Ashidaka – The Iron Hero, tomes 3 et 4 : fury road

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Ashidaka – The Iron Hero est le dernier titre en date de Ryo Sumiyoshi. Mangaka talentueuse au trait envoûtant, elle nous avait déjà régalés avec les deux premiers tomes de cette tétralogie, menés de main de maître. Elle nous avait également envoûtés avec son BL horrifique MADK, dont le deuxième tome est sorti récemment, ainsi que par sa série de fantasy Centaures. C’est donc avec joie que nous retrouvons son style inimitable dans les deux derniers tomes de son manga mêlant steampunk et critique sociale.

L’histoire

Après une première rencontre mouvementée avec l’armée anti-démons, Ashidaka et Geji acceptent d’en rejoindre les rangs. Toujours animé de l’objectif d’unir multibras et monopaires, Ashidaka compte bien changer les choses de l’intérieur. Cependant, leur première mission pourrait bien mettre son idéal à l’épreuve de la cruelle réalité ! Car la rencontre électrique avec le mécanicien Tsuchi, débordant de haine envers les multibras, tourne rapidement au désavantage de l’armée anti-démons. Pourtant, Ashidaka ne renonce pas… Parviendra-t-il à le convaincre de les rejoindre ?

Pendant ce temps, une menace sourde s’apprête à s’abattre sur le monde. Et les mille-pattes géants pourraient bien ne pas être la seule, ni la plus terrible des menaces…

Ashidaka : naïveté enfantine et rage brûlante

L’heure de la bataille finale contre le « Démon aux cent bras d’acier » va bientôt sonner. Mais avant cela, Ashidaka devra faire face à un groupe armé dont les valeurs semblent diamétralement opposées aux siennes.

En effet, si l’armée anti-démons souhaite elle aussi réduire les mille-pattes géants en cendres, ses membres n’hésitent pas à s’en prendre aux monopaires qu’ils croisent pour accomplir leurs objectifs et se renforcer. Voire à utiliser les multibras les plus faibles comme appâts sacrificiels… Leur violence répond de façon frontale et brutale à la cruauté dont les multibras ont été longtemps victimes. Mais pour Ashidaka, cette méthode est proprement inacceptable! Comment mettre fin à une ségrégation sans en créer une nouvelle ? Comment réunir des peuples qui se haïssent alors qu’ils n’ont pour seule différence que leur nombre d’arms? En écho aux questionnements actuels qui traversent le monde, le dilemme d’Ashidaka résonne profondément.

Son optimisme sans bornes, confinant parfois à la naïveté la plus totale, pourrait pourtant bien être la clé de voûte d’une incroyable révolution. A l’instar de l’inévitable Luffy au Chapeau de paille, le héros de Ryo Sumiyoshi semble irrésistiblement attirer à sa suite ceux qui gravitent autour de lui. Son abnégation, voire son sens du sacrifice, mèneront sans doute ses compagnons sur la route de la victoire.

Ashidaka est pourtant loin d’être ingénu. Sa force repose sur sa rage d’avoir tout perdu et l’horreur de ce traumatisme. Il n’hésitera pas à aller au-delà de toutes limites, voire à se transformer en monstre, pour atteindre son but, brillant comme une lanterne au bord du Styx.

Ashidaka – The Iron Hero : puissance de frappe

Si les éditions Glénat ont intégré le manga dans leur collection shônen, Ashidaka – The Iron Hero propose un récit dense qui va bien au-delà des codes du genre. Il est en cela soutenu par le trait inimitable de l’artiste Ryo Sumiyoshi.

Cette dernière met efficacement en place son intrigue et dévoile peu à peu des éléments cruciaux, sans jamais perdre ses lecteurs. Tous les personnages sont travaillés à l’extrême, même les plus secondaires, et s’inscrivent dans une mythologie unique et fondatrice. On notera d’ailleurs le soin apporté par la mangaka concernant les noms de ses protagonistes, tous inspirés d’arachnides ou d’insectes dont le comportement naturel rejoint leur caractère, et leurs liens avec la religion bouddhiste.

L’autre force de Ryo Sumiyoshi, c’est son coup de crayon. Ses graphismes, immédiatement reconnaissables, l’attention aux détails et aux expressions faciales de ses personnages, sont magnifiques. Les cases sont foisonnantes, parfois un peu chargées, ce qui peut réduire leur lisibilité. Pourtant, les scènes en ressortent renforcées dans leur rendu de puissance ; le chaos des combats comme des émotions qui animent Ashidaka, Geji, Honchi et les autres, nous éblouit et nous saute à la gorge. Ajoutez à cela un soupçon d’horreur (la forme finale du Démon rouge : cauchemardesque!), et vous obtiendrez un manga qui s’inscrit comme une œuvre majeure et époustouflante, maîtrisée de bout en bout, autant graphiquement que dans son déroulé.

Offrant à son manga une fin à l’image de son héros, Ryo Sumiyoshi nous prouve, s’il le fallait encore, son incroyable talent de narratrice-dessinatrice. Avec son atmosphère steampunk flirtant avec l’apocalypse mécanique, son récit engagé et ses personnages attachants, nul doute qu’Ashidaka – The Iron Hero saura conquérir le cœur de ses lecteurs jusqu’à la dernière ligne  !