Des monstres et des hommes en crise dans UltraMega

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Comme le montre la couverture, UltraMega promet de combats destructeurs entre des monstres géants et un protecteur tout aussi titanesque. Mais qu’en est-il une fois la lecture finie du tome un ?

Un virus gigantesque
L'action dans UltraMega

La Terre est touchée par une épidémie cosmique transformant aléatoirement des individus ordinaires en kaiju, des monstres gigantesques et violents. Pour faire face à cette menace, un esprit cosmique a choisi trois héros et les dote de pouvoirs mais cette lutte ravage les villes et détruit leur mental.

UltraMega file à la vitesse d’un coup de poing de tokusatsu. Le scénariste et dessinateur James Harren ne perd pas de temps : dès la première page, on voit des individus banals se métamorphoser puis un seul épisode rallongé présente l’univers et les personnages. Les trois UltraMega ont déjà combattu et en ont déjà bavé. Ern est devenu un fou et a erré dans les rues avant de disparaître. Il ne reste qu’un porteur mais Jason est dépressif. Ce n’est que le début car tout est bouleversé à la fin du premier épisode. On est ensuite plongé brusquement une décennie plus tard dans un monde post-apocalyptique. Chaque épisode se termine d’ailleurs par un cliffhanger mortel.

UltraMega pousse plus loin les codes du super-héros. Très différents, les trois UltraMega ne forment pas une équipe. Ce sont des « pros » qui remplissent leur fonction. En effet, devenir un héros est une charge (que l’esprit d’Ern n’a pas supporté). De plus, ces porteurs de pouvoir sont laissés sans aucune aide car leur « créateur » n’a jamais plus parlé depuis le premier rêve. Plusieurs récits sont en lien avec une relation père-fils compliquée. Un père abandonne sa première famille avant de reconstruire un foyer. Les héros représentent un modèle parental de substitution tandis que les mères sont absentes ou méprisantes.

Un dessinateur gigantesque
l'horreur dans UltraMega

Par le talent du dessin de James Harren, UltraMega passe d’une scène quotidienne devenue inquiétante sur plusieurs pages à une double page de combat. Effet Waow garanti ! Le sang gicle, les membres se fissurentLe récit bascule dans l’horreur par ces détails.

Harren montre les effets des combats. Non seulement les immeubles sont détruits mais les passants meurent en masse. Ensuite, le sang des créatures coule provoquant un raz-de-marée d’hémoglobine. L’auteur décrit même les effets économiques avec une explosion du chômage. Dans le futur devenu post-apocalyptique, la morale est très lâche. L’espoir est souvent déçu et il faut parfois sacrifier certains au nom du groupe. La colorisation de Dave Stewart participe à cette originalité. Il n’y a pas des teintes contrastées mais une tonalité verdâtre ou marron illustrant la dégradation économique et la médiocrité de la nouvelle société.

UltraMega proposé par Delcourt comics reproduit totalement l’ambiance et facilite le voyage. Le format agrandi est idéal pour le dessin blockbuster. Le titre reproduit l’effet d’un feutre comme un tag sur un mur. La trame de la couverture est formée de tâches de couleurs tel un livre usé. Dans la première page, on voit l’artefact magique et une explosion d’énergie. La page des crédits présentant l’équipe créative me fait penser au générique d’un blockbuster au cinéma.

Dès les premières pages d’UltraMega, j’ai été embarqué dans une valse infernale entre horreur, humour dépressif et récit familial tordu. Dans la partie post-apocalyptique, les dialogues sont parfois difficiles à suivre mais il faut s’accrocher car l’univers proposé est très prometteur.

Retrouvez sur le site d’autres récits sur des monstres gigantesques avec Big Girls et Rooster Fighter.