Critique de « Little Evil » (Netflix) : Un film horrifique déjanté

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On vous avait annoncé sa sortie en Août 2017 sur Netflix, et sa bande-annonce amorçait notre rencontre avec l’enfant Antéchrist lui-même. Le réalisateur de Little Evil, Eli Craig, avait alors décidé de s’attaquer à un domaine déjà traité dans de nombreuses oeuvres cinématographiques. Après visionnage du film, pouvons-nous dire qu’il a réussi à se démarquer ?

Une comédie démoniaque

Little Evil rentre dans le registre des cultes sataniques que l’on a pu connaitre (Ouija, 666 La malédiction…). Or, ce qui le rend résolument différent des autres, c’est son atout parodique. En effet, les genres du film s’accumulent pour finalement constituer une comédie familiale – horrifique. Certes, l’humour n’y est pas tordant, mais il fait son boulot de comédie familiale en divertissant épisodiquement son spectateur. Le début de l’histoire présente une famille banale récemment reconstituée, où les rapports beau père/beau fils sont peu glorieux. Ce sont ces essais de communication quelques peu ratés qui tendent à nous faire sourire. Encore une fois, ce détail, c’est du déjà vu… Puis, peu à peu, on s’expose à un enfant carrément mystérieux (on ne voit même quasiment jamais son visage), ce qui ajoute un soupçon d’angoisse à l’histoire. Doucement mais peu sûrement, l’histoire devient un bric-à-brac complet. Des sectes ? Ok. Un enfant Antéchrist ? Ok. Une fin du monde prête à éclater ? OK… pourquoi pas. On dira que cette comédie totalement décalée dispose malgré tout d’un scénario bien enchaîné ce qui rend l’histoire quelque peu plausible et peu kitch. 

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L’angoisse stéréotypée

Lucas a 6 ans et terrorise Gary (interprété par Adam Scott), le nouvel époux de sa mère Samantha (joué par Evangeline Lilly, connue pour son rôle dans Le Hobbit). Etonnement, ses précédents beaux-pères sont tous décédés et les témoins conseillant à Gary de fuir se multiplient. Certains vont même jusqu’à lui confesser que son beau-fils est l’Antéchrist… Et alors que les événements paranormaux se succèdent, des passages parlent à notre esprit. Des jumelles habillées et coiffées de la même façon fixent Gary, Lucas fait de la balançoire seul dans l’obscurité, ses yeux deviennent rouges et sa voix gutturale, ses dessins sur les murs sont loin d’être banals mais n’alarment pas pour autant, et enfin, il a pour habitude de s’exprimer à travers sa marionnette chèvre (ventriloquie). N’avons nous rien oublié sur le tableau des clichés horrifiques ? Evidemment il s’agit là d’une parodie où tout le monde n’y voit que du feu, sauf le pauvre Gary… On est loin et à la fois proche de The Shining, L’exorciste ou encore Insidious. Et c’est ce qui rend le film presque imprévisible. On croit savoir ce qui se trouve derrière la porte au fond de ce lugubre couloir mais il n’en est rien. 

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La modernité prime

Au delà des genres mixés ainsi que des clichés accumulés, le film rentre dans la catégorie des oeuvres modernes. Voire « post-modernes » même. En effet, Gary n’est pas le seul à avoir participé à la « recomposition » d’une famille. Il fait même partie d’un groupe de paroles des « beaux-pères ayant des difficultés avec leurs beaux enfants ». En clair, ils se haïssent mutuellement et trouvent des solutions ensemble. Autrement dit, le sujet est totalement banalisé et décomplexé dans le film. De plus, la collègue proche de Gary se trouve être une trentenaire « garçon manqué », gay et mariée. Des films normalisant ces évolutions marquantes dans notre société vous viennent-ils en tête ? Peu pour nous, et ça nous ravie que Little Evil le soit !

Little Evil Critique de « Little Evil » (Netflix) : Un film horrifique déjanté

Pour conclure, on ne peut vous dire que Little Evil est un chef d’oeuvre et qu’il surpasse les Scary Movie à travers son style de « com’ angoissante ». Ce n’est pas tordant certes, mais parmi tous ces clichés dérisoires, on se prend au jeu énigmatique du : « Lucas est-il réellement l’Antéchrist ? »