Dans la peau de Blanche Houellebecq : un ovni impertinent

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Guillaume Nicloux est un réalisateur français qui officie depuis le début des années 1990. Au cours de sa carrière il a mis en scène des films comme La vie crevée (1992), La Poulpe (1998), Holiday (2010), Valley of Love (2015) ou encore Les Confins du monde (2017). Mais au milieu de ces longs-métrages, le cinéaste a développé une carrière alternative en proposant des films absurdes avec Michel Houellebecq dans son propre rôle. Ainsi, après L’Enlèvement de Michel Houellebecq en 2013 et Thalasso en 2019, le cinéaste est de retour avec un troisième volet de la saga Michel Houellebecq avec Dans la peau de Blanche Houellebecq. Une comédie décalée dans laquelle Blanche Gardin et Michel Houellebecq se rendent en Guadeloupe pour assister à un concours de sosie de Michel Houellebecq.

Dans la peau de Blanche Houellebecq : absurde et attachant

Comme dans ses deux précédents opus avec Michel Houellebecq, Guillaume Nicloux opte pour une approche esthétique presque documentaire. Le cinéaste décide volontairement de proposer des images un peu crasseuses, un peu amateur, caméra emportée et obsolète, qui propose une photographie inspirée des films de famille de ton papa quand il avait son vieux camescope. Une approche visuelle volontairement non-professionnel, qui s’inscrit dans la continuité des deux précédents films de Nicloux avec Michel Houellebecq.

Avec Dans la peau de Blanche Houellebecq, le metteur en scène signe une comédie absurde, décalée, irrévérencieuse, qui dresse le portrait péjoratif d’un écrivain à scandale sur le déclin. Guillaume Nicloux dresse le portrait d’une personnalité publique en décadence, associée à des idées d’extrême droite, physiquement repoussante, et à l’idéologie politique plus que limite. Le cinéaste met alors en scène une figure publique fatiguée, détestable, profondément répugnante, rebutante, écœurante et raciste. Il dresse le portait d’un protagoniste dont l’empathie à son égard passe uniquement par la pitié. Un personnage qui touche le fond, convoqué pour un concours de sosie, qui vomit littéralement son rosé, qui ne ressemble plus à rien, à l’image de ces sosies tout aussi détruits et peu présentables que lui. Michel Houellebecq en prend pour son grade et ça fait plaisir.

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Dans la peau de Blanche Houellebecq se situe donc quelque part entre le cinéma de Jean-Luc Godard et de Quentin Dupieux. Godard pour une esthétique particulière, empruntée à la Nouvelle Vague, et qui rappelle souvent Adieu au langage. Dupieux, évidemment, pour l’aspect profondément absurde du film.

Dans la peau de Blanche Houellebecq est une œuvre sans équivalent ou presque. Une proposition impertinente, politique, corrosive et surtout fondamentalement libre. Libre visuellement, libre narrativement, avec Dans la peau de Blanche Houellebecq, Guillaume Nicloux semble n’avoir aucune limite et une liberté totale de ton et de forme. Dans la peau de Blanche Houellebecq est également un regard intelligent sur l’impérialisme blanc, sur la colonisation des DOM-TOM, sur la vie entre blancs et noirs en Guadeloupe, le tout enrobé de grands moments de comédie. Une proposition unique en son genre et totalement différente du reste du paysage cinématographique français.