Critique « Cursed » (Netflix) : une relecture qui dépoussière la légende arthurienne

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Basée sur le roman graphique du même nom, Cursed, la nouvelle série de fantasy proposée par Netflix, promettait une réécriture de la légende du Roi Arthur au féminin. Avec pour personnage principal une jeune Dame du Lac, cette promesse est-elle réellement tenue ? Que vaut cette relecture ? Attention, spoilers !

Merlin (Gustaf Skarsgård)
Merlin (Gustaf Skarsgård)

Cursed, une série pour adolescents ?

Tout d’abord, Cursed nous offre des décors époustouflants, qui pourraient rivaliser avec ceux de Vikings ou d’Outlander. De ce point de vue, la photographie et les choix de réalisation sont à la hauteur de nos espérances. Certaines scènes sont très esthétiques – comme celle de la noyade de Nimue.

Une des autres bonnes surprises de Cursed, c’est qu’on aurait pu croire qu’elle était une énième série pour adolescents. Elle semble pourtant s’adresser à un public bien plus large. En effet, elle est plutôt profonde, et comporte références et subtilités.

Cette première saison s’est avérée plutôt violente, et est même déconseillée aux moins de seize ans sur la plateforme de SVOD. Par ailleurs, on ressent particulièrement le poids des persécutions envers le peuple des Faë. Celles-ci nous plongent dans un sombre chaos, où tout peut basculer d’un instant à l’autre.

On craignait d’ailleurs que les sous-entendus de triangle amoureux entre Nimue, Arthur, et Gauvain, ne prennent la direction d’une série pour adolescents. On échappe de peu au triangle amoureux qui n’aurait rien apporté à l’intrigue.

La promesse d’une réécriture au féminin était ambitieuse, mais ne semble pas aller au bout des choses. Katherine Langford (13 Reasons Why), interprète du personnage principal, semble jouer sans conviction, mais aussi sans le charisme nécessaire à l’importance de Nimue pour les Faë. Il semblerait que son interprétation soit le principal bémol de la série, et que l’actrice soit malgré elle, rattachée à un univers très adolescent.

Les Paladins Rouges, en tant qu’antagonistes, occupent le devant de la scène, et créent un sentiment d’oppression. En revanche, le roi Uther Pendragon, interprété par Sebastian Armesto, reste globalement en retrait. Son personnage n’a alors pas la chance de se développer, lui qui commençait pourtant à prendre de l’importance.

D’autres personnages moins exploités comme le Moine Larmoyant (Daniel Sharman), ont en revanche un large potentiel à exploiter, et possèdent un charisme qui suscitent la curiosité. Des arcs comme celui-ci sont pourtant délaissés pour d’autres, parfois moins intéressants.

Le Moine Larmoyant (Daniel Sharman)
Le Moine Larmoyant (Daniel Sharman)

Une réécriture originale

Les thèmes abordés par Cursed sont plutôt actuels. La diversité des acteurs en fait également une réécriture moderne. Arthur (Devon Terrell), en est un exemple flagrant, sortant ce personnage légendaire de sa carapace caucasienne.

En termes de casting, Gustaf Skarsgård campe un Merlin convaincant, dont le personnage est lui aussi réécrit. Cependant, il n’est pas sans nous rappeler l’excentricité de son personnage de Floki dans la série Vikings, mais c’est un registre qui lui correspond.

Certaines des figures de la légende arthurienne ont parfois deux rôles, comme c’est le cas avec Ygraine/Morgane (Shalom Brune-Franklin). Pour d’autres, il faut deviner quel personnage en est la réécriture.

Le personnage d’Arthur est également réécrit. En outre, il n’a pas de lien de sang avec Uther Pendragon, ce qui pourrait éventuellement froisser les puristes. On ignore également si Arthur deviendra roi comme la légende le veut. Au vu des éléments dont nous disposons, nous pouvons supposer que la réécriture sera totale, et cela jusque dans le destin du jeune homme.

Par ailleurs, Excalibur porte le nom de Dent du Diable dans la série. Il n’y a pas de mention de son nom légendaire, qui pourrait peut-être apparaître plus tard. Comme un personnage à part entière, elle dispose d’une réelle histoire, et d’un pouvoir aussi puissant que celui de l’Anneau du Seigneur des Anneaux.

Finalement, cette première saison comporte quelques longueurs, mais a plutôt un bon rythme général. Les événements intriguent et s’accélèrent dans la deuxième moitié de la saison, la rendant alors palpitante. La réécriture se veut alors moderne et convaincante, malgré un jeu faible de son actrice principale. En tout cas, le décor est planté, l’action lancée, et les personnages ne demandent qu’à être développés, si une deuxième saison est commandée par Netflix. Cela n’est en tout cas pas exclu.