Une réalisation plutôt réussie
Si McCarthy soumettait la réalisation de son film The Last Girl à un examen, il aurait eu la mention « très bien ». Et c’est le moins que l’on puisse dire ! En effet, on accorde à Colm McCarthy la réussite au niveau dépaysement du spectateur. Cela est notamment dû au choix de la musique plongeant le spectateur dans un climat effroyable dès les premières secondes.
Ensuite, le cadre et le décor contribuent également à instaurer la peur. Le film se déroule en partie dans une base militaire où seuls raisonnent les cris des soldats sur les enfants-zombies enfermés. Pour le reste, on a le droit à des endroits déserts, tels qu’une ville fantôme où il n’y a plus âme qui vive et où les usines sont désaffectées. Il faut dire qu’il y a plus rassurant que de vivre dans un d’environnement à guetter la moindre attaque d’un zombie qui « crèverait la dalle » (pardon pour le mauvais jeu de mots).
Au regard de ces deux éléments présents dès le lancement du film, on est rassuré. On se dit que le film d’horreur va tenir ses promesses et qu’on va flipper dès le début. Que nenni ! En réalité, plus on avance dans le film et plus on se rend compte que le mot « horreur » devient trop présomptueux. Très vite, la supposée crainte laisse place à la véritable déception ! Et celle-ci est de taille puisqu’elle porte sur le cœur du film : les zombies !
« Horreur » ? Vous avez dit « horreur » ?
Les zombies, parlons en des zombies ! Pour nous décevoir, ils sont champions ! Quand on les regarde, c’est frustrant même révoltant ! Et cela d’autant plus que nous sommes devenus de fins connaisseurs en matière de zombies, tant le phénomène a été exploité au cinéma. Ce qui est flagrant, c’est la présence infime voire même absente de maquillage. Ce dernier est un élément essentiel pour un film, un film d’horreur qui plus est.
A la limite pour les personnages principaux, cela participe au fait de rendre leur rôle plus naturel et permet de véhiculer toutes les émotions qu’ils ressentent au spectateur. C’est une forme de mise à nu de l’acteur.
En revanche pour les zombies, ce choix est rédhibitoire ! Le manque de maquillage bien élaboré rend ces personnages-clés de l’histoire dépourvus d’intérêt d’autant que les effets spéciaux sont tout juste moyens… C’est vraiment dommage surtout que c’est ce qui est censé garantir l’aspect effrayant voire même gore du film ! On en est loin !
Ensuite, on peut évoquer la post production de The Last Girl et notamment le travail des techniciens avec la (trop ?) faible présence d’effets spéciaux. On ne les voit pratiquement pas. De plus, les rares effets que l’on parvient à identifier sont bien en dessous de ce que l’on aimerait voir surtout quand on parle de film d’horreur voire même gore ! Sur ce point là, le film de McCarthy nous fait beaucoup plus penser à un film de série B destiné à sortir directement en DVD à l’image du film Battle of the Damned avec Dolph Lundgren (Rocky IV – la trilogie Expendables). On en vient carrément à penser qu’on a carrément surestimé le film en le portant sur grand écran. Certains nous diront le film n’a pas bénéficié d’un gros budget. Nous aurions alors envie de leur répondre qu’un effort maquillage, même à moindre coût, n’aurait pas été de refus.
Fort heureusement, le casting constitue la « bouée de sauvetage » de ce problème. Pour le coup, celui-ci est 4 étoiles ! On retiendra surtout la performance de Sennia Nenua qui est LA révélation du film.
Sennia Nenua… Ou l’enfant prodige
S’il y a une performance à retenir du film de McCarthy, c’est bien celle de Sennia Nenua. Cette gamine âgée d’à peine 14 ans interprète son rôle avec brio. Pas si facile quand on donne la réplique à Paddy Considine, Gemma Arterton ou encore Glenn Close ! Avec son âme d’enfant, Sennia Nenua transmet parfaitement ses émotions au spectateur qui ne peut être que subjugué par elle. Tantôt attachante, tantôt bouleversante, elle incarne parfaitement l’enfant voulu par Victor Hugo à l’époque du romantisme (mouvement artistique du XIXe siècle), comme une figure suscitant émotion, pitié et humanité. En un mot, Sennia Nenua crève l’écran !
C’est assez drôle de la voir donner la réplique à Paddy Considine qui oscille entre figure paternelle et soldat autoritaire. Il est émouvant de la voir protéger Gemma Arterton et partager de véritables moments de tendresse avec cette dernière dans le rôle d’une professeure plutôt maman poule. Enfin, c’est assez impressionnant de la voir tenir tête à une Glenn Close magistrale dans son rôle de biologiste dénuée de sentiments. des rôles qui semblent d’ailleurs lui coller à la peau à l’image de sa performance dans la série Damages. Et ça, on aime !
Pour conclure, il faut évoquer le fait que le personnage de Mélanie nous rappelle étrangement quelqu’un…
Mélanie / X-23 : même combat ?
La comparaison avec Logan et le personnage de X-23 est presque évidente mais inévitable. En effet, on peut faire le rapprochement entre les deux actrices niveau casting. Mais, on peut aussi faire la comparaison au niveau de l’histoire du film.
Si on parle du script, l’idée paraît originale de prime abord. Plutôt sympa, l’idée de mettre des enfants au centre d’un film. Ça fait toujours son petit effet attendrissant. Ici, il s’agissait d’enfants zombies tout de même capables de penser. L’une d’eux, Mélanie, qui semble être la plus douée parvint à s’enfuir avec son professeur, deux soldats et une biologiste. Cette gamine détient les clés de l’avenir et c’est elle qui décidera du sort de l’Humanité toute entière (rien que ça… Au passage, cela nous rappelle également le chef-d’oeuvre vidéo-ludique The Last of Us).
Mais c’est justement le personnage de Mélanie qui coince. Du moins dans le scénario. En ayant mis cette petite fille bien en avant, on voit clairement planer sur ce script de The Last Girl, l’ombre d’un énorme blockbuster. Il s’agit de Logan de James Mangold. L’histoire de ce film est principalement axée sur le personnage de X-23, une petite fille qui a des supers pouvoirs et qui, avec ses supers copains, est censée garantir la survie des super-héros de la saga X-Men. Par la suite, on apprend qu’il s’agit en fait de la fille de Wolverine qu’elle protège corps et… griffes. Toutefois, les deux films étant sortis à seulement quelques mois d’intervalle, nous ne pouvons pas ici parler d’inspiration concernant Logan. Ne serait-on pas plutôt dans une nouvelle mouvance hollywoodienne, où les jeunes filles constituent le nouveau filon exploitable ? L’avenir nous le dira…
Émouvant, troublant, dérangeant et épatant, The Last Girl est aussi déroutant que captivant. Un long-métrage où les images nous transportent tout droit dans le monde des zombies renouvelant par la même le genre. Alors n’hésitez plus, courrez dans les salles prendre vos billets pour découvrir The Last Girl.
Bande-annonce : The Last Girl