Le pire séjour se poursuit dans l’Hotell

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Le volume deux d’Hotell continue à vous emporter dans un lieu unique : un hôtel où les occupants  ne peuvent  partir… sous peine de mourir.

Un Hotell sans étoiles mais avec des croix

Une famille dans Hotell
Une famille dans Hotell

Le lecteur rentre dans Hotell par l’image d’une chambre. Il faut dire que le tome précédent avait dévoilé une façade cachée de cet hôtel. Le Pierrot Courts n’apparaît le long de la Route 66 qu’à des individus désespérés. Chaque épisode de la série décrit donc le séjour d’un nouvel occupant. Cependant, le lecteur croise des personnages d’une histoire à l’autre. Les différents récits prennent un sens différent dans le dernier chapitre rassemblant tous les fils précédents pour proposer une fin cohérente. Le dernier épisode du tome un se concluait par l’apparition d’un clown blanc gigantesque. L’Hotell devenait une personne punissant les criminels et les pécheurs ou offrant une chance aux plus faibles. Ce deuxième volume révèle de nouvelles pièces cachées de l’Hotell expliquant l’origine démoniaque du lieu.

Dans ce deuxième volume, le scénariste John Lee joue avec nos nerfs car le lecteur sait que cela va mal finir mais jamais quand. A chaque page, on attend la catastrophe et on repère les indices pour deviner ce qui va provoquer la chute des occupants. Une mère s’inquiète car son enfant est allergique aux cacahuètes. La radio fait le récit des violences des rugissants 666, un gang de motard. Le lecteur cherche des liens entre les récits. Les motards roulent entre les chapitres. Un cri retentit entre les épisodes. Un arbre s’enracine dans les feuilles précédentes. Ce ne sont que les galeries les plus évidentes mais chaque chapitre ajoute une nouvelle densité à l’ensemble. John Lee renforce d’ailleurs les liens en faisant revenir un personnage du tome un qui sait comment fonctionne l’hôtel.

On peut même voir des liens thématiques entre les chapitres. Hotell dévoile les mensonges de notre société. Le bonheur parfait d’une famille est un mensonge. Le couple est en crise car le père a provoqué la faillite de la famille. La série est un réquisitoire contre la liberté individuelle. L’espoir de recommencer en oubliant le passé est un leurre. Le destin dans Hotell est le plus souvent tragique.

Des locataires toujours sur place

La malédiction d'Hotell
La malédiction d’Hotell

L’équipe créative du tome un reste en place : John Lee est le scénariste et Dalibor Talajić reste le dessinateur. Dans Hotell, chaque épisode doit achever son histoire en vingt pages. Cette structure, a priori, rigide devient un jeu pour le scénariste. Le premier chapitre décrit le destin d’une famille dans l’Hotell évoquant des faits divers comme l’affaire Romand. Dans le troisième récit, un dessinateur touché par la grâce comprend le prix à payer. On pense au Dorian Gray d’Oscar Wilde. John Lee reprend les codes des récits d’horreur : des motards trop sûrs de leur force, une idée folle comme le remplacement d’un enfant se révèle vrai… Le livre suit deux récits en parallèle a priori sans rapport. En début sur chaque chapitre, L’aubergiste raconte le conte du tigre et du bouc alors que les images et les dialogues montrent des récits séparés.

Le scénario d’Hotell conserve la structure du premier tome. L’aubergiste de l’hôtel Pierrot Courts parle au lecteur à chaque début de chapitre. On pensait que Jack Lynch était le grand maître de cet antre de l’horreur mais ce tome nous le montre à genoux et épuisé. Blessé au nez, il se souvient en effet de chaque locataire et de leurs fins tragiques. Cette scène récurrente prend sens dans le dernier chapitre. Tous les personnages – survivants – des pages précédentes se retrouvent. Si Hotell reste une série pour vous faire peur, elle sait parfois être touchante comme l’épisode très réussi sur un chien.

Le dessinateur sait mettre en page ces récits. Son style assez neutre cache une mise en page dynamique. La lecture est haletante. Les visages transmettent l’angoisse. Il rend des idées folles crédibles comme les motards avec des masques vénitiens. L’artiste du troisième chapitre lui ressemble d’ailleurs physiquement. On le comprend dans les textes en fin de deux livres par le dessinateur et également le scénariste.

Après la surprise du premier tome d’Hotell édité par Black River, le lecteur pourrait craindre l’installation d’une routine par le maintien de l’anthologie par épisode. Cependant, le scénariste John Lee sait apporter de la nouveauté en creusant le passé du lieu et en proposant des personnages forts.

Retrouvez d’autres récits d’horreur avec Ice Cream Man et A Walk Through Hell.