Atlantid : critique du manga aux éditions Kana

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Sorti en 2016, Atlantid est un manga en trois tomes écrits et dessinés par Hidenori Yamaji. L’œuvre convoque de multiples univers, le steampunk, l’ésotérisme, l’archéologie, pour offrir un shonen à la fois divertissant mais aussi très frustrant. Retour sur une œuvre qui mérite néanmoins le coup d’œil.

Londres 1882

L’agent Almendra est membre du bouclier royal, une troupe d’élite au service de la reine Victoria. Sa dernière mission l’a mise sur la piste d’anneau noir convoité par l’organisation criminelle Judge Holder. Traquée et blessée par deux adversaires, elle est secourue par Sully, un garçon des rues londonien à la tête d’une troupe d’enfants. Son sauveur découvre alors qu’il a un lien avec l’anneau.

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Avec ses amis et l’agente royale, il décide de quitter Londres et de rejoindre la Q.G du bouclier royal. Mais les hommes de Judge Holder se lancent à leur poursuite. Non contente d’être à la tête d’un vaste réseau d’esclavage d’êtres humains, cette organisation ambitionne de percer les secrets de l’Atlantide en récupérant l’anneau. Sully devient alors le cible prioritaire au moment même où il essaie d’en apprendre plus sur son passé et ses liens avec la mystérieuse île.

Atlantid : une ambiance steampunk

Hidenori Yamaji plonge ses héros dans une ambiance qu’affectionne les anime (voir Steamboy, City Hall ou le Château dans le Ciel). L’aventure se place dans le Londres du XIXème siècle où les cheminées des usines noircissent l’horizon. La ville est surpeuplée et la plus grande misère côtoie la plus grande richesse. Ses héros sont une bande d’enfants, hommage à Charles Dickens et à la B.D. Les Quatre de Baker Street. Débrouillards, abandonnés, ils forment une famille attachante où le maître mot est la survie.

Sur ce décor industriel classique, l’œuvre ajoute une touche de fantastique qui lorgne vers le steampunk. Les inventions de l’Atlantide, les hommes transformés de Judge Holder, présentent des machines organiques mélangent d’acier et de chair. L’oeuvre baigne, à partir du tome 2 dans des décors rétro futuristes (digne de Blake et Mortimer) pour faire ressentir l’étrange normalité de l’Atlantide. Des vaisseaux volants certes mais dont les pièces rappellent des civilisations passées.

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Un récit aux tonalité multiples

Le lecteur d’Atlantid doit être prévenu. Si le manga est classé en shonen, il mêle en réalité des styles très différents. D’un certain côté, le manga se rapproche d’oeuvres tels Le Château dans le Ciel d’Hayao Miyazaki ou Voyage en Agartha de Makoto Shinkai. Les dessins, très beaux, très doux servent une aventure classique qui magnifie l’enfance, la solidarité et le courage. La bande de garçon est charismatique et la série (dans le tome 3) nous détaille la lente construction de leur amitié.

Mais dès la fin du tome 2, le récit part vers des horizons plus sombres. L’affrontement avec les hommes du Judge Holder conduit le dessin à s’inspirer des récits d’horreur : zombification, corps décharnés, mutilation. Une impression renforcée par l’intronisation d’une divinité des ombres voleuse d’âmes qui découpe sans relâche ses ennemis. Les thématiques aussi deviennent plus adultes, dans le second tome, avec le terrible marché aux esclaves et son cortège d’exactions et de sacrifices. Cette évolution du ton se remarque enfin par l’arrivée de nouveaux personnages au design audacieux évoquant Cowboy Bebop, Pluto voire Les Tortues Ninja.

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Atlantid : une histoire à jamais inachevée

Le scénario d’Atlantid s’épaissit dès la fin du tome 1. De la découverte du passé de Sully, à l’identité du chef de Judge Holder, en passant par les secrets de l’Atlantide et la lutte contre un dieu des temps passés, Hidenori Yamaji ouvre des pistes multiples. Or, à la fin du tome 3, toutes les questions sont encore en suspend. Aucune réponse n’a été donnée. Pire, Sully est en pleine formation et vient de rencontrer les habitants de l’Atlantide quand la série s’achève.

Le lecteur se retrouve alors éminemment frustré lorsqu’il referme l’ultime opus. L’intrigue promet en effet un face à face épique qui ne verra jamais le jour. Cela amène, encore une fois, à se demander ce qui est passé par la tête des éditeurs japonais. Quel intérêt de proposer une série et de l’interrompre en plein milieu ? Car compte tenu des pistes amorcées, c’est une œuvre qui aurait mérité au moins 3 tomes supplémentaires pour nous offrir une fin satisfaisante.

Atlantid est dont une série frustrante. Si son histoire ne révolutionne pas le genre, elle possède assez d’aventures, de suspense pour divertir. Dommage que les éditeurs n’aient pas permis à son auteur de mener son projet à terme.

Pour découvrir une autre série courte mais cette fois-ci achevée chez Kana, nous vous conseillons de lire Pluto de Naoki Urasawa.