Critique « Le Carnet de Sara » sur (Netflix) : plongée au coeur des conflits du Congo

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Laura, une avocate madrilène, part seule au Congo dans le but de retrouver sa sœur Sara, docteure dans une ONG, disparue depuis deux ans lors d’une mission humanitaire. Elle s’embarque alors dans un voyage aux milles dangers et devra faire face à la violence crue des conflits qui règnent dans la jungle d’un pays ravagé par des guerres sanglantes entre tribus.

Laura tente tout d’abord de trouver de l’aide auprès d’un latin qui vit au Congo. Mais celui-ci n’est guère motivé à l’idée de l’aider à retrouver sa sœur et a des priorités plus pécuniaires que solidaires…Si la zone où a été vue Sara pour la dernière fois est aussi sensible, c’est parce qu’elle abrite des mines de coltan, un minerai précieux qui sert à la fabrication des smartphones. Ces mines sont exploitées par des puissances occidentales et gérées par des locaux qui dirigent d’une main de fer les travailleurs, dont certains sont des enfants. Les conflits d’intérêts et les conditions de travail dignes de l’esclavage nourrissent les conflits, notamment entre troupes paramilitaires et tribus locales.

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Sollicitées, l’ONU et l’Ambassade Espagnole refusent de se risquer dans cette zone dangereuse et laisse la citoyenne espagnole se débrouiller seule. Laura sollicite alors Jamir, un ancien enfant-soldat qui connait la région. Ensemble, ils entreprennent une traversées périlleuse entre jungle et routes de terres. Ils échappent de justesse à des massacres…

 

La loi de la jungle

Ce film nous plonge au cœur du Congo, de ses rues colorées, poussiéreuses et grouillantes de vie. Puis on s’enfonce rapidement au cœur d’une jungle suffocante, oppressante où le danger est partout. Loin du confort occidental, Laura est confrontée aux pires situations. Des attaques aux armes de guerres, à la machette, des habitants tués sous ses yeux, une tentative de viol, puis un autre massacre… La mort plane derrière chaque hutte, les arbres transpirent la peur et la jungle luxuriante est tout sauf apaisante. Les images sont fortes, marquantes, mais le réalisateur a l’habileté de dénoncer et de montrer la réalité, sans tomber dans un discours moralisateur. Ce qu’il nous montre est violent, cru, froid. Mais c’est la réalité… 

 

Acteurs : bilan mitigé 

Le jeune Iván Mendes, qui incarne Jamir, est encore peu connu du grand public. Mais quel acteur ! Il excelle dans son rôle et son naturel parvient à toucher le spectateur d’une manière à la fois tendre et rude. Jamir va guider Laura et lui sauvera la vie à plusieurs reprises. A travers lui, Laura prend conscience de la profondeur des conflits qui embrasent la région. Elle découvre peu à peu l’ampleur de l’horreur d’un monde dont elle ignorait tout. 

Laura est incarnée par Belén Rueda. Cependant, on met du temps à s’attacher à elle. C’est à se demander si elle croit vraiment à son personnage. Dommage, ce rôle méritait qu’on y implique plus de tripes. 

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De courtes retrouvailles

Après un périple au cours duquel elle a failli mourir plusieurs fois, Laura retrouve sa sœur. Elle vit dans un camp, aux abords d’une mine de coltan et travaille comme infirmière. « Ici, je me sens utile », explique-t-elle. Et si elle n’a pas donné signe de vie depuis deux ans, c’est parce que « El Halcón (le chef) lui a interdit tout contact avec l’extérieur ». Mais elle s’est habituée à cette vie à la dure, loin de tout et ne compte par suivre sa sœur vers l’Europe. Une séparation émouvante entre deux sœurs, qui ont choisies des routes totalement différentes…

Ce film aux images tantôt époustouflantes, tantôt crues, nous rappelle qu’aujourd’hui encore des hommes, des femmes et des enfants vivent dans des conditions dignes de l’esclavage. Et que les conflits armés, nourris par la soif économique des grandes puissances qui ferment les yeux sur les atrocités commises sur place, ne sont malheureusement pas près de s’arrêter…