Ignited, des ados prennent les armes… ou pas

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Leur lycée a subi un massacre de masse mais Anouk, Callum et quatre autres adolescents y ont acquis des pouvoirs. Ils veulent agir mais comment trouver la force de se battre quand on a failli tout perdre ? Les Humanoïdes associés proposent dans Ignited de mêler récit politique et histoire de lycée.

Ignited, se relever après le choc

les ados d'Ignited

Plusieurs mois après un massacre dans un lycée, les élèves reprennent le chemin de l’école. Le conseil de l’école a voulu sécuriser l’établissement mais par des règles liberticides : les sacs de classe seront transparents, les enseignants porteront des armes en classe. Le retour à la normale est difficile pour tous mais c’est encore plus compliqué pour Anouk. Elle cherche à se rassurer en se concentrant sur les gestes quotidiens mais ses pensées restent bloquées sur les morts. Comme toute bonne série adolescente, le rapport aux parents est bien mis en avant. Bien que de bonne volonté, les adultes n’arrivent pas à soutenir leurs enfants… jusqu’au deuxième tome. Pour une fois, cette relation n’est pas toxique mais d’une grande douceur. On pourrait trouver cela certes naïf mais c’est surtout tellement positif. Anouk ne peut sortir de cette attaque car les journalistes viennent couvrir la rentrée au lycée Phoenix. Pire, un animateur radio affirme que ce massacre est un complot pour limiter le port d’arme avec des acteurs. Ces insultes venues de l’extrême-droite (« SJW, antifa, pute libertaire ») font mal. Tout cela déprime encore plus Anouk. Cependant, un duo d’activistes masqués diffuse un message sur internet pour lutter contre les décisions de l’école. Anouk va mener l’enquête pour les identifier et réussit.

Elle pousse des adolescents à se rassembler pour agir. Leurs pouvoirs sont très originaux et ne sont pas apparus au hasard. Leurs talents correspondent à leurs actions lors de l’attaque du lycée. De plus, les caractères de ses héros correspondent bien à l’adolescence. Pour certains, l’image d’eux-mêmes est essentielle alors que d’autres veulent agir sans s’occuper de ce pensent les autres. On peut alors retrouver le cadre des premiers épisodes de Spider-Man. Une fois le groupe formé, chacun soigne son trauma entre amis et un personnage sans corps est paradoxalement le plus touchant. Le dessin très réussi de Phil Briones est totalement adapté à ce récit. Sa mise en page fluide soutient l’action et les couleurs vives contrastent avec le propos. Dans le second volume, le groupe encore novice commence à travailler en équipe. Ils mettent le bazar dans un salon d’armement avant de s’attaquer à un animateur dans une radio d’extrême-droite. Malgré ces réussites, la tension monte entre eux quand un inconnu révèle leur identité sur le net. Cela révèle leurs divisions (faut-il aller plus loin ou rester prudent ?) et des tensions sur le privilège de race.

La partie d’un tout

Avec Omni, Ignited fait partie d’un univers centré sur l’écologie. Avec le changement climatique, la Terre subit des changements sans précédents, des personnes obtiennent des pouvoirs mais dans quel but ? La série est écrite par le jeune Kwanza Osajyefo et Mark Waid, auteur reconnu des comics. Ils veulent créer un comics actuel mais en évitant le manichéisme. Des parents voulant bien faire accompagnent leur fils avec des fusils mitrailleurs. Évidemment, l’arrivé d’une brigade armée provoque la panique chez certains élèves alors que d’autres les soutiennent. Partant d’un fait réel, le récit se concentre sur des éléments réalistes et actuels : comment se cacher à l’heure des réseaux sociaux ? On peut aussi saluer l’édition des Humanos qui intègre en bonus avec des témoignages de survivants, le portrait des personnages et toutes les couvertures.

Ignited fait tomber les masques

Derrière le propos politique, Ignited est un excellent récit de super-héros classique et très bien construit dans un récit complet en deux tomes. Le propos évite la noirceur souvent présente dans d’autres séries mais propose un idéalisme revigorant et sans naïveté. Le rapport aux armes est au centre du récit parfois comme un mal absolu au début, et ailleurs, comme un outil de protection.

Si les récits mêlant pouvoirs et adolescence vous intéressent, vous pouvez retrouver notre critique d’Alienated et d’Ascender.