Drive-Away Dolls : vivement que le duo se reforme…

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Drive-Away Dolls est le premier film réalisé en solitaire par Ethan Coen depuis sa séparation avec son frère Joel. Ecrit par sa femme Tricia Cook, le long-métrage est un divertissement attachant, mais qui tourne rapidement en rond, et s’apparente comme un film très mineur des frères Coen.

Drive-Away Dolls : besoin d’un coup de main ?

Avec Drive-Away Dolls, Ethan Coen s’enferme dans le cinéma qu’il connaît. Il reprend les poncifs de sa filmographie pour les imposer dans un road movie féministe qui s’inspire lointainement du chef d’œuvre Thelma et Louise. Mais alors que son frère a décidé de prendre une autre route et toucher d’autres horizons, notamment avec sa superbe adaptation de Macbeth, Ethan Coen préfère s’enfermer dans les poncifs de son propre cinéma, sans parvenir à en revigorer les codes.

Fable pseudo féministe, le cinéaste met en scène un road movie particulièrement redondant, trop long (pourtant le film ne dure que 1h24), qui ne parvient pas à retrouver la verve du duo. Si Ethan Coen amoncelle les vannes potaches, plus ou moins beaufs, et rarement surprenantes, l’humour impertinent du duo s’est mué en une démonstration embarrassante d’humour lourdingue, souvent porté sur le cul. Si on sourit régulièrement, l’audience aurait peine à vraiment rire à gorge déployée et à se sentir réellement concerné par l’aventure absurde de ces deux jeunes femmes.

drive away dolls ethan cohen 2 Drive-Away Dolls : vivement que le duo se reforme...

Si Margaret Qualley et Geraldine Viswanathan font un excellent travail d’acting, l’écriture des deux héroïnes est plombée par un nuage de clichés difficile à ignorer. Ethan Coen ne comprend visiblement pas le fonctionnement des femmes, et encore moins des lesbiennes, et développe leur intrigue et leur personnalité simplement par le biais de la sexualité. Et à force, ça tourne en rond férocement, et on s’ennuie gentiment.

Drive-Away Dolls est alors une sorte de compilation des tics de la carrière des frères Coen, d’une manière décevante, comme si Ethan était bloqué dans une sorte de nostalgie sordide de la grande époque de leur filmographie. En ressort alors une comédie laborieuse, parfois attachante certes, mais dont le rendu total est très frustrant. La verve habituelle des deux frères est remplacée par des dialogues interminables, les personnages haut en couleurs sont devenus des clowns stéréotypés, et la mise en scène souvent inspirée du duo s’est transformée en une sorte de téléfilm chic, ponctué d’un montage enfantin qui passe à côté de son but : rythmer l’intrigue de manière ludique et capter l’attention des spectateurs. Ainsi Drive-Away Dolls est une comédie parfois amusante, mais souvent ringarde, qui provoque un sentiment de déjà-vu. Finalement, le film n’a de féministe et lesbien que son sujet, et l’audience qui apprécie le cinéma des frères Coen assistera à une auto-pardodie démodée du cinéma des frères Coen.