« Les Telluriques ou les dialogues du soufre et de l’éther ». En voilà un titre plutôt long, mais qui résume parfaitement l’esprit de l’ouvrage. Derrière les pages, un écrivain, et pas n’importe qui, puisqu’il s’agit de William Maurer. En plus d’être un nouvel auteur très prometteur, cet artiste s’impose dans de nombreuses disciplines, dont la musique. Dans ce recueil poétique et original, l’auteur s’interroge sur la condition de tous les êtres humains. Il s’agit d’une lecture qui dépeint la réalité, et elle est souvent crue et cruelle. Avec « Les Telluriques » William Maurer s’adonne à l’un de ses thèmes favoris : l’observation de la société humaine et ses limites. Sa philosophie se ressent dans ses œuvres, et c’est bien normal. Dans tous leurs travaux, les créateurs insufflent une partie de leur âme… « Les Telluriques » ne font pas exception à la règle.
Un texte varié et changeant, qui se métamorphose au fil des pages…
Pour certains, la lecture est un pur divertissement. On pose son cerveau à côté, tout comme on pourrait savourer une bonne comédie sans prétention à la télé ou un très bon match de catch. Si vous souhaitez faire travailler vos méninges et vivre une expérience de lecture où vous êtes vous-même acteur de l’intrigue, « Les Telluriques » pourrait répondre à vos exigence. En effet, ce recueil se compose de récits variés, tant par leur ton que par leur forme, où se mêlent dialogues et monologues, le tout s’envole en poésie.
Pour parvenir à mettre en forme ce patchwork, William Maurer imagine toute une galerie de personnages très différents les uns des autres : un empereur intelligent, une femme qui vit dans la rue et qui en as plus que ras-le-bol et d’autres figures tout aussi insolites. Ces histoires, bien que distinctes et sans rapport les unes avec les autres, sont reliées par un fil rouge : la tension palpable entre le soufre, symbole de matière et de la passion, et l’éther, incarnation de l’esprit et de l’élévation… Même si ce n’est que pure interprétation, nous devinons, en tant que lecteur, que cet ouvrage symbolise un dialogue entre les désirs terrestres, matériels et un autre monde plus spirituel. Par ailleurs, l’on pourrait y voir un lien avec la culture bouddhiste…
Et si Bouddha avait lu « Les Telluriques » ?
Cela peut paraitre surprenant, mais l’auteur explore bel et bien des questions qui résonnent profondément avec les principes fondamentaux du bouddhisme. Parmi eux : la dualité de l’existence et la quête de l’équilibre entre le matériel et le spirituel. Ainsi, dans son chemin spirituel, le bouddhiste cherche à transcender ses désirs ou les émotions négatives pour atteindre un état de paix intérieure. Dans son recueil, William présente des personnages en lutte constante entre le soufre et l’éther, la matière brute et palpable et l’esprit dans sa noblesse… À travers leurs expériences et leurs réflexions, l’auteur propose au lecteur de se poser et de réfléchir à cette tension, tout en lisant, pour se confronter à la souffrance et l’incompréhension. Sans être à 100% dans la mouvance bouddhiste, on peut tout de même percevoir dans la volonté de l’auteur une idée de transmettre une forme de sagesse et de supériorité spirituelle, qui l’emporterait sur la réalité, ce qui est tangible.
Souvenez-vous de vos cours de littérature et d’Histoire…
Est-ce que le terme « despote éclairé » vous dit quelque chose ? Le siècle des Lumières et les philosophes, bien-sûr ! Un tel dirigeant exerce un pouvoir absolu, comme le faisait un certain Louis XIV, mais qui gouverne avec un souci du bien-être de ses sujets (pas du tout comme Louis XIV). Contrairement aux tyrans assoiffé de sang à la Gengis Khan qui gouvernent par la force brute, l’empereur-philosophe du livre utilise son autorité pour le plus grand bien. Difficile de s’harmoniser et de s’équilibrer, entre pouvoir du matériel et quête de sagesse… Tiraillé entre son rôle de souverain et son désir profond de comprendre les mystères de la vie et de la mort, l’empereur réalise qu’il a certes, beaucoup de pouvoir, et pourtant, si peu de savoir. La vie elle-même intrigue. Pourquoi est-ce que nous nous acharnons tous à poursuivre notre existence, si c’est pour mourir à la fin ? Est-ce que c’est « vraiment » ça ? On aimerait croire que non, mais certains s’en contentent.
Cet empereur-philosophe n’est pas sans rappeler certaines grandes figures de la littérature, comme Hamlet, qui tangue constamment entre l’action et la contemplation… Qu’est-ce qui définit vraiment le pouvoir ? Est-ce son statut ou bien le savoir ? Selon le personnage de Petyr Baelish, grand stratège du Trône de Fer adapté par HBO sous le nom « Game of Thrones », le savoir est le vrai pouvoir. Une mentalité qui nous renvoie également au grand philosophe Machiavel, auteur de l’ouvrage « Le Prince », dédicacé aux Médicis, véritable manuel d’apprentissage sur les clefs du pouvoir.
En définitive, cette lecture a été écrite par un passionné pour des passionnés. C’est une immersion dans différents esprits, racontée par un écrivain sensible à la poésie et aux complexité de la vie…
Nombre de pages : 368 Pages
Dimensions : 14cm × 20cm
Editeur : Le Lys Bleu
Date de parution : 05/06/2024
EAN : 979104223553