Tetuso Hara revient dans Ikusa No Ko

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Après Keiji et Soten No Ken, Mangetsu publie la nouvelle série du mythique dessinateur Tetsuo Hara. Découvrons ensemble les deux premiers tomes de la Légende d’Oda Nobunaga.

Tetsuo Hara rentre dans l’histoire

Tetsuo Hara s'empare de la jeunesse

Le premier tome d’Ikusa No Ko n’est pas seulement la nouvelle série de Tetsuo Hara en France, mais également son retour au dessin. Point de retraite pour lui après soixante ans. D’une profonde humilité, le géant du manga a hésité à accepter ce projet avec le scénariste Seibô Kitahara se demandant s’il savait encore dessiner. Les premières pages d’Ikusa No Ko prouvent le contraire. Le dessin est grandiose, baroque et foisonnant. Tetuso Hara impressionne toujours dans les duels tout comme lors des vastes combats. Dans le premier tome, il nous gratifie d’une bataille navale dantesque.

Tetsuo Hara refuse toujours de se plier aux conventions. Il propose des combats totalement improbables comme ce pirate gigantesque. En effet, les proportions n’ont aucun réalisme car la taille est un message sur la puissance. Hara utilise des outils modernes, les décors intégrant de très nombreux effets numériques. La précision est telle que le page diffuse un sentiment de claustrophobie. L’éditeur Mangetsu s’est mis en quatre pour le retour du dessinateur. Non seulement, l’éditeur les deux premiers tomes sortent simultanément, mais la superbe couverture du premier brille d’une débauche de couleurs chatoyantes réhaussés d’un titre doré. Le lecteur profite même d’un marque-page

L’enfant de la guerre

Tetsuo Hara ne se contente pas de reproduire ses recettes car, pour la première fois, le héros de sa série est un garçon. Il doit donc dessiner un enfant très maigre, très loin du Ken musclé. Ikusa No Ko est un récit en flashback. Lors de sa dernière bataille en 1582, Nobunaga Oda se souvient de son enfance. Né au milieu des combats, l’enfant se nomme Kippôshi Oda et vivait dans le château de Nagoya. Nobuhide, son père, est un chef local qui est devenu de facto le chef d’une province par ses victoires pendant la période de guerres seigneuriales. Le clan Oda est un concurrence avec ses voisins Imagawa. Le quotidien des habitants est compliqué car la criminalité profite de ces rivalités pour s’étendre. Ce contexte explique que Kippôshi est déjà passionné par la guerre. C’est même une philosophie : elle est un outil de progrès de l’humanité. Kippôshi est très adroit, mais il n’a aucune mesure et est arrogant. Il va vivre de nombreuses aventures qui rendent le récit très agréable à suivre. Dès les premières pages, le jeune homme de 12 ans est enlevé par des pirates. Ikusa No Ko décrit une éducation inversée. En effet, si son père a voulu avoir un héritier digne de sa lignée de militaire, son tuteur Masahide a tout fait pour en faire un vaurien.

Les décors et les personnages de Tetsuo Hara

La fusion du divin et du trivial

Comme dans plusieurs de ses séries, Tetsuo Hara s’intéresse aux mythes et au divin. La beauté des visages et les corps musclés sont un outil pour diviniser ses personnages. Nobunaga et son page sont entourés d’un halo. Un Occidental a un visage christique. Nobunaga est comparé à César par un proche car il est destiné à avoir un destin légendaire. Le chef de guerre espère avoir s’éteindre comme un messie en s’élevant dans les flammes. Cependant Ikusa No Ko est-il le récit d’un ange ou d’un démon ? La morphologie des personnages montre une séparation. Les méchants pirates sont plus proches des animaux que des hommes. Cependant, le personnage principal est bien plus ambivalent. Il aide certes ses amis et tient ses promesses. Mais il est impitoyable et soutient les plus forts, ceux qui peuvent le servir.

Tous ces éléments pourraient apparaître pompeux. Mais Tetsuo Hara désamorce ce risque par un humour trivial. Juste après une annonce dramatique, Kippôshi se met à danser avec un éventail comme un poivrot dans un salon de geishas.

Avec sa nouvelle série, Tetsuo Hara dessine l’ascension d’un jeune homme avide de pouvoir et de se former, mais Ikusa No Ko s’écarte des codes du shonen en proposant surtout un récit d’aventure échevelé qui se poursuit dans le tome deux.

Retrouvez sur notre site deux autres séries de Tetuso Hara avec Keiji et Soten No Ken.