Métal Hurlant version old school

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metal hurlant
couverture metal hurlant tome 6

Après les jeunes pousses, les Humanoïdes Associés, s’intéressent aux grands arbres de Métal hurlant dans ce numéro six revenant aux origines de la revue.

Retour vers le futur

Douillet dans Métal Hurlant

Depuis son retour, Métal Hurlant marche sur deux pieds : l’un tourné vers le présent mettant en avant la science-fiction d’aujourd’hui et l’autre vers le passé en republiant ses glorieuses années. Dans ce sixième numéro consacré aux anciens récits, le lecteur se doit d’être impressionné par le sommaire : Druillet, Margerin, Dionnet, Caza, Moebius, Schuiten… Le fan retrouve l’univers des artistes : Tardi garde une vision sombre de la société. Dans le numéro de Métal Hurlant, on découvre également des auteurs ayant laissé moins de traces : Alias écrit un combat spatial grandiose et l’illustre magnifiquement.

Cependant, les anciens abonnés de Métal Hurlant peuvent également se précipiter sur ce numéro. Le magazine est devenu une épaisse revue de plus de 270 pages. Elle n’est pas un fac-similé mais cette compilation est l’occasion de remettre en avant des récits. De plus, l’éditeur offre de nombreuses pages inédites. Chaque nouvelle en bd s’ouvre sur une présentation de l’auteur ou l’autrice par Claude Ecken ou Christophe Quillien. Par d’autres textes, on rentre dans les coulisses de Métal Hurlant. Un article montre la création puis la concurrence avec la version anglaise. La rédaction actuelle a ajouté une interview inédite de Serge Clerc avec des pages inédites de son journal.

Ce futur antérieur parle-t-il encore au présent ?

Clerc dans Métal Hurlant

Dans les numéros du présent, le choix est fait d’une unité thématique. Au contraire, en découvrant ces courts récits passés de Métal Hurlant, le lecteur est impressionné par les folles aventures de l’époque. Caro raconte l’histoire d’un morpion. A l’’inverse, des récits plus classiques campent très bien une ambiance : Serge Clerc nous emporte dans un bar d’habitués passant la journée à boire puis nous promène dans une station balnéaire bretonne à l’automne. Tardi est loin des vaisseaux spatiaux mais part dans les temps barbares pour proposer un descriptif fellinien de l’inégalité sociale.

Ces courts récits sont des espaces d’expérimentation avec des formes très différentes : Moebius s’essaie à la couleur directe. Rodolphe et Eberoni propose un texte illustré très novateur. On croise des thèmes très actuels comme le transhumanisme. Le lecteur est aussi saisi par les pages intemporelles de Serge Clerc unifiant Tintin et le punk rock. Malgré ces grands noms, Dionnet veut les faire collaborer comme dans Paradis 9 réalisé par quatorze auteurs. Des artistes proposent aussi parfois des fusions comme Scalpel Rock réalisée07 à quatre où on peut retrouver Lucien, les Closh et Kebra.

L’unité vient aussi de l’époque. Les combats spatiaux font penser à la Seconde Guerre mondiale tandis que de nombreuses nouvelles rappellent le polar hard-boiled à la Chandler. Dans une démarche très punk, les histoires ont souvent beaucoup d’humour : les héros masculins sont parfois ridicules. Certains récits sont marqués par les rides. Le langage de banlieue du blouson noir Kebra sent bon les années 80. On trouve peu d’autrices en dehors de Nicole Claveloux et de Chantal Montellier. Cette inégalité n’est pas juste une question de nombre mais on trouve dans les dessins et les récits une vision datée des femmes.

Édité par Les Humanoïdes Associés, le numéro cinq de Métal Hurlant est un glorieux voyage dans le passé de la bd, dans l’intérieur d’une revue mais également un rappel d’histoires encore très actuelles.

Retrouvez sur le site des chroniques des auteurs présents dans ce numéro avec Sorcières, mes soeurs et Arkhé et Laïlah.