Teddy : quand le cinéma français innove enfin !

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Ludovic et Zoran Boukherma, qui se sont déjà illustrés avec Willy 1er, sont de retour avec leur nouveau film : Teddy. Proposition unique dans le paysage du cinéma français, Teddy raconte le destin d’un jeune homme qui habite dans les Pyrénées, et qui se transforme peu à peu en loup-garou. Et oui, le cinéma de genre s’immisce dans les productions françaises.

Teddy : le film de genre reprend ses droits

Teddy est une œuvre passionnante, qui prouve que le cinéma français sait faire du cinéma de genre. Un cinéma de genre rafraichissant qui brise l’hégémonie indestructible du triangle français par excellence : comédie, drame et film d’auteur. Après des longs-métrages comme Grave, La Nuée, Le Dernier voyage, Dans la brume ou La Nuit a dévoré le monde, le cinéma français de genre continue sur sa lancée et prouve qu’il sait faire autre chose, et qu’il y a une ouverture sur une autre monde à exploiter.

Teddy : quand le cinéma français innove enfin !

Ainsi Teddy se place certainement comme le premier film de loup-garou français. Ludovic et Zoran Boukherma signent une œuvre unique dans le paysage français. Une proposition pop totalement décalée qui parvient à mélanger les genres avec énormément de facilité. Film social, comédie, ressorts horrifiques, drame doux/amère, Teddy est un cocktail varié et délicieux, dont tous les ingrédients se marient à la perfection. Ludovic et Zoran Boukherma reprennent les grands poncifs de la pop culture, et des loups-garous, pour les adapter à leur propre style, et au cinéma français. Ils dérivent ainsi la mythologie, les légendes, les connaissances des spectateurs, pour offrir une approche plus subtile, moins démonstrative, plus drôle aussi, plus française en gros. Les amateurs du genre seront totalement séduits par ce décalage intelligent d’un style si codifié, et aussi bien établit dans le monde de la pop culture.

Une double lecture passionnante

Ainsi, Teddy est un doux mélange entre comédie et horreur parfaitement dosé. Le long-métrage joue avec les clichés de l’horreur, les clichés des petits villages, des habitants, de la police, et se moque du flegme de la campagne. C’est extrêmement intelligent de placer une intrigue aussi universelle dans un décor intime, isolé, et calme. Le décalage est parfait, et Teddy est d’une efficacité à toute épreuve. Ludovic et Zoran Boukherma choisissent de mettre le loup-garou au second plan. Une créature qui est volontairement peu présente, et demeure une menace incertaine et indescriptible pendant la majorité du film. Via des effets spéciaux réussis, Ludovic et Zoran Boukherma proposent une conclusion explosive, presque à l’américaine, dans un déferlement de violence assez rare dans le cinéma français.

Teddy : quand le cinéma français innove enfin !

Enfin, contrairement aux blockbusters américains qui manquent parfois de vision, Ludovic et Zoran Boukherma proposent une double lecture intéressante. Le message est clair. Le loup-garou n’est qu’une chimère, et est la représentation du trouble d’un jeune homme instable, perdu, et mal dans sa peau. C’est alors une métaphore de la solitude, du manque d’accès à l’information et à la culture, de la pression professionnelle et sociale, de la consommation de drogue, etc… Comme un Dr Jekyll et Mr Hyde, le personnage de Teddy n’est qu’un produit du système. Un individu délaissé par le gouvernement, qui fini par péter un câble à travers une violence inouïe et maladive, qui évoque, peut-être, les tueries de masses aux USA.

En tout cas Ludovic et Zoran Boukherma ont apporté un véritable vent de fraicheur sur le cinéma français, et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, puisqu’ils préparent maintenant L’année du requin, avec, notamment, Kad Merad. Ça promet !