Critique « Vikings » (saison 5) : une pâle relève pour les fils de Ragnar

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Ce 29 novembre est une date que les fans de Vikings avaient en tête depuis plusieurs semaines. En effet, les explorateurs scandinaves sont de retour sur Netflix et Amazon Prime Video, pour la sortie de la deuxième partie de la saison 5.  Mérite-t-elle au moins une séance de binge-watching ? Attention, spoilers ! 

Série canado-irlandaise (non pas américaine), Vikings s’est faite une place dans le monde télévisuel. Son influence se ressent d’ailleurs clairement sur d’autres séries sur ce thème comme The Last Kingdom, ou encore Barbares. Michael Hirst père de plusieurs séries historiques (dont les Tudors), a choisi de continuer de raconter l’histoire de la descendance de Ragnar. À l’évidence, la série a pris un tournant à la mort du roi nordique dans le quinzième épisode de sa quatrième saison. Par ailleurs, cette saison est la première sans Ragnar, un pari risqué… Mais relevé ?

Cette cinquième saison s’ouvre sur les funérailles de Sigurd, fils de Ragnar mort de la main de son frère, Ivar. De son côté, Floki souffre encore du décès de sa femme, Helga, et projette de partir pour de nouveaux horizons. Suite au départ de ce dernier, Björn fait part de son envie de retourner sur la Méditerranée, tandis que Lagertha règne sur Kattegat. Une chose est sûre, les Vikings ont la ferme intention de venger la mort de leur roi, en s’en prenant aux monarques anglais. En outre, les rapports sont tendus entre les fils de Ragnar…

Ivar (Alex Høgh Andersen)
Ivar (Alex Høgh Andersen)

Le pari d’une saison de Vikings sans son protagoniste

Visuellement, il n’y a rien à dire. Des paysages sublimes, des scènes de batailles aux chorégraphies impeccables, des couleurs froides à l’esprit scandinave… Vikings reste agréable à regarder. C’est également une série portée par ses acteurs toujours aussi brillants – mentions spéciales à Gustaf Skarsgård et Alex Høgh Andersen.

En revanche, les personnages emblématiques de la série comme Lagertha (Katheryn Winnick) et Björn (Alexander Ludwig) ne s’imposent pas vraiment. Seul Floki (Gustaf Skargård) sort du lot, ayant installé sa colonie en Islande où la sensation de huis clos se montre très forte. Ce sont quelques personnages principaux, comme Ivar, ou secondaires comme l’archevêque Heamund (Jonathan Rhys Meyer) qui tirent réellement leur épingle du jeu au cours de cette saison 5.

La fin de l’épisode 10, de mid-season, aurait pu suffire, à elle seule, à relancer la deuxième partie de la série, s’achevant sur une Lagertha prostrée et vieillissante, mais également sur le retour de Rollo (Clive Standen). Néanmoins, ce n’est pas le cas puisque même la redoutable guerrière, reste cantonnée à son amour impossible pour Heamund. De plus, le retour de Rollo n’a aucune réelle incidence sur les intrigues en cours – pas même la révélation de la paternité de Björn qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Ressemblant particulièrement à Ragnar sur bien des aspects, celui-ci ne met absolument rien en question, et n’évolue pas suite à cette annonce. En réalité, Björn stagne sur cette cinquième saison.

Floki (Gustaf Skarsgård)
Floki (Gustaf Skarsgård)

Des faiblesses scénaristiques

Malheureusement, Vikings manque très souvent de rythme, malgré ses scènes d’action incroyables, la faute aux trop nombreux épisodes par saison – 20 pour cette saison 5. On regrette parfois le temps des premières saisons qui n’en comportaient qu’une dizaine, mais qui ne traînaient pas autant en longueur. La diffusion de cette saison en deux parties accentue considérablement ce phénomène. De même, des intrigues innombrables se croisent sans cesse sans pour autant faire évoluer pleinement les personnages, pourtant captivants par le passé.

Paradoxalement, la colonie de Floki qui créait cette oppressante sensation de huis clos, reste inachevée. Pire, ces intrigues sur les terres islandaises tournent en boucle, et le bâtisseur de bateaux, autrefois au fort potentiel, perd lui aussi de son éclat malgré le jeu de son acteur. Et que dire de sa mort, largement en dessous de tout ce qu’on aurait pu souhaiter à l’un des personnages les plus complexes de la série. Expédiée est le terme qu’on pourrait employer.

L’âme elle-même des Vikings a disparu : plus vraiment de coutumes, de sacrifices ou encore de mythologie nordique… Les intrigues en Angleterre, quant à elles, prennent trop de place, laissant les scandinaves en retrait, mais aussi noyées par les irruptions de personnages insipides comme Magnus – fils illégitime de Ragnar et de Kwenthrith. À l’évidence, l’esprit des premières saisons n’est plus là, parti en même temps que Ragnar au Valhalla.

Finalement, on sent que Vikings arrive au bout de ce qu’elle peut proposer lors de cette saison particulièrement inégale. En-dessous des précédentes, elle nous laisse plutôt sceptiques. Pourtant, il reste une sixième et dernière saison pour clôturer cette série en beauté, et, qui sait, lui rendre les lettres de noblesse de ses débuts.

Bande-annonce de la saison 5 de Vikings

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