Industry : plongée dans un monde de requins au coeur de Londres

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Qui de mieux que d’anciens traders pour nous faire vivre une aventure exaltante au coeur de la City ? Légèrement parasité par un jargon technique qui avait tendance à étouffer dans The Big Short, Industry parvient tout de même à transporter par son histoire et sa mise en scène. Imaginée par Mickey Down (You, Me and The Apocalypse) et Konrad Kay, la série raconte les premiers pas fébriles de cinq jeunes diplômés dans le monde des affaires.

Industry : plongée dans un monde de requins

Les débuts d’Industry ont de quoi rappeler Murder. À l’instar de la série ABC de Peter Nowalk, cinq jeunes protagonistes se découvrent pour la première fois dans un amphithéâtre aux allures d’arène lugubre. Ici, Harper, Yasmin, Gus, Robert et Hari ne sont plus étudiants mais fraîchement diplômés, et prêts à en découdre. La sueur au front et l’esprit embrumé de psychostimulants, ces vingtenaires issus de milieux radicalement opposés devront arracher leur place dans la City à coups de transactions financières risquées. Au sein de cette cruelle méritocratie gouvernée par d’hostiles rapaces, la concurrence est rude, et le parcours, éprouvant. Diffusée pour la première fois le 10 novembre 2020 sur OCS, Industry explore les affres de la vingtaine entre alcool, drogue, sexe, et incertitudes.

Harper dans Industry sur OCS
Harper Stern, interprétée par Myha’la Herrold

La finance, mais pas que

Le sujet semble anodin, mais il ne l’est pas. Bourré d’excès en tous genres, le monde de la finance se prête parfaitement au récit tumultueux de la vingtaine. Flirts sauvages au goût d’infidélité, violentes désillusions et abus de psychotropes se mêlent dans des clubs londoniens chamarrés de néons. Industry explore les relations humaines, gorgées de trahisons, d’idylles contrariées et de questionnement de soi. Les romances de bureau amènent un côté  teenager étonnamment adulte, sans jamais tomber dans la mièvrerie. Pour mieux illustrer son propos, Industry réunit cinq acteur débutants qui ont appris à se connaître au fil du tournage. À l’image des personnages qu’ils incarnent, leurs relations évoluent lentement et se dévoilent au fur et à mesure de l’histoire. Le spectateur les voit grandir, douter et s’approprier un milieu au sein duquel ils aspirent à s’épanouir. 

Et si c’était vous ?

Au premier abord, difficile de s’imaginer dans l’univers monstrueux et grisâtre dépeint par Industry. De toute évidence, ce monde excessif et démesuré n’a rien à voir avec les vies que nous menons. Mais au fil des épisodes, l’essence de la série émerge peu à peu. Teintée de thématiques étrangement familières comme le harcèlement, le surmenage, et la lutte des classes, Industry convainc par son réalisme. La série pointe du doigt le burn out, véritable fléau du 21ème siècle.  Dès les premiers instants, le ton est donné. « Dans six mois, la moitié d’entre vous nous aura quittés », affirme Eric Tao à une armée de futurs financiers acharnés. Nabhaan Rizwan livre ainsi une touchante interprétation dHari, jeune diplômé en manque de confiance et prêt à tout pour se montrer digne du poste qu’il occupe. 

Yasmin dans Industry sur OCS

L’hypocrisie affichée d’une entreprise 

Prétendument soucieuse du bien-être de ses employés, Pierpoint & Co n’affiche en réalité qu’une façade pour berner le monde extérieur. Lorsqu’un des jeunes diplômés est retrouvé mort dans les locaux, l’incident est immédiatement passé sous silence. La manager de Gus (David Jonsson), lui recommandera ouvertement de consulter le thérapeute d’entreprise et de réduire son temps de travail, afin que sa méthode de management ne soit pas remise en cause par la direction.

Pierpoint & Co n’est finalement rien de plus qu’une gigantesque entreprise aux rouages impitoyables. Lâchés au milieu de traders aux dents acérées, les jeunes lionceaux devront faire leurs preuves, coûte que coûte. Certains choisiront de s’imposer en restant fidèles à leurs principes, comme la redoutable Harper, interprétée par Myha’la Herrold. À l’image de Yasmin (Marisa Abela) d’autres se plieront à des tâches ingrates pour exister aux yeux de leurs seniors. Dans ce cocktail frappant de réalisme, le sexisme n’est évidemment pas oublié. Entre remarques désobligeantes et comportements avilissants, Industry nous rappelle qu’il est difficile d’être une femme dans le milieu professionnel.

Une sensation de confinement même à l’écran

Manger devant l’ordinateur, dormir dans les toilettes, enchaîner les soirées alcoolisées et les prises de drogue… Le rythme effréné du quotidien d’Hari, Yasmin, Robert, Harper et Gus donne le vertige. De boîtes de nuit enfumées en salles des marchés ultra-réalistes, la lumière du jour n’est presque jamais visible à l’écran. Composée par Nathan Micay, la musique nous plonge dans un étrange monde parallèle, rêve malsain qui semble ne jamais finir. Si l’on oublie sa claustrophobie ambiante et son temps londonien massacrant, Industry a presque des allures d’un Mad Men contemporain… sans Jon Hamm.

Diffusée en H+24, Industry est disponible dès maintenant sur OCS !

Hari