Mieux que la découverte de l’Amérique, l’extension des Terres d’Arran

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Un monde détruit par un raz-de-marée, une montée du racisme et une augmentation de la violence. Non, non, ce n’est pas le sommaire d’un journal mais l’intrigue d’Ylanoon. Découvrez dans cette chronique notre avis sur le tome 31 de la série Elfes des Terres d’Arran.

Une Grande Découverte

Le monde d'après dans Terres d’Arran

Les Terres d’Arran se sont étendues par la découverte d’une deuxième île : les Terres d’Ogon. Plutôt que de provoquer une conquête, c’est surtout le moyen pour les éditions Soleil de proposer une galerie encore plus riche de nouveaux personnages. Par les dialogues, le fan retrouve des allusions à des personnages des volumes précédents. On y croise des humains mais aussi des nains, des elfes, des magiciens… En effet, les images de Kyko Duarte plongent le lecteur dans un monde de fantasy : des créatures bleues chevauchent des ours blancs. Cependant, cet univers n’est pas une simple reprise des codes de l’heroic fantasy mais il y a une ouverture vers une plus grande diversité dans la représentation. Un combattant n’aime que les hommes et deux anciennes amantes se retrouvent.

Comme chez Marvel, les Terres d’Arran forment un très vaste ensemble de bandes dessinées se déroulant au même endroit à différents moments. Ce tome 31 de la série Elfes présente la situation après l’apocalypse. Un raz-de-marée a ravagé les côtes et la guerre des goules a provoqué un nombre important de morts. Le dessinateur Kyko Duarte nous glace dès la première page en montrant la destruction de villages, les familles endeuillées. En effet, même s’il existe différents intervenants, les Terres d’Arran ont une certaine unité graphique. On peut le voir par l’utilisation de grandes cases panoramiques avec des paysages très importants et des créatures plus petites au milieu. Rendus responsables de ces deux catastrophes, les elfes sont haïs par toutes les autres communautés. Cette haine et la crise provoquent le rassemblement de toutes les communautés d’elfes bleus sous la direction d’Aamon. Cependant, à l’image de leur chef vieillissant, ce groupe est en déclin. Ces relations communautaires de rejet paraissent hélas très contemporaines. Il n’existe pas de solidarités entre les races sur les Terres d’Arran mais une cohabitation fragile parfois et le plus souvent le racisme. La dernière page annonce d’ailleurs des conflits raciaux à venir.

Sherlock et Legolas

Deux femmes fortes dans Terres d’Arran

Cependant, chaque tome des Terres d’Arran est un récit complet centré sur un personnage. Le lecteur peut donc commencer n’importe où et chaque tome mélange souvent différents genres de l’imaginaire. Ylanoon mixe en effet la fantasy et l’enquête policière. Dans cette période sombre de destructions, plusieurs marchants sont décapités dans la forêt. L’elfe bleu Lanawyn enquête avec sa jeune apprentie Ylanoon. En examinant les corps, elle comprend que ces meurtres sont mis en scène et que ce n’est qu’un début. Elle va devoir demander l’aide des humains alors que sa communauté est détestée. Un groupe se forme pour découvrir le tueur, donnant à ce volume une tonalité chorale rare dans les Terres d’Arran. Autour Lanawyn, la rousse Ylanoon est une Inquisitrice avide de découvertes. Un barbier immense, l’humain Konnor, les rejoint. Il a un charisme naturel mais regard triste en raison de sombres faits récents. Ensemble, ils découvrent des indices par les paroles des témoins, analysent la scène de crime et pratiquent une autopsie. L’étau se resserre autour du coupable mais le dénouement final va totalement vous désarçonner.

Ce nouveau chapitre des Terres d’Arran continue à hybrider les genres de l’imaginaire en partant de l’univers très populaire de la fantasy. Le scénariste Jean-Luc Istin propose un scénario bien structuré et habile en mêlant l’enquête et le fantastique. Le lecteur assidu de cet univers assiste à la montée de la haine et découvre une cité perdue des orques. Mais Ylanoon est surtout un touchant épisode sur le deuil.

Vous pouvez découvrez d’autres territoires des Terres d’Arran par les chroniques sur Kronan et Kastennroc.