[Review] Le Cil Vert rentre dans le moule, refusons la boîte !

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Voici une nouvelle sortie de Shampooing, la collection de BD d’auteur dirigée par Lewis Trondheim chez Delcourt. Le Cil vert rentre dans le moule est disponible depuis le 27 septembre.

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Faut-il rentrer dans la boîte ?

Devenir parent change tout

 

Le Cil vert poursuit son autobiographie graphique après un premier tome, Faux boulot sur le travail auprès de personnes avec un handicap. Il ne s’agit pas d’une suite mais d’un prequel que l’on peut très facilement suivre si on n’a pas lu le premier tome. L’auteur s’intéresse aussi au passage à l’âge adulte d’un adulescent bientôt père qui se sent obligé de trouver du travail. Ce faisant, il craint de rentrer dans le moule et de se renier. Cette peur est montrée par la métaphore visuelle du tapis roulant. Ce rappel de sa bonne conscience est assez distrayant et devient même surprenant à la fin.

La partie la plus réussie concerne le récit de sa vie de couple transformée par la grossesse puis la naissance. L’échographie puis le sexe avec une femme enceinte sont très caustiques. Le dessin très cartoony du Cil vert et son choix de montrer très peu de décor servent cette partie touchante.

 

Sortir des arts et Métiers change tout

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Un couple bouleversé par la naissance à venir

L’auteur se demande en effet si son futur est une voie toute tracée depuis les études. Le Cil vert nous donne de précieuses mais surtout de très drôles informations sur le bizutage à l’école d’ingénieurs des Arts et Métiers. Il fait ici une critique des ingénieurs vus comme des arrivistes formatés par des rites étranges et du monde du travail avec une division raciste du travail par métier sur les chantiers. On a parfois du mal à saisir ce lien systématique entre la vie actuelle de l’auteur et ses études. A-t-il été traumatisé par les traditions des Arts et métiers au point de ne pas arriver à s’intégrer dans la société ? Cela expliquerait pourquoi il montre son chef traumatisé par son altruisme au Libéria. Ces passages sont peu bien-pensants mais s’expliquent par l’engagement écologique et politique du Cil vert.

Delcourt réalise un bon travail d’édition avec un volume compact et de qualité.

Celui-ci réussit dans l’ensemble son jeu sur l’identification dans la vie de famille et l’exotisme par l’école d’ingénieur. Très informatif sur les Arts et Métiers, le sentiment vient dans la vie de famille. Bien que parfois assez brouillon, on découvre un auteur prometteur qui trouvera sûrement une voix plus originale.