Dans cette série, Woody Allen nous propose de découvrir la vie dans les années 60 d’une famille banlieusarde de classe moyenne, dont la visite inattendue d’un invité va venir bouleverser le quotidien. Revenons sur Crisis in six scenes, une des séries les plus attendues de cette rentrée.
Dés la première minute de Crisis in six scenes, nous retrouvons la patte de Woody Allen avec un Woody cynique, qui bégaye, balbutie sur sa coupe de cheveux, son écriture, puis sur la société. Son personnage, Sidney Mussinger, un nouvelliste qui écrit aussi des publicités pour gagner sa vie et qui se laisse convaincre d’écrire une série, nous renvoie clairement au réalisateur. Fermant la discussion sur cette question, il nous laisse ensuite découvrir les autres personnages de cette mini-série.
Une intrigue intéressante à première vue
On découvre ainsi une galerie de personnages hauts en couleurs. Sa femme Kay (Elaine May) est une conseillère matrimoniale pas vraiment douée, qui, à ses heures perdues, mène un groupe de lecture très influençable. Elle et ses comparses se laisseront en effet facilement convaincre par les arguments exposés par Lenny (Miley Cyrus), une activiste qui se bat contre la guerre du Vietnam et la société capitaliste. Elles ne seront pas les seules à se laisser convaincre puisque Alan (John Magaro), le fils d’ami de la famille hébergé par Kay et Sidney, un jeune bien sous tous rapports, se laissera aussi séduire par Lenny et ses idées… Et cela lui explosera littéralement à la figure.
Et si l’intrigue donne envie, elle a du mal à se mettre en route. On est toute de même happés par cette galerie de personnages, mais cela est surtout dû au format, malgré les belles performances des acteurs. La série se présente en effet plus comme un film en six chapitres que comme une véritable série. Crisis in six scenes est tournée comme un film, les épisodes s’enchaînent ainsi naturellement poussant au bingewatching. On regrette toutefois que le réalisateur n’ait pas su utiliser les codes des séries.
Une comédie fidèle au cinéma de Woody Allen
À défaut de retrouver les codes de la série, on retrouve clairement ceux du réalisateur : cynisme, critique de la société, des personnages « Woodynesques » , de longs dialogues… La série se repose d’ailleurs beaucoup sur ces derniers… et pour une série sur l’activisme, cela est bien dommage. D’autant plus que si les dialogues sont pertinents, ils perdent parfois de leur force en tombant dans un certain bavardage, voire certains clichés. On aura tout de même droit à quelques moments d’anthologie : voir Woody Allen sauter d’un toit, cela n’a pas de prix ! Et puis, nous le savons bien chez Woody, la comédie passe plus souvent par la finesse de ses mots et ses personnages.
En se basant sur ces critères et le scénario : « Des personnages embourgeoisés qui passent des heures à débattre sur la société sans pour autant agir, avant l’arrivée d’une fracassante d’une activiste au franc parler et sans limites qui vient mettre un coup de pied dans la fourmilière pour réveiller les esprits formatés », tous les éléments semblaient être là pour faire une bonne comédie. Or au final, nous tombons hélas vite dans un schéma vu et revu chez Woody Allen. Le rythme n’est pas soutenu, certains passages nous feront rire et nous enthousiasmeront, d’autres nous ennuieront. Épisode après épisode, nous nous laissons emporter en espérant le petit truc en plus qui rendra cette expérience meilleure, sans qu’il arrive vraiment. Heureusement, la fin près du vaudeville redonne un peu de souffle à cette comédie parfois un peu trop bavarde.
Quand le générique final défile, nous restons tout de même sur notre fin, ne sachant pas trop quoi penser de ce premier essai moyennement convaincant. Et à vrai dire la série n’a rien de marquant, on l’oublie tout aussi vite qu’on l’a vu. Woody Allen reste meilleur cinéaste qu’il n’est showrunner, mais nous le saluons pour son effort.