Critique de “The Last Dance”, épisodes IX et X (Netflix) : les Bulls en apothéose

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Netflix a sorti les deux derniers épisodes de The Last Dance  qui raconte la suite et la fin de la saga des Bulls de Michael Jordan, avec la finale NBA entre les Chicago Bulls et les Jazz de l’Utah du duo Malone/Stockton en 1998. Ces 110 minutes reviennent sur des moments-clés des playoffs de cette année-là : le Flu Game, la rivalité avec les Paces d’Indiana, la fugue de Dennis Rodman, la blessure de Scottie Pippen lors du dernier match de la saison, et bien sûr, The Last Shot.

Episode IX : la bande de Bird et Steve Kerr font danser les Jazz

L’une des caractéristiques singulières de cette génération des Bulls de Chicago tient au fait qu’elle ait affronté (et défait) deux générations différentes de stars de la NBA.

A ces débuts, Michael Jordan croisait le fer avec Magic Johnson, Isiah Thomas ou encore Larry Bird avant d’enchaîner sur la génération Reggie Miller, Shawn Kemp et Alonzo Mourning qui n’ont pas eu plus de réussite que leurs prédécesseurs dans leur quête pour détrôner les Bulls.

Pendant la saison 98, les Bulls affrontent les Pacers de l’Indiana du susmentionné Reggie Miller sur le terrain et Larry Bird sur le banc en tant qu’entraîneur principal de l’équipe.

Les Pacers passent à la trappe

Sur le papier, les Pacers ont une meilleure équipe. Des joueurs jeunes, talentueux, complémentaires et qui n’avaient qu’une seule envie, battre les Bulls et Michael Jordan tout particulièrement.

Donc, en théorie, tout va bien. Sauf que la réalité du terrain est tout autre. Au terme d’un combat épique où la bande de Bird a eu quelques occasions d’enterrer Chicago, les Bulls arrivent à s’en sortir. Et cela grâce à Michael Jordan, qui sort une série d’un autre monde et qualifie ses Bulls vers une 6ème finale NBA en 8 ans.

Lors de cette finale, les Bulls retrouvent les Jazz de l’Utah pour la seconde année consécutive. Une équipe menée par John Stockton, meilleur passeur de tous les temps, et Karl Malone, 2ème marqueur de l’histoire de la NBA. Il est également tout fraîchement couronné du titre de meilleur joueur de l’année.

Ainsi, nous avons un remake de la finale de 1997. Mais avec une équipe du Jazz renforcée et plus expérimentée. Il y a aussi un avantage du terrain en cas de match décisif et une motivation décuplée face aux Bulls fatigués par leur saison et au bord de l’épuisement.

Steve Kerr, l’ovni du basket

Cet épisode est une très belle mise en bouche pour comprendre les tenants et aboutissants de la dernière finale de Jordan. Mais il nous fait également découvrir un joueur de l’ombre, devenu coach de renom par la suite, Steve Kerr. Doublure au poste de meneur, rien ne laissait présager que ce petit gringalet allait gagner la confiance de Michael Jordan et poser son empreinte sur les deux derniers titres gagnés par les Bulls. Nous découvrons son histoire qui rejoint tragiquement celle de Michael Jordan.

Michael Jordan des Bulls et Reggie Miller des Pacers face à face en playoffs

Episode X : The Flu Game and The Last Shot

Nous y voilà. Le dernier épisode de The Last Dance est entièrement consacré aux finales de 1998. Au-delà des matchs, elles ont été le théâtre de beaucoup de rebondissements. Jusqu’à sa conclusion en point d’exclamation.

Tout d’abord, il y a la blessure de Scottie Pippen. Touché au dos, il n’est pas à 100% de ses capacités et son état de santé ne fait qu’empirer. Cette situation oblige les Bulls à faire jouer Michael Jordan beaucoup plus longtemps que ce qui est prévu pour pallier à cette absence. La star est sur les rotules et a du mal à tenir le rythme effréné des matchs sans son lieutenant attitré depuis 8 ans.

Ensuite, il y a le cas Rodman. Après un match de finale, Dennis Rodman part faire une apparition dans une émission de catch très connue aux Etats-Unis où il va faire le zouave avant de faire la fête toute la nuit. Cette soirée lui fait rater un match d’entraînement le lendemain matin et les médias s’emparent de l’affaire pour en faire le scandale des finales.

Phil Jackson doit composer avec une équipe fatiguée, un joueur majeur blessé et un autre qui ne peut s’empêcher de faire n’importe quoi entre les matchs, mais qui répond présent sur le terrain.

The Flu Game

La finale est équilibrée : les équipes sont à égalité à 2 partout (le premier arrivé à 4 victoires remporte la mise). Et au match 5 de ces finales, un événement, considéré comme le plus grand exploit du sport professionnel, s’est passé.

La veille du match 5, qui se passe à Salt Lake City, Michael Jordan commande une pizza. Sauf que quelques instants après l’ingestion de la-dite pizza, il se retrouve avec un empoisonnement alimentaire. Fièvres, vomissements, crampes, fatigue… Personne ne s’attendait à le voir fouler le parquet du Delta Center le lendemain pour disputer la finale. Mais Michael Jordan a répondu présent de la plus belle des manières et regarder les images de ce match est un plaisir indescriptible. Il donna un avantage décisif aux Bulls qui ont pu fermer la série dès le match suivant en terre mormone. Le Flu Game est né.

The Last Minute, The Last Shot

Les Bulls finissent par imposer leur loi et par gagner le 6ème match de la série. Et cela malgré la blessure au dos de Scottie Pippen qui l’empêche de jouer une bonne partie du match et à 40 secondes d’anthologie. Les Bulls sont menés de 3 points, il reste moins d’une minute à jouer. Michael Jordan marque 2 points et vole un ballon précieux pour aller mettre le panier de la victoire à 5 secondes de la fin du match. 6 titres remportés sur 6 finales jouées et 6 titres de meilleur joueur des finales. C’est peut être la statistique clé qui permet de mettre Michael Jordan tout au sommet de son sport, tout là-haut.

Jordan champion 1998 avec les Bulls face aux Jazz fête son titre au piano

Epilogue

Ce documentaire nous a révélé l’envers du décor de la dynastie Jordan. Celle des travers d’une équipe menée par un homme qui refusait de perdre et qui a tyrannisé ses équipiers pendant une décennie. Au-delà de l’image publique, de l’aspect business et des coups de théâtre à répétition, le message principal reste celui de la valeur du travail. La volonté et le talent pur ne suffisent pas. Quand nous avons un rêve, il faut tout faire pour le réaliser. Ceci implique de travailler avec acharnement et concentration, faire des concessions et ne pas forcément se faire beaucoup d’amis sur le chemin.

Cette icône du sport ne s’en cache pas. Oui, il a été dur et souvent odieux avec ses partenaires. Oui, il se faisait un malin plaisir de torturer ses adversaires sur le terrain. Mais, il n’a jamais perdu de vue son objectif unique, celui de gagner et d’être le meilleur. Ce genre de motivation et de dévouement est rare. C’est le propre des légendes du sport ou d’autres domaines qui ont su transcender leur sort et à s’élever au-delà de ce que le commun des mortels pensait possible.

Les Bulls ne partaient pas souvent favoris. Soit par manque d’expérience au tout début de la dynastie, soit par la fatigue qui s’emparait du noyau de l’équipe en 1997 et en 1998. Ils affrontaient des franchises qui étaient concrètement meilleures en matière de fraicheur, de collectif et de stars sur le terrain. Mais le talent ne vaut pas grand chose s’il n’est pas aussi grand que l’envie et que le travail qui sont mis à son service pour le faire étinceler. Et personne ne le faisait mieux que Michael Jordan. Cette dernière danse est, décidément, la plus belle qu’on ait vue dans l’histoire du basket-ball.

Michael Jordan à Chicago en 1988. Il a porté les Bulls pendant une décennie