Rooster Fighter reste une pure folie

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Le coq destructeur de monstres géants est de retour dans le tome quatre de Rooster Fighter mais il est en congés. Pour lui, c’est le meilleur moment pour courir après toutes les poules. Enfin c’est ce que Keiji espère…

Après le déluge

le Don Juan sur patte dans Rooster Fighter

Ce nouveau tome de Rooster Fighter prend la suite directe du précédent.  Couvert de bleus, Keiji reprend conscience sur une colline ravagée par une inondation. Avec l’aide d’un kijû, il a pu empêcher que la ville soit noyée sous les eaux. Keiji peut enfin se reposer mais à sa manière. Il a justement l’opportunité de « se détendre » quand des pigeons viennent lui proposer un blind date collectif. Surpris puis ravi, le coq subira cependant un dénouement inattendu. On peut d’ailleurs saluer l’audace de la traduction d’Alexandre Fournier qui propose des jurons originaux comme « par fiente ». Une fois passée cette pause romantique, la seconde partie de Rooster Fighter est un choc. Un nouveau personnage, Keisuke, va chercher Keiji pour obtenir de l’aide face à une nouvelle menace, les kijin. Le coq se trouve confronté à une meute de monstres dirigés par des kijû conscients.

A la fois scénariste et dessinateur, Shu Sakuratani propose ici un volume de transition. Même si l’action est plus réduite, le lecteur prend conscience des changements de notre anti-héros. Par des flashbacks, Rooster Fighter creuse le passé traumatique de Keiji. Il n’arrive pas à accepter la disparition de sa sœur et fait encore des cauchemars sur son meurtre. Bien qu’il refuse de l’avouer, il s’attache à son poussin Piyoko et sa poule Elizabeth. Ils sont désormais inséparables. Fin gourmet, Keiji découvre par Elizabeth de nouvelles saveurs. Un nouveau coq de combat, Keisuke, prétend être le frère de Keiji. Il élargit considérablement l’arbre généalogique du personnage central de Rooster Fighter.

L’humanité paradoxale dans Rooster Fighter

Les nouvelles menaces dans Rooster Fighter

Rooster Fighter montre aussi les réactions de l’humanité devant Keiji. Au départ hostile, elle change d’avis quand il les sauve. La plupart sont reconnaissants de ses actes. Les plus âgés le considèrent même comme un dieu et les plus jeunes en font un modèle de vie.

Bien que Rooster Fighter soit totalement fantaisiste, la série est aussi instructive sur la zoologie. On découvre que les trous que font les gallinacées servent à se débarrasser des parasites. La poule brune refuse ces pratiques barbares préférant s’asperger d’anti-moustique. Le blind date avec les pigeons est l’occasion de comparer les mérites des deux espèces. On croise aussi un gang de lézards des rues.

La complexité croissante au fil des épisodes de Rooster Fighter se retrouve dans la description des kijû. Le lecteur pensait dans le tome un qu’il s’agissait de démons incontrôlables et bêtement destructeurs. Il a découvert que certains pouvaient parler et que d’autres avaient choisis la voie du bien. Dans ce nouveau tome de Rooster Fighter, c’est un vaste groupe organisé de kijû qui organise un complot.

 

Un dessin sur la crête de l’élite

Le dessin de Shu Sakuratani est toujours aussi précis et détaillé. Les scènes de combat dans Rooster Fighter sont dynamiques et proposent des acrobaties aussi redoutables qu’hilarantes. D’autres images de torture touchent le lecteur bien qu’il s’agisse d’un animal. Ses paysages sont splendides et Shu Sakuratani s’amuse à multiplier les animaux et les gallinacés sont de plus en plus variés. Les visages poussent les émotions au maximum par les expressions exagérées. Sakuratani réussit à conserver l’animalité de Keiji tout en nous transmettant ses différentes émotions. Il transforme un animal en bête de sexe. Ces images deviennent même une dénonciation du virilisme. Le dessinateur réussit aussi à proposer des monstres originaux. Une langue se transforme en une fleur parcourues de dents.

Édité par Mangetsu, ce quatrième tome de Rooster Fighter prolonge la folie de cette série où tout est possible. Un coq devient l’idéal sexuel de pigeons. Le lecteur croit au départ lire une série fun et découvre des pages modernes luttant contre les stéréotypes de genre.

N’hésitez pas à picorer des graines dans les articles sur les débuts de la série et sur une autre série folle de Mangetsu, Ping Kong.