Jeux Vidéo : Pourquoi faut-il s’attendre au retour de « Alan Wake » ?

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Cette semaine annonce le dixième anniversaire du jeu vidéo Alan Wake du studio Remedy. Alors que Control commence la sortie de ses DLC, tout semble indiquer que Alan Wake doit bel et bien faire son retour prochainement. Justfocus tient cependant à vous préciser que cette analyse contient d’importants spoilers sur Alan Wake mais aussi sur Control et qu’il serait judicieux de finir ces derniers.

Pour celles et ceux qui n’auraient jamais joué à l’exclusivité Microsoft, Alan Wake raconte l’histoire d’un écrivain qui part avec sa femme Alice à Bright Falls afin de retrouver l’inspiration. Hélas, il va se retrouver confronter à une série d’événements cauchemardesques venant d’un roman d’horreur qu’il ne se souvient pas avoir écrit.

Une suite qui ne viendra jamais ? Vraiment ?

Inspiré par ses modèles littéraire (Stephen King) et cinématographiques (Twin Peaks de David Lynch), Alan Wake fut élu meilleur jeu de l’année 2010 par le célèbre magazine Times. Malheureusement, les ventes furent décevantes selon Microsoft, malgré un nombre de copies pirates impressionnants. Les critiques quant à elles, l’acclamèrent. Cela permis également à bon nombre de joueurs de découvrir le groupe de rock finlandais Poets of the Fall (qui avait déjà signé la chanson de fin de Max Payne II du même studio).

En juillet 2019, le studio de développement Remedy récupère les droits d’Alan Wake. Mais rien n’indique concrètement un retour tant ils ne résultent rien des entretiens avec les employés du studio.

« Il y a quelques années, nous avons travaillé sur Alan Wake 2 mais les choses ont tourné différemment. Une bonne partie de ce que nous avons fait ces cinq dernières années a servi à nous mettre dans une position où nous avons davantage de contrôle (…), l’opportunité de décider de ce qui se passe lorsque le jeu sort. Bien entendu, nous essayons toujours de bâtir une franchise. Nous avons passé tellement de temps à construire ce monde. Et lorsque vous ne pouvez l’exploiter que pour un seul jeu, c’est un travail colossal. Nous n’avons rien contre les suites, et nous aimerions vraiment continuer à travailler sur Control. Mais bien entendu, il faut pour cela que le jeu soit bon et qu’il nous serve de tremplin pour que nous puissions en faire d’autres. Nous sommes concentrés sur cela. » (Thomas Pusha, directeur de la communication)

Sam Lake, créateur de Alan Wake et de Max Payne, semblait tout de même très motivé à vouloir donner une suite à son jeu culte. Après tout, la licence lui appartient à nouveau. De plus, Control dépasse les attentes en termes de critiques et de ventes. Le jeu ayant même obtenu, quelques mois plus tard, le Game Award de la meilleure direction artistique. Il est devenu ainsi l’un des jeux gagnants avec Death Stranding et Sekiro Shadows Die Twice.

« Je veux le faire. C’est une chose curieuse. À ce stade, beaucoup de temps a passé. Je pense que la barre est plus haute sur certains points. Il faut le faire correctement, si on le fait. Tout doit être en place, ce qui est vraiment difficile à atteindre. Alors beaucoup de choses, pour que ces gros jeux soient Gold, doivent être alignées. Mais j’espère qu’un jour… »

Pourtant, en attendant le retour tant espéré du célèbre écrivain fictive, on constate que Remedy tient beaucoup trop à sa licence.  En effet, l’entreprise n’hésite pas à la citer régulièrement et en ajoutant beaucoup trop de documents la concernant. L’auteur à la lampe torche est destiné à revenir. Mais serait-il possible de penser que Remedy annonçait bien son retour depuis longtemps ?

Alan Wake ou le rôle de « l’Écrivain » ?

Alan Wake eut lui-même droit à deux DLC, plus ou moins convaincants, mais qui en disaient un peu plus sur l’Antre Noire. Concentrons-nous sur le deuxième intitulé « L’écrivain » dans lequel Alan réussit à vaincre sa folie depuis qu’il est enfermé ici, après avoir pris la place de sa femme grâce à l’aide du mystérieux poète Thomas Zane. Il sait alors que la seule manière d’échapper à ce cauchemar est d’écrire à nouveau. « Return by Alan Wake » marque définitivement la fin du jeu. Dans cette dimension parallèle où Alan est contraint d’écrire, il n’a que quelques souvenirs de sa réalité : le groupe Old Gods of Asgard (Poets of The Fall sous un nom vidéoludique), les poèmes de Thomas Zane et son passé d’écrivain.

Alice avait échappé à l’Antre Noire et l’emprise de Barbara Jagger uniquement parce que son époux avait pris sa place. Et cela serait en quelques sortes ce que ce dernier rechercherait à faire lui aussi. A l’exception près qu’il souhaite briser le cycle en le perpétuant. Et pour cela, il doit mettre fin à ce cycle de répétition déjà entamé par Thomas Zane dans le passé.

121366 Jeux Vidéo : Pourquoi faut-il s'attendre au retour de "Alan Wake" ?

Alan Wake’s American Nightmare, canon ?

Sorti en 2012, ce jeu sorti sur le Xbox Live s’est plus révélé être un jeu utilisant l’univers d’Alan Wake sans en faire une suite pour autant. On retrouve l’écrivain dans un scénario qu’il à écrit pour la série Night Springs (Zone X en français) . Il se retrouve confronté à Mr Scratch (Grincement), son double maléfique. Pour celles et ceux qui s’en rappellent, ce double étrange apparaissait déjà dans le dernier chapitre du jeu original. « Lui, c’est Mr Scratch. Il prendra votre place en attendant votre retour » selon les dires de Zane alors qu’il demande au joueur de retourner à Cauldron Lake.

Dans ce spin-off, il se révèle que Mr Scratch est un être diabolique, se rapprochant d’un Patrick Bateman (le roman American Psycho de Bret Easton Ellis). Remedy le présente déjà comme un psychopathe laissant parler sa folie dans le teaser du jeu. Alan aurait alors décidé de faire revivre ce souvenir de scénariste de séries fantastiques dans le but d’effacer son double. Son seul espoir, ne pouvant encore trouver la solution idéale pour sortir.

Alan Wake’s American Nightmare se révèle un jeu sympathique mais nullement innovant. En effet, il n’apporte rien de nouveau du jeu original à l’exception d’un mode Arcade, finalement très dispensable. La bande originale se permet de reprendre le groupe Poets of the Fall (toujours sous le nom des Old Gods of Asgards.)

Balance Slays the Demon devient le thème principal du jeu. Cependant ce titre contient une petite surprise : des paroles volontairement dites à l’envers racontant : « It will happen again, in another town, a town called Ordinary ». (Cela va recommencer, dans une petite ville, une ville appelée Ordinary). Un détail sur lequel personne ne prêtera d’attention avant la sortie de Control, dernier jeu en date de Remedy.

Remedy finit par abandonner sa série de spin-off consacrée à l’écrivain et se lance dans la production de Quantum Break sur Xbox One.

Quantum Break, nouvelle oeuvre de Remedy :

« Après Alan Wake, nous sommes allés vers Microsoft et nous avons présenté nos idées sur ce que pourrait être Alan Wake 2. Mais à ce moment, ils n’étaient pas intéressés pour faire exactement ça. Ils voulaient quelque chose de nouveau. Et surtout, ils voulaient que nous créions pour eux une nouvelle licence. » (Sam Lake, 2017)

Ce nouveau jeu sortis en 2016 met en scène Jack Joyce qui se voit capable de maîtriser le temps. Reprenant le gameplay de Alan Wake, le jeu s’annonce comme un nouveau début pour Remedy. Notons d’ailleurs la présence de l’acteur Aidan Gillen (Game of Thrones) dans l’un rôles principaux. Les critiques ne sont pas unanimes mais félicitent son approche « série TV ».

Pourtant, Sam Lake n’en aurait pas fini avec son écrivain. Preuve en est qu’il veut absolument le mentionner à nouveau via l’intermédiaire d’une fausse bande annonce dissimulée dans le jeu intitulée : « Return« . Autant dire que nombreux joueurs ont cru jusqu’au bout à une potentielle suite, allant parfois jusqu’à penser que Quantum Break serait un spin-off du jeu.

Control, plus proche qu’il n’y paraît ?

Aux premiers abords, le scénario de Control se révèle très difficile dans sa compréhension si le joueur ne prend pas le temps de trouver tous les documents cachés. Jesse Faden devient la nouvelle directrice du Bureau afin de sauver son frère Dylan, retenu quelque part dans le bâtiment surnaturel. Tout est envahi par une entité étrange, le Hiss, que Jesse doit combattre. Ce Hiss pousse tout le monde à la folie. Les grands scientifiques du Bureau ne parviennent pas à le contrôler et certains tombent à sa merci, sans parler des nombreux « objets de pouvoirs » cachés aux yeux de tous pour éviter des dégâts incommensurables. Jesse doit justement trouver un Projecteur à l’aide d’un esprit dans sa tête qu’elle appelle Polaris.

Le joueur peut trouver des easter-eggs sur Alan Wake, pourtant il semble être plus une connexion directe avec le jeu qu’une simple successions de clins d’œil dissimulés un peu partout. Tout d’abord, le joueur peut trouver plusieurs documents révélant que le Bureau à lancer une enquête à Bright Falls et retrouver Alice. Le joueur peut même retrouver un enregistrement holographique d’Alan dans une zone secrète du Panoptique. L’auteur explique qu’il n’a jamais quitté l’Antre depuis 10 ans. De plus, son CV d’écrivain semble assez connu du Bureau puisque son roman Alex Casey est mentionné par les personnages et que Night Springs serait produit en grande partie par eux.

Ces easter-eggs ne semblent finalement qu’une partie émergée de l’iceberg. On finit même par supposer que Control est une « suite » au jeu de 2010, que Control ne serait finalement que la tentative d’écrire de Wake.

De plus, dans les documents, on apprend que l’écrivain aurait pu être un candidat potentiel pour être Directeur du Bureau Fédéral de Contrôle. En effet, il fut capable de s’emparer du Rupteur, objet qui lui permettrait d’éliminer définitivement l’antagoniste de son aventure.

« Ordinary » et le « Hiss ».

Jesse et Dylan ont tous les deux grandis dans une ville du nom d’Ordinary, victimes d’un événement dramatique. Il est aussi le lieu de naissance de Thomas Zane, qui s’est arrangé pour que tout le monde l’oublie, à l’exceptions de ceux qui doivent lutter contre l’Ombre. Dans Control, Jesse est la seule à se souvenir de lui lorsqu’elle le mentionne dans un entretien enregistré par une psychologue qui lui dit que ce poète n’a jamais existé. Ordinary était aussi le nom donné de l’unité de lieu dans lequel se déroulerait un probable Alan Wake 2, finalement abandonné. Son emplacement serait dans le Maine selon le jeu Quantum Break, qui avait aussi droit à son lot de clins d’œil liés à l’écrivain.

Jesse finit par se rendre compte que le Hiss condamne les gens à une autre réalité. Dylan, lui-même piégé, explique, si le joueur persiste longtemps à l’interroger, que dans ses rêves à cause du Hiss, il ne sait plus s’il est dans la réalité ou dans une autre. Lorsque Jesse se retrouve elle-même prisonnière du Hiss, elle se retrouve dans une toute autre réalité dans laquelle elle doit faire un boulot de secrétaire sans fin (qui correspondrait au rêve de Dylan alors directeur). Le joueur devant se débrouiller pour reprendre le contrôle de la situation tandis que la jeune femme sombre peu à peu dans la folie.

C’est ce qui est arrivé au Docteur Casper Darling, porté disparu mais dont on sait l’importance au sein du Bureau. Le joueur ne le rencontrera jamais, mais peut, grâce à un enregistrement vidéo dans une chambre d’hôtel, connaître son sort. Sa descente aux enfers le pousse à une danse exceptionnelle rappelant le double maléfique d’Alan Wake. Il serait même possible de suggérer que ce dernier ait tout simplement compris être piégé dans une réalité construite par l’écrivain et qu’il en perdit la raison ! Bref, une prestation qui vaut au jeu, une nomination au Game Award 2019 de plus pour la meilleure interprétation.

Le Bureau est victime du Hiss car l’ancien directeur Trench a activé le Projecteur, un puissant objet de pouvoir. Tout comme l’a fait Alan Wake dans le chalet de Cauldron Lake avec la machine à écrire. Il s’est ensuite débrouillé pour tout remettre en ordre grâce au Rupteur dans une boîte à chaussure donné par Zane. Dans Control, un document révèle que la boîte à chaussure n’a jamais été retrouvée.

« Take Control » !

Revenons enfin sur un personnage très particulier : Ahti, le concierge qui guide Jesse et semble l’empêcher de succomber au Hiss. Ce sera lui, via un endroit indéterminé de la carte ressemblant aux portes du Valhalla, qui donnera à la jeune femme la clé pour franchir le Labyrinthe du Cendrier et retrouver le Projecteur. Cette clé n’est autre que son walkman diffusant « Take Control » du groupe Old Gods of Asgard (la meilleure Gunfight de l’année 2019) que Jesse semble bien connaître aussi, à en croire sa réaction. Les paroles ne sont nullement anodines et mentionnent les réalités parallèles, Polaris, Ordinary etc… comme si tout était prédit…

De plus, dans cette étrange Valhalla dans lequelle seul Ahti peut se rendre, on découvre qu’il est amateur du Tango Finnois (Sankarin Tango). Musique exclusivement composée pour le jeu et qui, traduite, mentionne un poème, mais aussi une phrase pour le moins intrigante : « Ce n’est pas un lac, c’est un océan.« . Réplique que Alan Wake dit lui-même à la toute fin de son aventure. Ahti pourrait être le personnage permettant à l’auteur de guider Jesse vers sa porte de sortie…

On s’étonne de constater que Control serait le paroxysme des productions Remedy et centre de toutes leurs intrigues en attendant le climax. Il serait vraiment décevant que tout ceci ne soit que des easter-eggs d’un scénariste trop frustré de n’avoir donné naissance à son Michel-Ange, tant tout ceci semble méticuleusement recherché.

On se surprend même à penser que Quantum Break serait une première tentative d’évasion de l’écrivain. Et que le personnage de Jack Joyce serait lui-même candidat en tant que directeur du Bureau. Cela aurait pu expliquer aussi comment Max Payne (licence racheté par Rockstar Games) puise lui-même son mythique pouvoir du bullet-time. A moins que le suicide de Trench ne représente une probable disparition de Max Payne pour le studio…

Un prochain DLC pour Control devrait bientôt arriver après The Foundation et les fans sont impatients. Intitulé « AWE », il s’écrit avec la même typographie qu’Alan Wake et pourrait enfin agir comme le retour définitif de l’écrivain… ou la preuve ultime que Control serait une suite. Ce qui serait un grand twist annonciateur d’un Remedy Universe, à la manière de ce qu’avait fait par exemple Split de M. Night Shyamalan par exemple.

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Que cela ne soit que des spéculations ou la promesse d’une vraie conclusion pour Alan Wake, on ne peut que féliciter le studio Remedy d’avoir réussi à concevoir un tel univers donnant beaucoup de questions mais finalement peu de réponses. Quel sera donc le prochain jeu du studio ? En attendant, un joyeux dixième anniversaire à Alan Wake… et sors vite de l’Antre, on t’attend ! 

Bande annonce Alan Wake (2010) :