One Piece, le live-action par Netflix : et ainsi se perpétua la légende

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Attendue depuis des mois par les fans du monde entier, dans un mélange d’impatience et d’inquiétude, l’adaptation en prise de vue réelle de l’oeuvre d’Eiichiro Oda a enfin débarqué sur Netflix le 31 août. Alors, touché ou coulé ? La rédaction de JustFocus vous donne son avis !

One Piece en live-action : le pari risqué de Netflix

Tous les fans d’anime et de mangas le savent : lorsqu’une plateforme ou un studio (souvent américain) s’empare d’une franchise nippone, le résultat n’est jamais vraiment à la hauteur. Voire carrément catastrophique. On ne remuera pas le couteau dans la plaie, mais les craintes des amateurs se comprennent aisément. Alors, lorsqu’en 2020, Netflix annonce vouloir adapter le manga le plus vendu au monde, celui dont les aficionados sont les plus coriaces et exigeants, un vent de terreur s’est levé.

Comment, mais comment adapter ce mastodonte ? Comment faire prendre corps à une intrigue construite depuis plus de vingt-cinq ans et dont les clés majeures ne sont toujours pas révélées, dont les personnages sont par définition même, inclassable par leurs pouvoirs ou leur apparence ? Comment rendre crédible cet univers magique et cruel, ce monument de la pop-culture, cette référence planétaire ? Et bien, c’est peu dire que l’ensemble de la production s’est sérieusement relevé les manches pour franchir le pas, assuré par ailleurs du soutien du mangaka. La bande-annonce finale, que vous pouvez voir ici, en donne un parfait aperçu.

One Piece by Netflix : casting et techniques

Le réalisateur Marc Jobst s’est entouré d’une équipe technique sur laquelle pesait une pression colossale, à mesure que les informations sur la future série étaient diffusées. Tournage en Afrique du sud, premières images des bateaux des différents équipages et enfin révélation du casting. Ce compte-à-rebours avait de quoi nous donner la chair de poule, faisant grimper notre impatience. Alors, qu’en est-il de ce premier point ?

Avec un budget colossal, la plateforme aurait pu se permettre d’investir dans des têtes d’affiche pour s’assurer au moins un succès d’appel. Mais Netflix a préféré s’entourer d’une équipe de jeunes acteurs dynamiques, qui ont su dès le départ s’approprier leur rôle et leur donner vie à travers l’écran.

Les huit épisodes, d’une heure chacun, permettent de mettre en avant les protagonistes un à un, à commencer évidemment par Luffy, joué par Iñaki Godoy. Ce dernier parvient à retransmettre toute l’énergie du héros, même s’il prend un côté plus sérieux que dans le manga d’origine. Difficile en effet de faire passer en mode réaliste toutes les singeries dont le capitaine au Chapeau de paille est capable. Néanmoins, son côté facétieux ressort parfois, tout comme sa volonté sans faille et sa loyauté envers ses amis.

Le reste du casting n’est pas en reste, puisque Mackenyu (Zoro), Emily Rudd (Nami), Usopp (Jacob Gibson) et Sanji (Taz Skylar) s’appliquent à faire ressortir le meilleur de leur personnage. On regrettera peut-être un léger manque de charisme pour celui qui incarne Shanks le Roux, Peter Gadot.

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Des acteurs qui s’investissent dans leur rôle.

Les effets spéciaux, sans être utilisés à outrance, sont efficaces et propres, et les décors fidèles. Contrairement à l’intrigue ?

One Piece by Netflix : changement d’ambiance

Résumer un arc entier, soit douze tomes au total, en seulement huit épisodes, représente un sacré challenge. C’est là que l’adaptation de Netflix peut pécher en un sens, puisque les scénaristes se sont vus dans l’obligation de couper des passages importants, voire des chapitres entiers. Ainsi, la destruction du village d’Orange par les hommes de Baggy le Clown n’est révélée qu’à travers ses ruines. Même la relation unissant Shanks à Luffy est mise de côté, fragmentée en mini-flashbacks qui ne rend pas hommage à leur lien.

Pourtant, d’autres personnages sont extrêmement bien travaillés, comme Zoro, dont le passé et le pacte avec Kuina est révélé tout le long d’un épisode, par fragments là aussi, mais des fragments qui répondent au présent et à l’épreuve que traverse Zoro à ce moment-là.

La grande surprise réside également dans l’importance donnée dès le départ aux personnages de Garp (Vincent Regan), Koby (Morgan Davies) et Hermep (Aidan Scott). Alors que dans l’oeuvre originale, leur entraînement par le vice-amiral et grand-père de Luffy est quelque peu passé sous silence, Netflix donne l’impression au contraire de vouloir le mettre en avant. Une manière d’augmenter le parallèle entre le héros Luffy et son ami et futur ennemi dans leur évolution ?

Par ailleurs, si le manga s’inscrit, du moins au départ, dans le pur style shonen nekketsu, la série de Netflix prend un virage à 180° et nous offre une oeuvre beaucoup plus adulte, dont l’ambiance tourne parfois carrément à l’horrifique, lorsque nos personnages affrontent un certain majordome aux griffes acérées. L’américanisation de la saga pointe donc le bout de son nez, avec des affrontements assez manichéens, des personnages comme Baggy le Clown qui perd son côté grotesque pour prendre un tour mélancolico-psychopathique. Le sang coule également, plus souvent et de manière beaucoup plus explicite.

L’appel du large et l’ancrage aux racines

Bref, Netflix a décidé de ne pas faire dans la dentelle. Néanmoins, le show américain réserve quelques petites pépites destinées aux fans, en commençant par le running-gag “tous les héros crient le nom de leurs attaques“, utilisés par Luffy et Sanji… mais pas par Zoro, qui pour le coup reste très terre à terre (et un peu plus réaliste que lorsqu’il lance un nom d’attaque avec un sabre / katana One Piece dans la bouche…). Ces petites piques nous donnent le sourire et renvoient chaque fan à ce qu’il ressent lorsqu’il entend le nom de ces attaques.

Le plaisir se cache aussi dans les détails. Le logo de chaque épisode reprend ainsi la bannière à tête de mort et l’objet fétiche du personnage qui sera mis en avant. Lors de l’exécution du Roi des Pirates, des membres de la foule retiennent notre attention. L’ambiance sonore, si elle n’est pas aussi marquée que pour l’anime, n’est pas non plus en reste. La chanson My Sails are set (chantée par Aurora) résonne comme un hymne à la fois mélancolique et déterminé, droit vers ce One Piece que le monde attend.

Et enfin, la première sortie du Vogue Merry sur les mers se fait sur l’instrumental du tout premier opening de l’anime, We Are !, de quoi tirer quelques larmes à nous autres fans ! Le tourbillon d’émotions propres à l’œuvre originale est donc bien présent, ce qui ajoute encore un point à cette adaptation.

En conclusion, nous pouvons dire que Netflix a clairement réussi son pari : rendre accessible une oeuvre emblématique sans la dénaturer, et en y apportant même des changements intéressants. Bien sûr, pour les fans absolus, certains aspects apparaissent frustrants ou décevants, mais la plateforme a joué le jeu et s’en est très bien sortie. De quoi passer un bon moment, entre rires et larmes… en attendant la suite ?