Garry Winogrand au Jeu de Paume

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L’exposition se tenant au Jeu de Paume, jusqu’au 8 février 2015, retrace le parcours du photographe américain Garry Winogrand (1928-1984).

Le parcours a travers l’oeuvre de Garry Winogrand se divise sous trois intitulés: « Du Bronx à Manhattan », « C’est l’Amérique que j’étudie » et finalement « Splendeur et déclin ». Ces trois grandes parties nous apprennent déjà beaucoup du photographe: les États-Unis d’après-guerre comme sujet de prédilection, Winogrand nous fait découvrir un monde par des images surprenantes, riches et teintées d’un humour qui lui est propre. La fin de sa carrière étant néanmoins marquée par une évolution vers des images qui se distancient d’un regard objectif sur les événements, allant vers l’expression de la subjectivité du moment.

Los Angeles 1969 Garry Winogrand au Jeu de Paume
Los Angeles, 1969

Garry Winogrand parle lui-même de sa vision du monde comme d’un spectacle, une grande scène pour laquelle il aurait acheté un ticket. De fait, ses photos sont l’illustration même de ses propos: images surprenantes, amusantes, intrigantes, puissantes. Nous plongeons dans un univers parfois délirant, reflet de la société américaine de son temps.

Central Parks, New York, 1969
Central Parks, New York, 1969

Une vidéo, interview du photographe, nous révèle la personne derrière les photos. Les pieds sur la table, éclatant de rire à l’occasion en entraînant avec lui toute la salle, mais dans un discours toujours juste et très conscient, Garry Winogrand répond aux questions. Aimez-vous les femmes? On ne peut pas dire que j’aime les femmes, je photographie certaines femmes car j’aime leur mouvement à cet instant. Est-ce vrai que vous êtes mauvais à l’heure d’effectuer vous-même vos tirages? Les tirages ne intéressent pas, je ne les considère pas comme des œuvres d’art -une photo tombe de la table- éclats de rire: vous voyez, le chez- d’oeuvre est par terre! Et puis une leçon: il insiste sur l’importance de voir, d’ouvrir les yeux pour, tout simplement, « ne pas devenir des ignares ».

Women are beautiful, 1975
Women are beautiful, 1975

Les dernières salles concluent sur la fin de sa vie. Une citation permet de comprendre le changement dans son oeuvre: « […] Je ne peux qu’en conclure que nous nous sommes perdus et que la bombe pourrait mettre définitivement fin aux choses, mais ce n’est pas important; nous n’avons pas aimé la vie ». Garry Winogrand a vu le monde, il a cherché à le montrer, à le comprendre, mais malheureusement la majorité ne voit pas ce spectacle dont il était témoin.

Finalement, peut-être que la meilleure manière d’honorer son oeuvre et de décider de regarder le monde. Son oeuvre n’est pas le témoignage historique d’une période d’exubérance, elle est un regard sur le monde comme spectacle, sur notre monde. Une leçon a tirer donc, photographique et aussi humaine: regardons le monde et rions, mais toujours d’un rire conscient et pourvu de sens.