Critique de My Hero Academia : heroes rising. Du spectacle pour les fans.

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Grand succès éditorial, le manga My Hero Academia édité par la shueisha au Japon et Ki-Oon en France a réussi sa transposition en anime. En effet, malgré les contraintes de l’exercice, le film de 2018  se révélait être un spectacle de grande qualité, enrichi de références savamment distillées et accessibles. Les équipes de Bones sont à nouveau engagées afin de réaliser un nouveau long métrage en 2019.

My Hero Academia : Heroes rising. L’apprentissage des héros

Dans le monde de My Hero Academia, 80 % des humains possèdent des alters qui leur confèrent des super pouvoirs. Un nouveau type de criminel se répand alors, les super vilains dotés de capacités hors normes. Pour les contrer, des super-héros arpentent les rues. Et des écoles se sont ouvertes afin de former les jeunes au métier de protecteurs. Izuku fait partie des 20 % d’humains sans capacités. Jusqu’au jour où All Might, son idole, reconnu comme le plus puissant des héros, le choisit pour être son successeur. Il lui transmet le One for All,  son alter. Izuku intègre ainsi la prestigieuse école de super-héros, Yuei, et se consacre tout entier à son rêve : être digne de son modèle.

Les jeunes élèves ont progressé et la classe d’Izuku est envoyée sur l’île de Nabu. L’endroit est dépourvu de héros. Le lieu semble idéal pour parfaire leur formation. C’était sans compter sur Nine, un super-vilain aux pouvoirs étrangement familiers à Izuku qui débarque sur l’île avec 3 de ses acolytes. Pour les élèves de Yuei, la mission s’avère périlleuse. Il leur faut protéger les citoyens, entraver le plan de Nine et faire leur preuve comme relève des héros adultes.

 Une intrigue déséquilibrée

L’histoire de ce second opus propose un premier acte intéressant. Il est porté par deux ressorts scénaristiques prometteurs. Le premier tourne autour de la menace de Nine, absorbeur d’alters, soutenu par Shigaraki et sa ligue de super vilains. Que ce soit en termes de design, de mystères, la menace est très bien amenée. Le second s’appuie sur le test grandeur nature proposé aux élèves. Loin des habituels défis ou épreuves, l’installation sur cette île paradisiaque offre des moments légers et drôles. De jeunes et puissants héros transformés en maître-nageur ou sauveteurs pour chat. Le décalage fonctionne très bien notamment grâce à Bakugo, l’ami/adversaire de Deku, colérique à souhait et étranger à la diplomatie.

 

Mais ces promesses sont malheureusement déçues dans le second acte. En effet, si la menace est redoutable, le film peine à nous rendre crédible ses motivations. Il faut attendre la fin du film pour comprendre le but de Nine, l’intérêt de Shigaraki. C’est dommage, car en termes visuels, le personnage est fort. De même, cette seconde partie se concentre uniquement sur l’action. Elle est, comme nous l’évoquerons, spectaculaire et débridée mais il manque de la profondeur voire du drame. Le film met ainsi en scène des vilains extrêmement violents et puissants. Pourtant, au-delà des dégâts matériels, tout le monde s’en sort très bien, notamment les civils. Le studio n’ose pas montrer l’impact des combats sur les humains alors que des quartiers entiers sont ravagés.

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My Hero Academia : heroes rising. Un film pour les fans

Ce long métrage se présente comme une histoire originale écrite exprès pour le grand écran. Il suit nuit néanmoins la trame narrative de la série animée et se situe après la quatrième saison. Ceci en fait, au contraire du premier volet, un film accessible uniquement pour les fans. En effet, dans le 1er volet, les scénaristes avaient habilement présenté l’univers et les personnages en centrant l’intrigue sur All Might, le plus grand héros de l’univers. Il servait de guide au public néophyte. Le scénario avait en plus l’intelligence de marier habilement le fan service et une thématique générale adaptée aux non connaisseurs. Ce n’est plus le cas ici. Si vous ne suivez pas le manga ou la série, vous serez perdu(e)s.

Cette réserve émise, il faut reconnaître que le film va énormément plaire à celles et ceux qui suivent la licence. En effet, il nous plonge dans l’intrigue très complexe de l’univers des super vilains. All for One est sur la touche mais ses héritiers sont toujours actifs. All Might est lui aussi en retrait mais Endeavor et Hawks ont pris le relais. En outre, le long métrage approfondit les intrigues du manga : les expériences sur les alters, la difficile relève, le côté mystique du One for All. Il place des bases pour les saisons futures de la série. Enfin, le film poursuit l’évolution de la relation Bakugo/Deku. Leurs caractères totalement opposés, l’un calme, l’autre explosif, constituent un ressort comique. Néanmoins, leur opposition reste une façade et leur complémentarité devient de plus en plus évidente. Ceci ouvre d’alléchantes perspectives pour le futur de l’histoire.

My Hero Academia : heroes rising : l’étoffe des héros

Le film à la différence du premier est centré quasi exclusivement sur les élèves de Yuei. Leur apprentissage prend un virage soudain dans leur confrontation finale. Les scénaristes respectent l’esprit du manga en divisant les élèves en deux groupes. Ceux qui brillent par le travail d’équipe car leur pouvoir devienne redoutable en se combinant avec celui des autres. Ceux qui sont assez puissants pour affronter seuls les super-vilains : Deku, Bakugo, Shoto. Les héros vétérans sont relégués au second plan.

Ce qui est dommage c’est que le traitement des personnages demeure déséquilibré. Deku et Bakugo sortent grandis du film. Le dernier acte est centré quasiment sur eux, ce qui se justifie par le titre du film. On peut même supposer que ce long métrage anticipe la nouvelle phase de leur relation et sert d’introduction à un nouvel arc narratif. En revanche, leurs camarades servent un peu de faire-valoir. Notamment les héroïnes qui sont sous-exploitées. C’est dommage car le premier opus avait l’immense qualité de s’appuyer sur ces personnages féminins et d’en faire des éléments essentiels à l’intrigue. Le film fonctionne dès lors comme un shonen classique pour le meilleur (des héros éclatants) et pour le moins bons (des personnages féminins survolés).

 Un concentré d’action sur-vitaminé

Il reste deux derniers points sur lesquels le film est irréprochable : sa direction technique et son rythme. Le studio Bones livre à nouveau une participation de haut niveau. Le film est beau, très bien animé, riche en détails. L’action exploite une variété de décor : villes, port, nature. Les passages sur l’île de Nabu soulignent combien les équipes créatives excellent à magnifier les paysages. Ce que l’on apprécie également ce sont les emprunts au cinéma classique. Un exemple, la séquence de poursuite en voiture qui inaugure le film et qui s’inspire clairement de la série fast and furious.

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De plus, la simplicité de l’intrigue est en partie compensée par l’action. Le film est à nouveau très généreux et dépasse le 1er volet (qui était déjà très dynamique). Le studio Bones s’en donne à cœur joie pour nous dépeindre des affrontements épiques. Face à un homme-loup, un homme-momie, une femme Ninja, les élèves de Yuei doivent déployer toute la diversité de leurs pouvoirs. Et contre Nine, nos héros deviennent de véritables super saiyan. La référence à dragon Ball traverse d’ailleurs tout le second acte et se retrouve jusque dans l’apparence finale de héros. Elle offre alors deux niveaux de lecture. Représentation de la puissance dévastatrice de nos personnages, clin d’œil à l’éditeur Shueisha qui publia en son temps le manga Dragon Ball.

En conclusion, My Hero Academia : heroes rising ravira évidemment les fans de la série. Le studio Bones réalise à nouveau un travail sérieux en tirant le meilleur d’un des meilleurs shonen actuels. Il est dommage néanmoins que ce long métrage ne s’adresse qu’aux connaisseurs et manque parfois de profondeur.