Le Marshal Bass revient dans le présent

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Alors que le tome sept de Marshal Bass revenait aux origines de ce policier Afro-Américain, ce nouveau titre reprend les classiques du western par une chasse à l’homme… ou plutôt à la femme. Découvrez La Mort misérable et solitaire de Mindy Maguire dans cette chronique

Chassez la femmeLa chasse à l'homme dans Marshal Bass

En 1877, la ville de Dryheave dans l’Arizona est sous le choc : un homme a été tué dans le bordel local. River Bass est engagé pour retrouver le coupable qui est en fait une femme. La professionnelle Mindy Maguire a assassiné un client avant de fuir vers le territoire indien. Si Bass veut la retrouver c’est aussi pour la sauver. En effet, le meurtre d’un homme par une femme (en particulier une prostituée) provoque un sentiment de rage de la part des hommes, surtout quand cette colère est stimulée par le whisky.

Ce huitième volume de Marshal Bass montre aussi des conflits d’autorité entre le shérif (blanc) et le marshal adjoint (noir). Dans la ville, River Bass ne peut agir mais la situation change en quittant les dernières maisons. Cette série présente au lecteur une vision neuve du western en se concentrant sur la communauté Afro-Américaine subissant le racisme. Même River Bass doit rentrer par l’arrière de la maison close pour enquêter. Face à lui, le shérif Lawrence organise la battue mais il cherche une revanche plutôt que la justice. Son expédition chez les Amérindiens devient une virée de brutes bourrés et assoiffés de sexe. Rapidement, elle vire à la comédie picaresque.

Un épisode féministe

Contrairement à ce que laisse entendre le titre de la série, Marshal Bass n’est pas un récit solitaire. Les femmes sont présentes et diverses. Effrontée et allergique aux conventions, Mindy est une femme en quête de liberté. La violence contre les femmes est un fil conducteur de la série au Mexique contre l’épouse Bathsheba ou dans le passé esclavagiste. A nouveau, dans La Mort misérable et solitaire de Mindy Maguire, c’est Bathsheba qui pousse River à agir. Elle est en effet touchée par la situation de Mindy qui illustre le sexisme de la société. Cette épouse agit par solidarité avec la patronne Afro-Américaine du bordel. Cette subtilité est parfaitement mise en image. Le dessinateur Igor Kordey est toujours aussi impressionnant. Par des plans serrés sur les visages, il montre l’animalité des hommes désirant chasser Mindy. A l’inverse, une double page autour d’un paysage éblouit le lecteur. Même si les coloristes changent – avec Len O’Grady sur le premières pages puis Anubis – on retrouve l’art du contraste qui fait la qualité de la série.

Une série uniqueUn trait et des couleurs uniques dans Marshal Bass

Des liens se tissent entre les différents tomes de Marshal Bass. On croise le frère d’une famille centrale dans le passé de Bass. Au fur et à mesure des albums, le héros est de plus en plus sombre. Cette noirceur a été expliqué dans le tome précédent. Alors qu’il a une famille nombreuse, l’anti-héros est seul. Il s’est fâché avec sa fille et sa femme avait fui au Mexique.

La famille Bass est au centre de chaque tome mais le scénariste Darko Macan montre l’inégalité sociale et la diversité interne de cette communauté. Bathsheba, l’épouse de Bass, représente la petite bourgeoisie grâce à son petite commerce. Cléopatra imite les Blancs et méprise les pauvres Noirs comme ce clochard apparaissant en début de volume. Le scénario de Darko Macan est d’ailleurs très malin car on pourrait croire que ce clochard ne sert à rien dans le récit mais le cliffhanger final change tout.

Édité par Delcourt, ce nouveau tome est une nouvelle preuve de la qualité de la série. Marshal Bass propose des aventures distrayantes reprenant les codes du western mais pas seulement. La série est profonde par les personnages complexes. Elle est engagée dans la représentation des minorités. Enfin, les conclusions souvent très surprenantes et le tome huit ne déroge pas à la règle.

Vous pouvez trouver des chroniques vers le premier tome de la série et vers Colt & Pepper des mêmes artistes.