Après son exceptionnel The Father, première pierre de sa trilogie théâtrale composée de La Mère, Le Père et Le Fils, le cinéaste français Florian Zeller adapte une autre de ses pièces de théâtre avec The Son. Un deuxième long-métrage très attendu qui réunit un casting quatre étoiles avec notamment Hugh Jackman, Laura Dern, Vanessa Kirby et le retour du grand Anthony Hopkins. Après s’être concentré sur la déchéance du père, le réalisateur met cette fois-ci en scène la dépression du fils adolescent.
The Son : un peu moins convaincant que The Father
La force de The Father, c’était évidemment la puissance émotionnelle de son récit, mais également sa mise en scène ultra intelligente qui servait le propos du cinéaste. La matérialisation de l’esprit effrité et fatigué du Père, était fabuleusement imaginée par une mise en scène aux raccords volontairement incohérents. Une approche décousue qui plongeait le public dans l’état psychologique et émotionnel du protagoniste, brillamment incarné par Sir Anthony Hopkins. Par ce montage malin et créatif, l’espace fixe de l’appartement se transformait en décors en mouvement, où les éléments rassurants devenaient des trous noirs inquiétants.
Avec The Son, Florian Zeller ne peut pas recréer ce génie créatif, qui permettait à The Father d’être une œuvre à proprement exceptionnelle. Face à une mise en scène plus classique, plus rectiligne, The Son marque moins les esprits que The Father. Les thématiques abordées sonnent alors involontairement plus classiques, plus éculées, plus réchauffées, parce que Florian Zeller n’a pas la créativité nécessaire pour emmener des schémas narratifs déjà vus, déjà poncés, comme dans Virgin Suicides, Donnie Darko ou le plus classique My Beautiful Boy, vers d’autres horizons.
La dépression sans filtre
Il n’empêche que malgré cet effet de style moins marquant, The Son est une claque émotionnelle qui n’a pas à rougir. Florian Zeller met en scène la dépression d’un adolescent, qui cherche un sens à sa vie, à sa maladie, et à son propre effondrement. Le cinéaste dépeint alors cet enfermement psychologique par les décors : les appartements du père et de la mère, prisons dorées, quatre murs dans lesquels le jeune homme se sent en sécurité, mais ne parvient pas pour autant à se développer et à sortir de sa condition de dépressif. Dans le but de créer un choc psychologique lui permettant éventuellement de remonter la pente, le fils choisi de quitter l’appartement de la mère pour celui du père.
L’effet pourrait alors sembler scolaire, mais The Son s’articule autour de la relation entre le père et le fils. Si ce dernier a une place importante dans le récit, en tentant de se faire comprendre comme il peut, dans un océan d’incompréhension face à la difficile maladie mentale qu’est la dépression, le père, incarné par Hugh Jackman, magistral, joue-lui aussi un rôle primordial.
Comme deux facettes d’une même pièce, les deux camps essayent de communiquer, de se comprendre, sans pour autant y parvenir. Une relation mise en exergue quand Hugh Jackman rencontre son propre père, le temps d’une apparition fugace mais absolument glaçante du grand Anthony Hopkins.
L’histoire se répète inexorablement, et les traumatismes se transmettent de génération en génération. La culpabilité du fils qui a peur d’être différent, de décevoir ses parents, s’oppose à la culpabilité du père, qui est inquiet de refaire les mêmes erreurs que son propre paternel et d’échouer dans l’éducation d’un fils, qui peine à affronter les tourments sinueux de l’adolescence. Et si on regrette quelques zèles artistiques, à l’image de l’épilogue du film, un peu grossier, The Son est une œuvre imposante, qui ne laissera pas indifférent. De quoi se conforter dans l’idée que Florian Zeller est incontestablement un grand en devenir…
Après The Father, Florian Zeller change de prisme avec The Son. Il livre ici aussi une adaptation touchante de sa pièce, même si The Son n’atteint pas la puissance de sa précédente œuvre. Sans doute à cause des thématiques, plus difficiles à aborder encore.