Critiques de l’univers Dune

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Dune (1965) – « Dans quelle mesure le prophète façonne-t-il l’avenir pour qu’il corresponde à la prophétie ? »

C’est bien de créer tout un univers fait de planète désertique, de différents peuples, d’une sorte de système de féodalité ; mais encore faut-il trouver le temps sur ces – quand même – huit cent pages de l’expliciter. Il y a bien des appendices à la fin que comme peu – à mon avis – j’ai lu mais elles n’expliquent pas des termes tels que Harkonnen, Fremen ou encore Sardaukar; je l’admets, on s’en fait une idée plus ou moins claire au fil des pages mais cela ne remplace pas une définition précise, pour ça, je remercie Wikipedia d’avoir rempli ce rôle mais en 1965, où internet n’existait pas, cela devait être plus ardu à comprendre et je trouve un peu paresseux d’écrire des textes en plus plutôt que de les intégrer à son récit. Restent des complots, de la traîtrise, des guerres, une réinterprétion du Christ ; mis à part les petits soucis avec le monde inexploré et inexpliqué, c’est vraiment passionnant.
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Dune (1984) – « Il faudra traire ce gentil petit chat »

La famille Atréides fait face à une conspiration d’un clan rival.

J’ai visionné à deux reprises ce Dune : une fois, exempt de la lecture du roman et l’autre fois, enrichi par celle-ci. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce fut extrêmement plus limpide la seconde fois, la première n’était que du verbiage de gros lard flottant aux pustules purulentes, de gens à la sclérotique céruléenne ou encore de type aux sourcils ridiculement hirsutes car quelques paroles concises au début sont clairement insuffisantes pour faire comprendre un univers aussi foisonnant. L’échec aussi bien critique que commercial ne s’explique pas par les scènes impliquant les vers rapidement expédiées pour ne pas trop apercevoir leur laideur, non plus par le procédé littéraire de la voix-off, peut-être à cause du thésaurus quelque peu complexe de cette création, mais c’est sans doute dû au fait que c’est insuivable pour ceux qui n’auraient pas feuilleté le livre. Néanmoins, j’ai une tendresse particulière pour ce métrage qui possède déjà la patte lynchienne.
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Dune (2021) – « Le mystère de la vie n’est pas un problème à résoudre mais une réalité à vivre »

Le clan Atréides fait face à une intrigue d’une famille rivale et de l’empereur.

Concurrençant Star Wars en termes de space opera, le film, bouffi d’ambition, privilégie les enjeux politiques et psychologiques à l’action pure. Denis Villeneuve est parvenu à vulgariser une œuvre dense et à la rendre accessible et populaire, ce que n’était aucunement arrivé à faire David Lynch dans sa version foutraque. Il a compris que la vélocité ou la surabondance d’effets spéciaux et d’écrans verts oblitèreraient grandement la qualité. Cette fable écologique évoque le dérèglement climatique, le dévoiement de l’exploitation des richesses ou encore l’intégrisme religieux. La photographie est d’une beauté inouïe et impressionnante. Néanmoins, le métrage est immodérément long. Bref, un véritable blockbuster d’auteur.
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Dune – Deuxième partie – « Muad Dib signifie souris-kangourou. Étrange nom de guerre Fremen »

Jessica endoctrine un peuple nomade à la messianité de son fils.

Dune parvient à rendre poussiéreux Star Wars qui tente prioritairement de vendre ses peluches à l’effigie de Bébé Yoda, car le réalisateur est l’un des rares auteurs capables de penser le blockbuster autrement et il s’approprie et magnifie l’œuvre de Frank Herbert par sa vision artistique. Denis Villeneuve pourrait révolutionner le cinéma américain en ne réadaptant pas une histoire maintes fois ressassée. Dépourvu de manichéisme, le film interroge sur le rôle de héros. Faites vos adieux au premier chapitre excessivement verbeux car la mise en place de l’univers et des personnages a eu lieu pour un métrage davantage captivant et rythmé. La virtuosité des images demeure inchangée. J’ai même relativement apprécié la romance.