Le Loup gris Le plus gros tank qui n’ait (jamais) existé

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La Seconde Guerre mondiale se poursuit pour Jean-Pierre Pécau et Sénad Mavric dans la série des Machines de guerre, étudiant l’histoire des principaux tanks du conflit. Le Loup gris est un titre à part car ce char allemand n’a (presque) pas existé.

Un récit de fantôme

Les soviétiques face au Loup gris

En 1947, en Prusse orientale, des combats continuent. L’URSS domine très largement et une petite équipe de fantassins fuit. Mais un tank inconnu surgit et, en une poignée de secondes et quelques tirs, il détruit le groupe de chars soviétiques. Seule une lieutenante a survécu. Elle est persuadée qu’il s’agit du Loup gris. Cependant, aucun membre de l’état-major n’accepte son existence. Pour eux, ce char surpuissant et invincible est une légende et c’est une batterie de canons lourds qui a provoqué cette défaite. Seul le commandant-major Konstandin Karadine a foi en son témoignage. Ensemble, ils vont enquêter sur ce char fantôme avec pour seul indice le témoignage de la lieutenant et des documents techniques allemands douteux sur le projet du char Maus.

Contrairement aux autres tomes, le Loup Gris repose bien plus sur l’imagination du scénariste que sur la réalité historique. Ce char est partout et nulle part. Personne ne le voit mais tout le monde en parle. Aucune arme ne l’a détruit. Karadine propose à la lieutenant de diriger sa propre équipe avec l’unique exemplaire de char lourd sur le front de l’ouest, le Tortoise. Le duo partant en chasse du Loup gris est très mal assorti. Karadine est froid, sans pitié et a un humour assez particulier. Il nie l’existence d’arrestations sommaires car une balle est plus économique qu’un procès. Ivana connaît plus la réalité de terrain mais, en raison de nombreuses victimes qui jalonnent sa carrière, elle a la réputation de porter malheur. La première sortie ne démontera pas ce mythe.

Les tanks ne cessent d’avancer

Une défaite rapide dans Le Loup gris

Le Loup gris est le deuxième titre de janvier du scénariste Jean-Pierre Pécau et le quatrième tome de cette série technique et humaine. Des liens se font même si chaque tome peut se lire séparément. On retrouve ici le fait que des femmes ont combattu du côté soviétique. La police secrète, le NKVD, inspecte toutes les actions des soldats pour contrôler l’information. Aucune information négative ne doit être divulguée même si elle est vraie. Le lecteur en apprend plus sur la guerre du côté soviétique. Les pertes sont énormes : une unité a été à trois reprise entièrement décimée au cours de la guerre. Le lecteur découvre différentes zones de combat avec des tactiques très différentes selon que l’on soit en pleine campagne ou au milieu des ruines d’une ville. Le Loup gris a bien existé. Il était le char le plus lourd jamais construit mais s’est révélé totalement inutile. Il est le symbole du nazisme, un régime passionné par le gigantisme mais aussi la preuve de l’échec de son industrie de guerre.

Le dessinateur Sénad Mavric demeure le conducteur de la série et reste aussi précis dans la représentation des uniformes et des équipements techniques des véhicules. On retrouve d’ailleurs en fin de volume le dossier très complet avec le plan et l’histoire réelle du Panzerkampfwagen VIII Maus. Cependant, Sénad Mavric est plus froid dans la représentation des émotions sur les visages.

Édité Delcourt, le Loup gris reste sur les traces de la série des Machines de guerre. Le dessin précis est au service de la précision historique mais ce volume se démarque par un plus grand recours à l’imagination. Le mystère de ce char invincible est bien posé mais la résolution peut décevoir.

Vous pouvez retrouver d’autres chroniques sur un autre volume de la même série avec L’étoile de Koursk et une autre série sur l’aviation de guerre.