Un petit tour en enfer ? Voici le projet d’A Walk Through Hell

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Le premier tome d’A Walk Through Hell décrivait l’entrée d’un duo de policiers dans un hangar. Rien de plus banal ? Sauf qu’ils n’en sont toujours pas sortis plusieurs heures plus tard et que ce lieu devient de plus en plus étrange. Que réserve ce dernier tome ?

On ne change pas une équipe… qui effraie
Le duo au centre d’A Walk Through Hell
Ce deuxième tome d’A Walk Through Hell est toujours scénarisé par Garth Ennis, dessiné par Goran Sudžuka et colorisé par Ive Svorcina. Les débuts, édités par Black River, suivaient des inspecteurs du FBI Shaw et McGregor pour retrouver leurs collègues Hunzikker et Goss. Ils sont guidés par Paul Carnahan, tueur d’enfants dont ils n’ont jamais prouvé la culpabilité. Encore plus étrange, ce criminel est mort. Le duo de policier craint d’être dans le même état car ils n’ont plus de pouls. Face à cette situation invraisemblable, McGregor raisonne pour se rassurer. S’il respire c’est qu’il n’est pas mort alors que Shaw le refroidit tout de suite car leur corps réagit comme celui d’un cadavre. Les poils poussent mais elle n’a pas de règles. Les agents ne mangent pas et n’ont pas faim.

Leur directrice adjointe d’origine Nord-Irlandaise, Driscoll rentre dans le hangar pour les sauver alors que tous les hommes refusent. Pourtant, elle reste marquée par ses erreurs passées. Driscoll raconte l’interrogatoire avec un nazi réfugié aux États-Unis. La dernière d’A Walk Through Hell partie fait réfléchir sur la culpabilité et on revient aux raisons qui ont poussé chacun à s’engager dans la police. Le lecteur découvre aussi le rôle d’une commissaire. Elle compose des duos qui doivent s’équilibrer en analysant leurs caractères et leurs actions.

Il faut tout le talent du dessinateur Sudžuka pour rendre ce monde crédible. L’apparente simplicité du style est alors déterminante. On peut le comprendre dans les bonus avec deux pages où l’on passe du scénario à la page finale.

A Walk Through Hell, un monde sans règle 

L'horreur d’A Walk Through Hell

L’intérieur de ce hangar est de plus en plus étrange… Le duo avance sans cesse mais l’espace perd de son sens. La nature est tout aussi bouleversée dans A Walk Through Hell. Chacun voit un lieu différent selon son passé. Le temps est également différent. Il s’écoule bien plus vite à l’intérieur qu’à l’extérieur. Deux jours dehors deviennent deux semaines dedans. Passé et présent se mêlent. On rentre dans un temple gothique au moment où le lecteur découvre que ces enquêteurs ont un lien indirect avec un ancien SS admirateur de Notre-Dame. Cette présence dans le hangar montre la continuité de la menace du racisme à travers le temps. Par ce lieu, A Walk Through Hell devient un récit politique.

Face à ce danger, on peut compter sur le courage des femmes. Plus généralement ce sont les oppressés qui résistent le mieux. Pour autant, Garth Ennis rejette le communautarisme. Pour Shaw, s’exprimer au nom d’un groupe c’est parfois revendiquer une supériorité et s’aliéner la majorité. Elle revendique la nuance et la nécessité du dialogue.

A Walk Through Hell est aussi une réflexion sur le système. Le scénariste dénonce l’échec de la réinsertion des délinquants juvéniles et les policier veulent éliminer les dérives de la société. A l’inverse, Paul Cannahan veut pervertir le monde. Toutes ses souffrances qu’il a connues dans un internat de délinquants sont des expériences pour voir la profondeur du désir de faire mal. Il y apprend aussi comment se cacher du système. Plus on avance dans l’histoire et plus l’image d’un complot se forme. Le milieu du livre fracasse tout ce que l’on croyait sur cet espace.

Le sens métaphorique de ce lieu change. Il représentait la crise des États-Unis mais prend ici une tournure universelle et religieuse. C’est le lieu du mal, la résidence de l’antéchrist qui a pris une forme humaine.

A Walk Through Hall poursuit la plongée des héros dans la noirceur mais ces épisodes vont aussi plus loin par le nouveau personnage de Driscoll et la description de l’ennemi. Ce volume est une franche réussite  par la qualité du duo créatif qui reviendra chez Black River. 

Vous pouvez retrouver sur le site les chroniques sur Magic : The Gathering et Far Cry du même éditeur, Black River.