Découvrez le versant italien de Disney avec Romano Scarpa

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Certains affirment que Disney est le signe de l’omniprésence américaine dans l’imaginaire des enfants. Pourtant, ce tome 12 des intégrales Romano Scarpa prouve que Mickey est vénitien. Découvrez la solution à ce mystère dans la chronique suivante.

Des aventures classiques…

Romano Scarpa s'empare de Picsou

Dès la première histoire de Romano Scarpa, le lecteur profite du plaisir de se glisser dans des codes bien connus. Plusieurs histoires suivent des personnages célèbres : Mickey, Dingo mais surtout Picsou et Donald. Les castors juniors sont plus malins et cultivés que les adultes. Picsou est l’archétype du capitaliste. Cet avare fait tout pour vendre un terrain dans une vallée inhospitalière. Plus loin, il est poursuivi par son éternelle soupirante Brigitte. Malgré la constante méchanceté de départ de Picsou, chaque histoire finit par un happy end. Son neveu Donald est le dindon de la farce, si on peut le dire pour un canard. Il se fait manipuler par Picsou qui joue sur son arrogance et sa pauvreté pour servir ses propres desseins. Il est aussi malchanceux comme le montre les problèmes avec son nouveau bateau.

Le fan retrouve aussi la concurrence entre Donald et Gontran. Malgré toutes ses tentatives, Donald perd car son cousin a la chance de son côté. Grâce à Romano Scarpa, le lecteur redécouvre alors des personnages secondaires de la riche galerie Disney : l’inventeur Géo Trouvetou, le rival de Picsou Flairsou et le merle parlant mais colérique Genius qui profite d’un portrait complet en fin de volume. Ces personnages sont rarement sympathiques. En plus d’être radin, Picsou tyrannise son secrétaire Hamilcar. Donald veut fuir le travail mais, se faisant, il ne cesse de travailler.

Il y a également un plaisir de lecture dans les scénario de Romano Scarpa comme lorsqu’une chasse au trésor se double des maladresses de Donald. Ailleurs, des histoires sont délirantes comme ce trafic d’œufs dorés.

… mais si Disney était italien ?

L’éditeur Glénat s’est fait une spécialité de la réédition des classiques de Disney. Ils ont déjà publié les intégrales de façon chronologique des œuvres de Carl Barks, Floyd Gottfredson et Don Rosa. Elles publient désormais le maître italien Romano Scarpa et arrivent dans Deux têtes pour un turban et autres histoires à l’année 1965 avec de nombreux inédits. Scarpa est principalement dessinateur même s’il est aussi le scénariste de certains épisodes. Le dessin est totalement dans les codes de Disney. On peut cependant trouver les couleurs vives un peu daté

Et si c’était la meilleure édition ?

Un exemple du talent de Romano Scarpa

Le but des « Grands Maîtres Disney » est d’élever ces séries à la hauteur des classiques. On est très loin des revues de notre enfance. La couverture et les premières pages reprennent le style des beaux livres anciens. Le papier est d’un beau blanc ivoire et on trouve aussi un signet. D’autres part, tout un appareil critique éclaire chaque épisode.

Le sommaire est très précis et chaque épisode débute par une présentation complète de l’équipe artistique, par le nombre de pages, la couverture d’origine de la revue, la première publication italienne et française mais surtout une analyse courte mais très fouillée du scénario et de la mise en page. Ce texte liste les influences de Romano Scarpa et replace certains éléments dans l’époque.

Une introduction s’intéresse à la représentation de Venise dans la culture populaire en comparant la BD américaine Johnny Hazard de Frank Robbins et les pages de Scarpa. L’auteur vénitien est très attaché à la fidélité de la géographie même pour des bds pour enfants. Il est pour lui hors de question de mettre des voitures au centre et des navires étrangers mais il représente avec justesse un village de la banlieue vénitienne. Il retrouve, plus loin, cet aspect italien quand Donald voyage à Naples. Le volume se termine par des images montrant la carrière de Romano Scarpa dans l’animation avec de nombreuses images.

Par la qualité des épisodes et de l’édition, les trésors de Disney prouvent par ce nouveau tome qu’elle est une grande collection pour des auteurs méconnus. Cette série démontre également que l’Italie était dans l’après-guerre un vivier de talents.

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