Presque vingt ans après la conclusion de la trilogie originelle, Lana Wachowski décide de revenir dans l’univers Matrix avec un nouvel opus simplement appelé Matrix Resurrections. L’occasion pour elle de rappeler Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss dans les rôles emblématiques de Neo et Trinity. Le reste de la distribution se compose notamment de Yahya Abdul-Mateen II (Candyman) dans la peau de Morpheus, de Jonathan Groff (Mindhunter), de Jessica Henwick (Iron Fist) ou encore de Neil Patrick Harris (How I Meet your Mother). Un nouvel opus inégal. Critique :
Matrix 4 : une première partie très réussie
Lana Wachowski décide ainsi de revenir dans l’univers Matrix sans sa sœur. Presque vingt ans après Matrix Revolutions, sorti en novembre 2003, Neo n’en a pas encore terminé avec la matrice. Mais tandis que nos deux héros trouvent la mort à la toute fin de Revolutions, il fallait un moyen inventif pour Lana Wachowski de ramener ses protagonistes. Et il faut dire que la première partie du film est assez brillante. La cinéaste trouve un moyen ultra méta d’aborder ses thématiques et son récit. Une approche tout simplement étincelante pour développer tout en dérivant le système de la matrice et le concept de Matrix lui-même avec énormément d’humour, de malice, et de critique.
Thomas Anderson est devenu programmateur de jeux vidéos. La trilogie cinématographique Matrix est, au sein de Matrix Resurrections, une trilogie de jeux vidéos qui a changé le monde. Un détournement hallucinant et proprement génial ; qui permet de jouer avec les sens, les souvenirs et les émotions des personnages comme des spectateurs. On a rarement vu une approche méta aussi réussi, aussi légitime et aussi bien pensé de toute l’histoire du cinéma (et je pèse mes mots).
Ainsi cette première partie est un délicieux jeu du chat et de la souris. Lana Wachowski joue avec nos souvenirs de fans, avec notre propre expérience et notre propre analyse du monument Matrix. Via quelques flash-backs très bien utilisés, sous forme de fashs discrets et intenses justement ; la réalisatrice crée rapidement et discrètement sa toile de fond, et ses connexions avec les trois autres films. Elle joue avec une force et une intelligence inédites avec l’aspect méta de son œuvre. Et n’hésite pas à s’amuser avec les codes et à détourner le concept du métaphysique dans Matrix Resurrections. Jusqu’à opposer Morpheus à son double du passé, et à utiliser directement les plans de la première trilogie pour appuyer son propos. Une idée tout bonnement géniale, et ultra créative en terme de mise en scène !
Lana Wachwoski n’hésite pas à tacler Warner Bros en direct. Critiquant ainsi le système hollywoodien des suites, reboots et autre remakes avec une approche inédite. Et quant à la première apparition de Morpheus, accompagnée de la réplique « farce ou tragédie », elle résume à elle seule tout le système hollywoodien actuel !
Un film lourdingue et interminable
Malheureusement, une fois cette première partie passée, Lana Wachowski tombe justement dans les travers qu’elle tente de dénoncer. La cinéaste rejoue les cartes classiques de l’univers Matrix. Sans surprise, sans verve, sans véritable originalité, elle ressort les concepts usuels de la franchise ; réchauffe une saga qui se suffisait à elle-même, à travers un film qui ne raconte rien de supplémentaire. Un peu à la manière du récent S.O.S. Fantômes, Matrix Resurrections est un film qui repose sa raison d’être sur la nostalgie d’une époque révolue. Et est finalement, un film passablement inutile, inintéressant et surtout interminable.
Lana Wachowski n’a rien de plus à raconter que ce qu’elle avait déjà abordé dans les trois premiers films de la franchise. Le récit s’étire dans une intrigue soporifique qui reprend la vieille thématique de guerre entre humains et machines et de contrôle de la pensée dans la matrice. Elle condense ainsi trois film en un pour rejouer la même carte qu’à l’époque, sans véritable amélioration majeure. Et le plus triste dans tout ça, c’est que les séquences d’action sont moins réussies que celles de l’époque. Les confrontations et les chorégraphies sont clairement moins lisibles qu’à l’époque, moins inventives, moins créatives et tout bonnement moins impressionnantes. Lana Wachoski parvient, en 2021, à proposer des scènes d’action qui souffrent de la comparaison avec des séquences d’action qui ont maintenant 20 ans d’ancienneté. Et c’est clairement le véritable exploit du film…
Après une première partie meta extrêmement ludique et très intelligente, Matrix Resurrections s’éternise dans une intrigue réchauffée et interminable. Quant à la créativité des séquences d’action, elle est à des années lumières de l’inventivité et de l’efficacité des précédents volets.