La Tresse – « En Inde, il vaut mieux naître vache que femme »
Smita, une Indienne Intouchable, se débrouille pour tirer sa fille hors de l’indigence ; Giulia, une Italienne, hérite de l’affaire familiale à la limite de la débâcle pécuniaire ; Sarah, une Canadienne, apprend qu’elle a une tumeur maligne.
Les Indiens ont inventé une forme inédite d’ostracisme dont j’ignorais jusqu’à l’existence : une marginalisation due non pas à l’ethnie , à la religion, à l’idéologie ou encore à la sexualité que l’on peut concevoir sans légitimer ; eux proscrivent ceux qui auraient été impurs dans une vie antérieure. Le fait que la réalisatrice soit aussi l’auteure du livre amène certainement une vision identique à celle d’un roman qui est apparemment une réussite. Trois femmes, trois existences, trois contrées sur trois continents différents pour trois protestations de leur condition prédéterminée. Ces destins qui n’ont, selon toute vraisemblance, aucun lien entre eux seront associés très sagacement et fort joliment. Le métrage est tellement prenant qu’on se retrouve hébété lorsque le générique surgit.
Pas de vagues – « Ronsard, c’est un charo, en vrai »
Suite à l’illustration d’astéisme et d’autres bévues, une élève taciturne se sent harcelée. Quand le frère de celle-ci s’en mêle, tout s’exacerbe.
Toute la rudesse d’être enseignant est exposée à quelques mois de l’ignoble assassinat de Samuel Patty, par exemple la scène où son homosexualité est révélée par l’intermédiaire de portables et de réseaux sociaux. L’authenticité est d’autant plus importante que le récit est inspiré d’un épisode de la propre vie du réalisateur. On estime les propos et les réponses du professeur idoines, à première vue, mais il ne fait, en réalité, que s’enfoncer davantage. Les protagonistes possèdent une part occultée qui empêche sagacement le métrage de basculer dans le simplisme. Lorsque la gamine accusatrice sort enfin de sa torpeur et de son mutisme, on est foncièrement agréé. L’engenage monstrueux de la rumeur est disséqué analytiquement. Bref, un constat âpre, teinté d’amertume à propos de notre époque.
American Fiction – « The Artificial Nigger »
Un écrivain pastiche la négritude pour faire une blague à son éditeur. Mais à sa grande stupéfaction, le manuscrit a un succès phénoménal.
Un sublime camouflet à la bienpensance des élites progressistes qui permet de fustiger la victimisation de certains auteurs afro-américains, des lecteurs blancs qui s’en délectent, des simagrées de l’industrie et tout simplement du wokisme. Les dialogues sont très intéressants notamment avec une consœur ou une de ses étudiantes s’offusquant du mot nègre inscrit au tableau. La fin est réalisée avec beaucoup de sagacité, car on ne sait plus quelle fiction est dans la fiction.