Critiques des romans, des films et du préquel de Charlie et la Chocolaterie

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Charlie et la Chocolaterie (1964) – « Nous vous prions d’extirper vos télévisions pour les remplacer par des livres »

Tandis que Charlie vit miteusement en compagnie de ses parents et de ses aïeux, M. Wonka met en circulation cinq tickets d’or qui permettent de visiter son usine.

Je vais étrenner en comparant à partir des adaptations cinématographiques le matériau d’origine puisque je les ai connues bien avant. Elles sont en fait extrêmement fidèles en raison de l’aspect émacié du roman et du style lapidaire de Roald Dahl, il ne s’encombre nullement de descriptions superflues, juste essentielles, car il faut de la matière pour imaginer ce monde farfelu. De plus, le livre possède plusieurs morales, une par enfant : ne le laisser pas s’empiffrer, ne pas les laisser abuser de la télévision, ne pas les pourrir, ne pas les laisser agir discourtoisement et il faut prodiguer à nos mistons une solide éducation basée sur le dévouement, les sacrifices et l’abnégation. Néanmoins, à force d’idéaliser Charlie, d’énoncer sa perfection, il le rend fade.
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Charlie et la Chocolaterie (1971) – « Oumpa loumpa doumpadidou »

Charlie est l’enfant d’une famille aux revenus modiques. Willy Wonka dissimule cinq tickets d’or dans ses barres chocolatées. L’unique désir du garçonnet est d’en dénicher un.

Les allures de comédie musicale sont en parfaite adéquation avec le roman puisque les Oumpas Loumpas chantonnent aussi à la fin de chaque salle dans celui-ci. Le film contient des ajouts fort sagaces par rapport au bouquin, même si le réalisateur se débarrasse inexplicablement du papa, par exemple l’espion qui teste la probité du petit garçon et le ticket frelaté en Uruguay pour une adaptation fortement semblable à l’œuvre littéraire. Ou sinon la seule différence notable par rapport à celle-ci, c’est que les ouvriers écureuils qui décortiquent les noix sont remplacés par des oies qui pondent des œufs d’or. Néanmoins, le manichéisme distillé à doses pachydermiques est des plus grossiers.
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Charlie et le grand ascenseur de verre (1972) – « Un peu de bêtise en saupoudrage, c’est le piment de l’homme sage »

Charlie, ses parents, ses aïeux et M. Wonka voyage dans l’espace en ascenseur où ils rencontrent une espèce ovoïde d’extraterrestre.

En prenant connaissance de l’existence de cette suite, je me suis interrogé quant au pourquoi elle n’avait jamais fait l’objet d’un traitement cinématographique, désormais, j’ai compris que c’était tout bonnement inadaptable ; c’est juste une loufoquerie bouffie de saugrenuité dialoguée telle « Si ma barbe était en rhubarbe ! ». L’intrigue abstruse présente deux occurrences complètement capillotractées, à savoir une attaque d’hyperêtres et l’extrême rajeunissement des grands-parents du jeunet, tous deux sont excessivement braques.
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Charlie et la Chocolaterie (2005) – « J’adore le raisin »

Un confiseur exubérant place dans cinq bâtons de chocolat des tickets d’or permettant de visiter sa grandiloquente usine.

Le remake est encore davantage identique au roman que la version de 1971 en adaptant deux scènes facultatives de celui-ci. Les deux principaux changements par rapport au film précédent sont la référence hautement industrieuse à 2001, l’odyssée de l’espace concocté par un cinéaste cinéphile et le rétablissement des écureuils qui, pour un réalisme méticuleux, sont des vrais. Ou sinon, la violence de la télévision s’est muée en celle des jeux vidéos. Le métrage signale les dangers d’une éducation immodérément permissive et qui gâte excessivement nos enfants. De plus, les décors sont impressionnants et colorés. Néanmoins, bien que j’adore la prestation fantasque et extravagante de Johnny Depp, je trouve que faire prodiguer son personnage une anamnèse avec son père odontalgiste le dépouille de ses ambiguïtés et de tout son mystère.
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Wonka (2023) – « Pourquoi tu sens la girafe ? »

Willy Wonka est un confiseur de génie qui doit frayer avec le cartel du chocolat.

Je commencerai par dire que le film est tellement aseptisé qu’il est parvenu à rendre un personnage qui était bouffi d’ambiguïté si lisse et il n’est pas fortifié par la piètre interprétation, sans aucun cynisme, de Timothée Chalamet qui se contente de sa fonction initiale : rameuter l’adolescente, il n’est pas digne de ceux qui l’ont précédé dans le rôle. De plus, j’aurais certainement préféré s’il ne nous escroquait pas en utilisant abusivement le nom du célèbre chocolatier, interchangeable avec un autre. Néanmoins, l’œuvre se veut un pamphlet envers le capitalisme et le mercantilisme et voir Hugh Grant en petit bonhomme orange aux cheveux verts vaut assurément le détour. Bref, un musical plaisant destiné surtout aux enfants.