Critique « Locke & Key » : la nouvelle pépite Netflix?

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La série Locke & Key est disponible sur Netflix depuis le 7 février dernier. Retour sur une adaptation qui a déjà fait couler beaucoup d’encre.

Locke & Key : l’histoire

Imaginez un peu que vous découvriez, peu après l’assassinat de votre père, que la famille de celui-ci possède une immense et mystérieuse demeure gothique. Et que votre mère, pour vous aider à vous remettre de cet épisode douloureux, vous fasse emménager dans cette maison aux allures de manoir victorien au passé douteux et peu rassurant.

C’est ainsi que démarre la série Locke & Key, nouvelle pépite Netflix. Nous découvrons la famille Locke, qui vient de perdre son patriarche, Rendell Locke. Nina, la veuve ex-alcoolique qui tente de protéger ses enfants. Tyler, l’ainée de la fratrie, sorte de roi du lycée en pleine déprime, mais qui se révélera être plus intéressant qu’il n’y paraît. Kinsey, la benjamine incomprise. Et enfin, Bode, le petit dernier, qui sera la clef du départ de l’intrigue.

Et justement, en parlant de clefs, ce sont elles qui vont nous intéresser. Car, voyez-vous, Key House (nom de la demeure) n’est pas qu’une immense maison un peu creepy. En plus de nous rappeler The Shining, le domaine de la famille Locke a pour particularité de cacher dans son antre plusieurs clefs aux pouvoirs aussi extraordinaires que diaboliques. Seuls les enfants Locke peuvent en entendre les murmures et les retrouver. Ils découvrent des clefs, comme la « Anywhere Key » qui peut vous transporter à n’importe quel endroit, sous réserve que celui-ci soit doté d’une porte, en un seul tour de serrure. Ou encore la « Head Key », qui vous permet d’entrer dans votre propre tête et ainsi d’y rencontrer vos plus lourds secrets.

Cependant, ils ne sont pas les seuls à connaître l’existence de ces clefs… Une puissance démoniaque, se présentant sous la forme d’une jeune femme et répondant au nom de Dodge, est prête à tout pour s’en emparer.

Un développement compliqué

Bien que l’histoire semble relativement simple en théorie, son adaptation à l’écran a connu beaucoup de rebondissements. Locke & Key, c’est avant tout un comics écrit par Joe Hill (le fils de Stephen King, et l’auteur de Cornes ou Dans les Hautes Herbes par exemple), illustré par Gabriel Rodriguez. Et l’univers développé dans Locke & Key est tellement riche et complexe que beaucoup se sont brûlé les ailes en essayant de lui donner une forme télévisuelle.

Locke & Key
Le trio infernal

Tout d’abord, c’est la Fox qui annonça son rachat des droits et la production d’une série en 2010. Raté, elle ne verra jamais le jour. Puis, en 2014, Universal se mit en tête qu’une trilogie d’horreur au cinéma rendrait justice aux comics. Encore raté, aucun film ne sera fait. Ensuite, c’est Hulu qui, 2017, commanda un pilote basé sur l’univers crée par Hill et Rodriguez. Triple raté, car le service de streaming ne validera pas la série.

Il aura donc fallu attendre 2020 et Netflix pour que Locke & Key soit enfin porté sur le petit écran. Et de façon plutôt réussie.

Locke & Key, le nouveau Stranger Things?

Un groupe d’adolescents qui doit faire face à d’étranges forces du mal, sans l’aide des adultes qui semblent complètement indifférents ou perdus, ça vous rappelle quelque chose ? Normal, le public visé par Netflix lors de la création de Locke & Key était bien évidemment le même que celui qui a adoré Stranger Things. Cette dernière arrivant à sa fin (la 4e saison est prévue pour courant 2020), Netflix se devait de trouver une nouvelle poule aux œufs d’or pour les adulescents que nous sommes !

Cependant, les ressemblances avec la série des frères Duffer est loin d’être dérangeante. Après tout, les groupes d’ados aventuriers ne sont pas nés Hawkins : les Goonies, E.T… La jeunesse face à l’inexplicable est le roman initiatique de notre époque. De plus, l’univers de Locke & Key est tout de même très différent de celui de Stranger Things. La demeure des Locke, Key House, est un personnage à part entière et l’action s’en éloigne rarement géographiquement, sauf pour nous montrer les enfants Locke au lycée (et tourner parfois à la série pour ados, nous rappelant alors Riverdale ou Sabrina).

Locke & Key
La fameuse Key House…

Netflix a tout de même pris soin d’édulcorer le comics de Joe Hill et Gabriel Rodriguez, afin de rendre son adaptation plus family-friendly. En effet, adieu morts sanglantes et scènes malaisantes. Les décès sont suggérés, ou arrivent hors champs et on découvre un cadavre beaucoup plus « propre » qu’il ne l’aurait été dans l’œuvre originale. Le but, une nouvelle fois, est de plaire aux jeunes (adultes) en recherche de quelques frissons et d’une histoire fantastique. Il n’est pas question ici de trouver un successeur à American Horror Story.

Les intrigues de l’histoire, différentes de celles du comics, sont correctement développées, mais prennent un peu de temps à se mettre en place. On sent dès le 3e épisode que le but est de préparer le terrain pour d’autres saisons. Les différentes pièces du puzzle se mettent en place doucement et l’on comprend, un peu tardivement, où tout cela est censé aller. L’épisode 7 est d’ailleurs assez étrange car il se déroule comme une fin de saison, alors qu’il reste encore 3 épisodes avant le fameux twist qui nous explique que, oui, il y aura bien une suite. Il fallait régler une partie de l’histoire avant de passer à la suite, car tout le monde ne peut pas se permettre de tirer 36 ficelles narratives en même temps (n’est pas G.R.R Martin qui veut !).

En conclusion

Malgré une mise en place un peu longue, Locke & Key est une très bonne série de dark fantasy, basée sur les excellents romans graphiques de Hill et Rodriguez. Même si Netflix a fait le choix d’en proposer une version grand public, Locke & Key ne perd en rien son originalité et s’impose comme l’un des poids lourds de ce début d’année.