours très réaliste. Proche du documentaire, davantage dans ses thématiques que dans son aspect visuel, Civil War propose un crescendo hallucinant. Le film commence sur les chapeaux de roues, et ne fait que monter en tension, jusqu’à un final qui oscille clairement vers le film de guerre à proprement parlé. Mais on reparlera plus tard.

Civil War : du grand journalisme

Plutôt que de réaliser un simple film de guerre, Alex Garland a voulu rendre hommage aux journalistes, aux grands reporters, aux photographes de guerre. Il prend comme prisme plusieurs journalistes qui décident de traverser un pays en guerre pour faire une dernière interview du Président des États-Unis avant son exécution. Avec ce point de départ, Alex Garland questionne le rôle du journaliste dans notre société moderne. Il met en lumière son importance, qu’elle soit médiatique, informative ou simplement par souci de préservation, de conservation et de postérité. Il met en scène son fonctionnement et son utilité indéniable. Mais il s’arrête aussi sur son voyeurisme, sur son manque de respect par rapport à la propriété physique ou intellectuelle, par rapport à l’intimité. Il met en lumière son lien morbide avec la mort et se demande où se place la limite entre l’utilité collective et le respect de l’individu.

Civil War : le meilleur film de ce début d'année !

Une analyse qui trouve sa quintessence dans le dernier acte, qu’on ne spoilera évidemment pas. Mais à travers une scène totalement dingue, véritable apothéose du film, le personnage de Kristen Dunst, journaliste émérite et entraînée, a perdu une forme d’humanité à travers les horreurs qu’elle a couvertes durant toutes ces années de métier. Insensible, froide, et prête à tout pour la photo parfaite, elle est accompagnée d’une journaliste en herbe campée par Cailee Spaeny. Cette dernière est encore tâtonnante, hésitante, limitée par sa jeunesse, sa naïveté, sa peur et son humanité justement, mais aussi par son respect de l’autre. Peu à peu, à force d’influence mutuelle, leurs caractéristiques vont doucement s’échanger, dans une évolution des personnages subtile, nécessaire à l’intrigue et tout bonnement passionnante. Et cette relation est clairement le fil rouge de Civil War. Quant aux deux comédiennes, elles crèvent tout bonnement l’écran !

Une maîtrise visuelle et narrative totalement dingue

Difficile de catégoriser Civil War dans un seul genre. Grand film de journalisme, film social et politique, blockbuster intelligent, film de guerre, Civil War touche à tout, et surtout, réussi tout ce qu’il entreprend. Visuellement c’est dingue. Alex Garland propose des visions de destructions, d’effondrements hallucinantes, empruntées aux plus grands films de science-fiction ou de zombies. Routes détruites, villes abîmés, absence de ressources, tous les éléments du film post-apocalyptique sont présents. Mais puisque le film a une tournure réaliste, c’est encore plus glaçant que dans le meilleur des meilleurs films d’invasion extraterrestre.

Et comment ne pas s’arrêter sur la dernière partie du film ? Alex Garland met en scène de véritables séquences de film de guerre avec une maîtrise dingue. Tout le segment autour et à l’intérieur de la Maison Blanche est à tomber par terre. La mise en scène est d’une précision chirurgicale, le rythme est dingue, et Alex Garland fait passer Paul Greengrass et Ridley Scott pour des nourrissons incapables de tenir une caméra. Évidemment, le choix de la Maison Blanche comme décor est une métaphore évidente de l’explosion d’une nation au sein de son noyau politique, de son symbole le plus puissant.

a scene from the film civil war written and directed by alex garland Civil War : le meilleur film de ce début d'année !
La scène glaçante avec Jesse Plemons

Parce que les thématiques d’effondrement il y en a la pelle. Civil War est une œuvre terriblement moderne, à une époque contemporaine où la politique politicienne est en train de s’effondrer aux quatre coins du globe. A une époque où les puissants perdent petit à petit le contrôle face à un peuple en colère, de plus en plus violent, parce que de plus en plus délaissé, lésé, trahit, arnaqué par un système corrompu à l’agonie. Et souvent, le film fait écho à la prise du Capitole en 2021 par les sympathisants de Donald Trump. Civil War est donc un film assez pessimiste, qui nous parle davantage de chute, et que de renaissance et de reconstruction, de violence plutôt que de paix.

Un film coup de poing terriblement juste, qui réserve son lot de séquences mémorables. Difficile d’oublier tout le segment avec Jesse Plemons, d’une cruauté rare, que le spectateur prend en pleine figure. Difficile aussi, d’oublier cette rencontre avec des snipers au milieu d’un champ. Et évidemment, difficile d’oublier tout ce dernier acte absolument dantesque. Vraiment, allez voir Civil War !