Mandibules c’est l’histoire de deux zigotos qui en effectuant une livraison découvrent qu’il y a une mouche géante dans le coffre de leur voiture. En moins de deux ceux-ci décident de l’apprivoiser pour devenir riches…
Mandibules : un rythme posé revigorant
La première chose qui frappe dans Mandibules, c’est son rythme. Un rythme posé, lent presque indolent. Quentin Dupieux n’a jamais était un adepte de la comédie frénétique multipliant les effets comiques, mais plutôt de suivre des personnages marginaux et les laisser nous embarquer avec eux. Mandibules est traversé par une véritable douceur de vivre, estivale. C’est dans ces moment-là qu’avec nos amis nous prévoyons toujours des plans de vacances qui souvent ne se terminent pas comme prévu.
Et l’imprévu se manifeste au travers d’une mouche, Dominique. Jamais le spectateur ne se sera autant attaché à un insecte. Principal sujet de gags du film, cette mouche est traitée ici comme un animal domestique. Étrangement, il y a quelque chose qui évoque E.T. dans ce récit. Celui d’enfants (car oui, le duo du Palmashow incarne des véritables grands enfants) qui se retrouvent avec une mystérieuse créature qu’ils essayent de cacher au reste du monde pour la garder avec eux. C’est de là que le comique nait, dans cette volonté de garder un trésor caché, de le protéger. Dupieux signe ici une très réussie rencontre entre les films Amblin et le stoner movie. Et c’est également son film le plus accessible.
Quentin Dupieux s’écarte de son style habituel
En utilisant ces codes, Dupieux s’écarte un peu de son humour absurde. Il propose un film bien plus grand public, linéaire, dont les motivations des personnages sont tous parfaitement compréhensibles. Bien moins opaque et mystérieux que ses précédents films, il tente de s’aventurer vers un nouveau terrain. Après l’aspect horrifique du Daim, c’est cette fois l’amitié qu’il analyse. Amitié humaine comme animale. Ce groupe de protagonistes attachants, démontre une véritable peur de grandir et de la précarité. D’où cette rencontre entre un groupe de riches vacanciers (dont se démarquent India Hair et Adèle Exarchopoulos qui continue à nous étonner après La Flamme) et nos deux hurluberlus.
Mandibules, en dehors d’être hilarant et émouvant, est finalement une véritable comédie sociale, le récit de protagonistes qui luttent pour leur survie au point de s’en remettre à une mouche.