Knock at the Cabin : est-ce réellement la fin du monde ?

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Pour son quinzième long-métrage, M. Night Shyamalan est une nouvelle fois de retour au cinéma d’épouvante avec Knock at the Cabin. Un film en huis-clos oppressant qui convoque Dave Bautista, Ben Aldridge, Jonathan Groff, Rupert Grint ou encore Nikki Amuka-Bird. Le récit raconte comment quatre individus non identifiés prennent en otage une famille qui passe ses vacances dans un chalet au milieu d’une forêt peu fréquentée. La petite Wen et ses deux papas vont devoir affronter le délire psychotique d’étrangers qui pensent que la fin du monde est imminente, et que seul le sacrifice d’un des trois membres de la famille pourra éviter l’apocalypse.

Knock at the Cabin : retour aux fondamentaux

Avec sa nouvelle proposition, M. Night Shyamalan aborde une fois de plus ses obsessions habituelles. Comme souvent dans sa carrière, le metteur en scène propose une œuvre qui développe les superstitions et les psychoses de ses personnages. Comme dans beaucoup de ses longs métrages le cinéaste se nourrit des croyances de ses protagonistes en des forces mystérieuses, religieuses ou homériques. Des croyances qui obligent ces personnages à vivre retranchés, ou à matérialiser celles-ci par une forme de radicalité marginale.

C’est par exemple le cas dans Sixième Sens, où le jeune Cole Sear (Haley Joel Osment) est persuadé de voir des fantômes, ce qui l’oblige à consulter un psychologue. C’est le cas dans la trilogie Incassable, où David Dunn (Bruce Willis) est convaincu d’avoir des pouvoirs, à cause d’une simple coïncidence : il est le seul survivant d’un accident de train. Une certitude remise en question dans Glass. C’est le cas dans Signes, où tout porte à croire que les extraterrestres sont présents. Et c’est évidemment le cas dans Le Village, où tout une communauté vit recluse à cause de la présence de soi-disant monstres aux alentours. Ce qui les coupe totalement de la réalité. Knock at the Cabin ne déroge pas à la règle, comme d’habitude, la recherche du vrai et du faux est absorbante pour le public.

359601111 Knock at the Cabin : est-ce réellement la fin du monde ?

En fait, le cinéma de M. Night Shyamalan est ponctué de cette opposition éternelle entre les croyants et les sceptiques. Deux façons de voir les choses qui s’affrontent en permanence face à des signes plus ou moins convaincants. Les premiers diront que ce sont des manifestations réalistes et certaines de leurs croyances quand les autres affirmeront que ce ne sont que de simples coïncidences qui ajoutent de l’eau à leur moulin.

Knock at the Cabin reprend parfaitement ce schéma narratif. Le réalisateur oppose les sceptiques et les croyants à travers une joute verbale oppressante et passionnante pendant un peu plus d’une heure et demie. Chacun présente ses arguments, et le spectateur se retrouve au milieu, sans trop savoir qui croire. Et c’est très stimulant.

Des thématiques universelles

Avec Knock at the Cabin, M. Night Shyamalan aborde des concepts universels. Il amène la religion et la fin du monde au centre de son intrigue. Pour résumer simplement, avec Knock at the Cabin, il matérialise le concept de l’horloge de l’Apocalypse. Il rappelle l’urgence de la situation écologique actuelle, et l’immédiateté de la fin du monde qui ne cesse de se rapprocher. Il se base sur cette réalité pour la faire dériver vers une approche plus religieuse. Les envahisseurs emmenés par Leonard (Dave Bautista) sont persuadés qu’un sacrifice humain va empêcher l’apocalypse, et calmer une fureur presque divine. Et ce, même si Dieu n’est jamais mentionné dans le film.

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Puis, petit à petit, les membres du couple interprétés par Ben Aldridge et Jonathan Groff deviennent eux-mêmes des représentations idéologiques de l’assistance. Le premier est intransigeant et refuse de croire aux avertissements du groupe de Leonard, avançant que leurs visions ne sont que de simples coïncidences paranoïaques misent en scène, tandis que le second, croyant, est plus enclin à se laisser séduire par les symboles de ses agresseurs. Une opposition qui va trouver sa quintessence dans la conclusion du film, où leurs sentiments vont se transformer en une confrontation d’espoir et de pessimisme, de bien et de mal, de fraternité et d’égoïsme.

Une fin d’ailleurs un peu tendancieuse, dans laquelle M. Night Shyamalan propose un crescendo mystique d’une grande force. Quelque part entre l’apocalypse scientifique et le surnaturel, la fin du monde s’accélère et nos héros doivent prendre une décision : faut-il se sacrifier oui ou non ?

Partie spoilers

LA SUITE DE L’ARTICLE VA CONTENIR DES SPOILERS.

Avec le sacrifice du personnage de Jonathan Groff, M. Night Shyamalan semble donner raison au groupe de Leonard. Il semble se ranger du côté des penchants religieux de son œuvre. Comme si, la seule manière d’empêcher la fin du monde était de croire en Dieu. Une conclusion théologique et puritaine un peu dérangeante, où le sacrifice est le seul moyen de calmer la colère de Dieu, et donc de sauver la Terre. S’il s’agit sans doute d’un message plus large, qui nous explique que pour sauver notre planète du réchauffement climatique, chacun d’entre nous va devoir indubitablement faire des sacrifices, la dimension religieuse pose néanmoins des problèmes éthiques sur la manière de représenter la religion et est, malheureusement, parfois assez nauséabonde

Knock at the Cabin c’est un peu comme Old, M. Night Shyamalan propose un concept génial, mais une exécution parfois bancale. On reste profondément partagé sur la conclusion du film, sur le message du cinéaste, à travers une morale puritaine et religieuse ambiguë…