[REPORT] L’oeuvre d’Odezenne magnifiée en concert

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Odezenne est passé au Transbordeur à Lyon, le 22 novembre. Le concert fut une ellipse hors de l’espace-temps, rempli d’énergie, de bestialité, de poésie et de générosité. Un moment rare comme on aimerait en vivre plus. 

Un tourbillon d’énergie et de beauté simple

Entre les lambeaux d’ombres qui couvrent la scène, des silhouettes se glissent. Les lumières s’éveillent sur Jaco, Alix, Mattia et son frère Stefano (à la batterie), les lumières s’élèvent au son de Nucléaire. Rythmée par la batterie calibrée comme une déesse, la première chanson de l’album Au Baccara est auréolée des voix de Alix et Jaco, aux timbres stables, graves et apaisants. 

Le concert vient tout juste de commencer, et on sait déjà qu’on va passer un excellent moment. 
Mattia jongle avec les instruments : le clavier, la guitare, la batterie… Jaco gesticule dans tous les sens, il brûle une énergie monstrueuse à lui seul, absorbe les regards à mesure qu’il crache les décibels. Avec sa crinière sombre, il ressemble à un lion. Alix serait alors un loup, un peu plus sage.

Le groupe fait toutes les chansons d’Au Baccara, et intègre des morceaux des albums Rien et Dolziger Str. 2 au set. On savoure les bons classiques. “C’est une chanson d’amour“, prévient Jaco dans le micro, avant qu’Alix n’entame le premier couplet de Je veux te baiser.

Tout l’album Au Baccara est déjà devenu un classique, pour ce public qui connait les paroles par cœur. BNP est presque terrifiante tant elle est scandée avec véhémence et puissance. Alors que le morceau coup de cœur d’Au Baccara est Nucléaire, c’est En L qui a gagné nos faveurs ce soir là à Lyon. On a scandé : “J’ai volé comme un nuage, comme un missile dans le ciel“, si fort, comme si on avait réellement le pouvoir de les arrêter ces missiles là. 

Par moment, entre deux élans de vitalité excessive insufflée par la scène, on avait juste envie de s’asseoir par terre, seul-e face aux artistes, et de se laisser envelopper en douceur par le son. 

Odezenne signe un final magistral 

Pendant Bébé, l’atmosphère devient électrique. On se croirait dans un club : les basses, les spots, la joie démesurée. 

Et puis, alors qu’on s’apprête à se quitter, la musique ne s’arrête pas. “Lyon, vous êtes prêts à retourner la salle ?“. Les basses ne s’arrêtent plus de frapper, et plus que des chansons, on partage un moment. C’est toujours le cas, mais tous les artistes ne le font pas sentir comme Odezenne le fait. 

Jaco devient un éclair sur la scène, comme habité par la foudre. Odezenne, plus que des notes, donne de l’amour. Le quatuor fait deux retours, et une ultime apparition pour saluer, un peu comme au théâtre.

On a savouré une Bûche rodée à la perfection. “Désolé aux CRS présents ce soir” s’excuse Jaco à la fin du morceau. 

Avant chaque rappel, le public jusqu’au sommet des gradins, frappe des mains, des pieds et des cœurs si fort, que ça relève d’un miracle que le Rhône ne se soit pas soulevé dans une tempête mémorable. A la toute fin, parce que son temps de chant est écoulé, Jaco saute sur place, ses pas raisonnent sur le sol de la scène : il est le tonnerre. “Je vous promets, on aimerait rester…” C’est marrant ça, on a envie exactement de la même chose. 

Au Baccara n’a jamais été si vivant. 

Après le concert, Mattia, Alix et Jaco apparaissent au stand de ventes de CDs et vinyles. Ils ne dédicacent pas machinalement les pochettes et journaux ; ils prennent le temps de parler, de regarder, d’étreindre parfois. 
Les bonhommes d’Odezenne sont drôles, charismatiques, et puis de sacrés compositeurs et interprètes. N’hésitez pas : allez les voir, ça devrait être remboursé par la sécu. 

Au Baccara : un album à l’apogée de la douceur

Odezenne nous a habitués à être surpris. Passer de La Bûche à Souffle Le Vent, c’est ça l’effet Odezenne. Alterner “du grand n’importe quoi” avec de la poésie folle. C’est un mélange vibrant d’amour pur et d’obscénités assumées. 
Au Baccara sorti le 12 octobre, n’échappe pas à leur norme atypique.

Le morceau Bébé par exemple, jouit d’un clip presque aussi épileptique que ses paroles. Pourtant, ce qu’on retient de cette album d’Odezenne, c’est un immense morceau de douceur. Pas de la douceur niaise, de la douceur à la Odezenne, c’est à dire des morceaux planants, envoûtants, lancinants, qui occupent tous les espaces, dans la pièce, et puis à l’intérieur du corps aussi. 

Notre coup de cœur : NUCLÉAIRE

Instru un peu anxiogène, caméra qui parcourt le ciel rose. Le son s’adoucit. Et la voix s’élève, de paire avec les percussions. Stable, assurée, et pourtant vulnérable. Elle englobe un peu plus que le cœur. Les nuages deviennent bleus sombres. Nucléaire, c’est une histoire d’amour. De celle qui se place sous le regard arbitraire des dieux mais dont les protagonistes se fichent pas mal de tout…

Ecoutez également le morceau Tony

Et retrouvez l’article sur le clip de Pastel, sorti le 15 novembre ici.

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