John Tanner, la vie d’un américain devenu indien

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Dans des États-Unis nouvellement créées, un enfant du nom de John Tanner se retrouve seul dans un bois face à des Indiens. A sa grande surprise, il n’est pas scalpé mais adopté. Comment va-t-il survivre dans cette nouvelle famille alors qu’il est partagé entre deux cultures en guerre ?

Une histoire incroyable mais vraie

Se déroulant au XIXe siècle, Tanner raconte sa vie extraordinaire d’un homme de deux cultures qui, vivant aujourd’hui parmi les blancs reste méprisé par le reste de la société pour ses mœurs « choquantes ». Le scénariste Christian Perrissin et le dessinateur Boro Pavlovic, déjà auteurs de El Nino, se sont inspirés de la biographie d’un médecin qui admirait cet « indien blanc » de la région des Grands Lacs. Le rythme relativement posé permet de pénétrer dans l’histoire par le texte plus que par les dialogues peu nombreux. Cela suit d’ailleurs la logique du récit car, pendant les premiers mois, l’enfant ne parle pas la langue indienne.

Une équipe créative sauvage

Un voyage dans le temps

On peut signaler la très belle édition de Glénat. Non seulement de par le grand format qui permet d’admirer les dessins mais aussi de par les bonus avant et après la bd. Ces textes agrémentés de croquis éclairent sur la vie du personnage et le contexte historique. Fils d’une famille nombreuse dont le père pasteur, John Tanner a connu un début de vie assez norme. Sa mère morte quand il est bébé, son père s’est très vite remarié avec une très jeune fille. Cela peut surprendre le lecteur mais c’est assez classique à l’époque surtout pour les colons. Le scénario ne s’attarde pas sur cette première famille car tout commence par l’enlèvement du jeune John par deux indiens Ojibwé. Il a été volé à sa famille et désiré par la mère d’un chef de tribu pour remplacer un fils perdu. Dans les premiers jours suivant son arrivé, une cérémonie transfère l’esprit de ce fils décédé vers le corps de John. Cet acte symbolique d’intégration n’empêchera par son père et ses frères de le détester si bien que, quelques années après, il est vendu à une autre tribu mais sa vie ne sera pas plus facile.

Un voyage réécrivant l’histoire

Un enfant enlevé aux siens

Ce volume opère une revalorisation des indiens longtemps méprisés dans les westerns. Alors que les blancs réussissent à cultiver grâce à leurs esclaves, les tribus indiennes ont une langue et une culture propre et différente selon la tribu. John a d’ailleurs bien du mal à comprendre ces nouveaux codes moraux. Il pense être affamé par ses ravisseurs pendant son kidnapping. En fait, il est purifié car il vit encore pour eux entre le monde des blancs et celui des indiens. Par le récit de Tanner, le lecteur découvre avec grande surprise l’éducation d’un enfant indien. Mal accepté par les mâles du groupe, il est assigné pendant plusieurs mois à des fonctions réservées aux femmes. Il est souvent puni car, pleurant le manque de ses parents, il transgresse la règle qu’un homme ne doit pas montrer sa peine. Le scénariste n’idéalise pas pour autant ce groupe. Il montre la vie misérable des tribus bouleversées par la colonisation ainsi que les ravages de l’alcool sur les hommes et les femmes

Même si l’ensemble peut paraître parfois trop classique, la vie de John Tanner est tellement extraordinaire que la lecture de ce premier volume est un voyage agréable très éloigné des poncifs des westerns. Le lecteur sort moins idiot et naïf sur la vie des Indiens.