La saga Rocky à travers 9 critiques

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rocky
affiche du film rocky

Rocky – « T’es pas né avec beaucoup de cervelle. Alors sers-toi de ton corps »

Rocky est largement mésestimé car il est considéré comme un vulgaire film de boxe alors qu’il raconte tellement plus à propos de la condition sociale et l’accomplissement de soi. Cela n’empêche pas le film d’avoir un match de ce sport qui est fulgurant et empli de tension pour un final flamboyant. Une fin qui offre une morale réconfortante (peu importe de gagner) et une réplique mythique (« Adrian ! »).

Rocky II – La revanche – « Y aura pas de second match. J’ai pris assez dans la gueule aujourd’hui »

Le titre assez explicite représente le principal enjeu de ce Rocky II – la revanche. Ce film a davantage la bougeotte que son prédécesseur, approfondit la relation entre les deux tourtereaux qui ont désormais une vie de famille et continue d’explorer l’aspect dramatique. Le combat final est moins bien réalisé et a tendance à être légèrement outrancier et la construction du film est fort semblable au premier opus. Et la fin est bouffie de suspense quant à qui se relèvera, il y a un doute légitime vu que le héros a perdu son dernier combat contrecarrant ainsi le pronostic attendu de Rocky vainqueur.

Rocky III – L’Œil du tigre – « C’est pas une statue qu’il faut lui offrir, c’est une paire de couilles »

Pour son troisième volet, Rocky III – l’œil du tigre le boxeur a attrapé la grosse tête, il va devoir se ressaisir et, à nouveau, s’entraîner durement pour vaincre Clubber Lang (interprété avec truculence par Mister T). Aucun aspect n’est négligé, ni le côté dramatique avec la mort d’un proche de l’étalon italien, ni l’orientation humoristique avec le très cocasse combat contre le catcheur. Le rythme est privilégié par l’acteur/réalisateur Sylvester Stallone. Et ça se finit sur un plan émouvant des deux éternels combattants qui s’affrontent.

Rocky IV – « Ce sont des sportifs, pas des soldats »

Ce ne sont peut-être pas des militaires mais Rocky et Ivan Drago allégorisent allègrement la Guerre Froide du point de vue états-unien. D’un côté, le grand vilain Russe, de l’autre le gentil américain. Le film compte sur un chauvinisme excessif. L’afro-américain ayant échoué car pas assez ricain, c’est le héros au teint albâtre qui va s’atteler à démontrer la suprématie de son pays. Je sais que leur lutte est simulée mais les coups du combattant de l’Union soviétique sont quand même terrifiants. Rocky IV contient une scène au montage flamboyant tout en concomitance montrant l’entraînement avec des froides machines pour le Russe et une préparation des plus tape-à-l’œil pour l’américain. Loin de moi l’idée d’étaler ma nescience mais est-il fréquent qu’un des boxeurs décède pendant le match ?

Rocky V – « Mark Twain ? Le peintre »

Épisode ayant le moins fonctionné, Rocky V peut être considéré comme un rallongement superflu, il n’est pourtant pas désagréable à suivre. Retour aux sources, retour dans son quartier d’origine, retour à l’état de pauvreté à cause d’un comptable véreux, retour au sentimentalisme familial par l’intermédiaire de son fils en pleine crise d’adolescence (réelle progéniture de Sylvester Stallone) sont de mise dans cet opus. L’habituelle lutte finale sur le ring est, cette fois-ci, un fantastique combat de rue montrant le voyeurisme des journalistes.

Rocky Balboa – « Tu crois pas que t’es trop… vieux ? »

Je n’apprécie pas spécialement la boxe mais j’aime profondément la saga Rocky pour ce qu’il raconte sur le dépassement de soi, que rien n’est jamais fini même si les outrances sont bel et bien terminées. Ce qui n’a jamais été la qualité distinctive de la franchise, c’est-à-dire les dialogues sont, cette fois-ci, étincelants en abordant la vieillesse ou encore la disgrâce physique de son chien. La parfaite occasion d’une introspection pour Sylvester Stallone qui s’est flétri en même temps que son personnage. Néanmoins, l’adversaire du boxeur est pour le moins chétif comparé à la musculature imposante et chimique (?) de l’étalon italien.

Creed – L’héritage de Rocky Balboa – « Je suis pas une erreur »

Quel plaisir de voir Sylvester Stallone même vieillissant avec ses paupières de plus en plus tombantes et sa voix encore plus caverneuse. Michael B. Jordan réussit élégamment son passage de flambeau pugilistique. Des thématiques chères à Rocky premier du nom qui sont revisitées pour l’occasion. L’alchimie entre ces deux acteurs est splendide. Le combat final est filmé avec une fluidité intense. Néanmoins, le scénario comporte une romance un peu trop convenue au milieu de cette histoire de transmission.

Creed II – « Ici, les chiens errants, on les euthanasie »

Les deux gueules cassées qui s’étaient affrontées dans Rocky IV sont de retour en tant que coachs de leur protégé. Un film qui s’ancrerait davantage dans le manque d’un père tout en continuant à vouloir dire quelque chose sur la transmission. Néanmoins, un combat pugilistique habituel, le scénario ne connaît que de modestes ajustements comme l’adversaire ou l’événement, ça commence à se ressembler d’un à l’autre.

Creed III – « En ce moment, tu boxes. Je veux que tu commences à te battre »

Michael B. Jordan qui a été promu réalisateur un élan nouveau qui peine à sortir de l’immobilité dans laquelle la franchise s’enlise. En effet, des scènes d’entraînement et un combat final des plus habituels. C’est captivant comme une mélopée, c’est terriblement psalmodique. Néanmoins, les scènes familiales sont nicodèmes mais efficaces, Sylvester Stallone manque indéniablement à la saga et l’antagoniste, outre qu’il soit afro-américain donc plus de vilains Blancs, détourne Adonis de la fatuité, il vole sans ménagement la couverture à Creed mais et c’est là le hic, sa trop fulgurante ascension dans le milieu de la boxe est quelque peu hâtive.