Le réalisateur, acteur et scénariste américain Wayne Roberts, qui a signé auparavant des épisodes de Dawson, ainsi que le long-métrage Le Maître du jeu (2004), fait un retour fracassant sur grand écran avec son deuxième film Katie Says Goodbye. Tranche de vie d’une jeune femme et ode à la combativité, le film, très réussi, conjugue avec brio force et émotion. Présenté à Deauville en septembre 2017, second Focus sur cette oeuvre très impactante !
Katie Says Goodbye : un portrait de femme sans misérabilisme
Katie Says Goodbye arrive à point nommé. Alors que l’actualité résonne encore de la libération d’une partie de la parole des femmes quant aux agressions dont elles peuvent être victimes, le deuxième film de Wayne Roberts s’insère dans le débat avec une efficacité incroyable.
Wayne Roberts choisit de poser sa caméra sur Katie, jeune fille à la vingtaine naïve et éclatante, qui va se retrouver confrontée dans son désir d’émancipation et de liberté à des obstacles dont la société – et la place qu’elle accorde aux femmes – n’y est pas pour rien. Katie, interprétée magnifiquement par Olivia Cooke, vit dans une de ces campagnes isolées et tranquilles, pour ne point dire mornes et déprimantes, du sud-ouest des États-Unis. En attendant une vie meilleure, elle jongle entre son travail de serveuse, ses « clients » pour lesquels elle se prostitue et ses désirs d’une échappée ailleurs. Empathique, altruiste et éternelle optimiste rêvant de faire de San Francisco son prochain point de chute, Katie va vivre ses premiers amours et se confronter à la complexité des relations aux autres. Elle découvrira d’une façon poignante, par moment insoutenable, les bassesses et violences que la vie et les individus peuvent amener sur le bord d’une route.
Katie Says Goodbye est une ode vibrante à la force de résilience, au courage et à la détermination de cette fille de l’Ouest américain, dans sa découverte de l’amour, mais aussi de la douleur, des désillusions et l’injustice imposée par une société potentiellement briseuse d’individus. Véritable plaidoyer pour la liberté et ébouriffant portrait de femme, le film allie la qualité esthétique de l’image à une réalisation plus que maîtrisée, pour un film très réussi, fort et percutant.
Un esthétisme lumineux
Devant la caméra, c’est un combat qui se joue, à l’aide de plans serrés, gros plans, ou au contraire de plans d’ensemble de paysages ruraux, de plaines, de routes rectilignes interminables. Rien ne se passe dans ces grands espaces, ce qui laisse le champ libre à la narration de cette histoire prenante, une histoire de lutte et de dignité.
La caméra, souvent portée à l’épaule, se veut mouvante et au plus près du tumulte que va vivre Katie. La lumière du film offre une belle vitrine à cette jeune femme portée par un enthousiasme, une honnêteté et un altruisme rare et précieux. Clair et vif dans son esthétisme, Katie Says Goodbye contraste par la multitude de sujets graves abordés. A travers l’histoire de Katie, le long-métrage s’empare de thématiques comme la prostitution, la violence faite aux femmes, la jeunesse et ses défis, la vacuité et le déterminisme social.
Porté par la performance d’Olivia Cooke (le reste du casting est tout aussi juste), Katie Says Goodbye marque par sa justesse et sa force émotionnelle croissante. Le film vaut le détour pour la force de son engagement et son illustration magnifique d’une figure féminine vrombissante à la jeunesse optimiste et combattante. Le long-métrage, qui s’insère dans un triptyque (deux autres films dans la même veine sont prévus : Richard Says Goodbye et Billie Says Goodbye), est sorti ce mercredi 18 avril au cinéma et plaira à ceux qui aiment un septième art qui ose, montre, dénonce et raconte… Une histoire époustouflante et nécessaire.
Découvrez également notre critique faite en septembre dernier dans le cadre du Festival de Deauville 2017 !