Festival des Arcs 2017 – « L’étrange petit chat » de Ramon Zürcher : Très esthétique mais fastidieux

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Le Festival du Cinéma Européen des Arcs bat son plein depuis le 16 décembre dernier. Parmi la très riche programmation cinématographique, nous retrouvons un intéressant Focus sur le cinéma allemand. C’est ainsi que nous avons découvert L’étrange petit chat de Ramon Zürcher. Si cette œuvre sensorielle est très maîtrisée esthétiquement, il faut bien avouer que celle-ci souffre de sévères faiblesses d’écriture. Focus !

 

Une imagerie quasi-impressionniste

L’étrange petit chat se démarque par sa mise en scène et la composition de ses plans. Bien que les protagonistes évoluent dans un environnement des plus basiques (un appartement de la classe moyenne), chaque image s’avère aussi harmonieuse qu’élaborée. Cela se remarque notamment par deux types de plans. 

En premier lieu, nous avons les plans ressemblant à du « théâtre filmé ». La caméra prend le temps de laisser les personnages se poser et interagir, sans coupe superficielle ni champ-contrechamps. Ceux-ci évoluent donc comme sur une scène, rendant l’immersion dans le film d’autant plus naturelle. Chaque plan semble étudié pour que la cadre soit correctement rempli (ni trop, ni pas assez). 

Létrange petit chat Festival des Arcs 2017 - "L'étrange petit chat" de Ramon Zürcher : Très esthétique mais fastidieux

Le second type de plans, ce sont les instants où la caméra s’attarde sur un animal ou sur un objet en particulier. Lors de ces moments suspendus, il nous semblerait presque admirer des peintures impressionnistes, tant les couleurs sont fascinantes et la composition des images travaillée. Les couleurs feutrées de certaines images renforcent la sensation de contempler des œuvres d’arts peintes.

Outre l’esthétique, il faut noter qu’un intéressant travail a été mené sur le son, renforçant l’aspect sensoriel de cette œuvre indépendante. Cela vaut aussi bien pour les dialogues (qui nous paraissent très proches), que pour les phases musicales présentes notamment lors des plans quasi-impressionnistes sus-cités. Toutefois, si l’esthétique de L’étrange petit chat est impeccable et le travail sur le son intéressant, il est décevant de constater les faiblesses d’écriture de cette œuvre

 

Des lacunes scénaristiques regrettables 

Mettons d’abord les choses au point : les intentions derrière le scénario de L’étrange petit chat ne sont pas mauvaises. L’idée est avant tout de montrer le quotidien d’une famille moyenne ainsi que ses interactions.

Cependant, il faut bien admettre qu’en pratique, le film devient très vite ennuyeux. Cela est d’abord dû au fait qu’aucun attachement ne soit possible envers les personnages. Ceux-ci sont des antihéros dans toute leur splendeur. Aucun parcours initiatique, aucune évolution psychologique, aucun but à accomplir ni envie particulière… Tout cela n’est pas une mauvaise chose en soi car beaucoup d’œuvres similaires marchent parfaitement. Mais un autre souci d’écriture vient s’ajouter à ce défaut : les dialogues

Létrange petit chat 2 Festival des Arcs 2017 - "L'étrange petit chat" de Ramon Zürcher : Très esthétique mais fastidieux

En effet, les interactions entre personnages sont pour la plupart inintéressantes et souvent longues pour rien. Même si ce constat est très brutal, il est malheureusement assez représentatif des dialogues. Si l’on prend pour exemple comparatif Les Beaux Jours d’Aranjuez, cette œuvre était également assez ennuyeuse du fait de ses dialogues. Cependant, l’œuvre de Wim Wenders, malgré ses interactions pompeuses et interminables, avait pour mérite de nous faire réfléchir sur de très nombreux sujets. En cela, les dialoguent alternaient entre l’ennuie profond et une certaine forme de génie. Il est dommage que L’étrange petit chat ne parvienne pas à faire cela. Si les dialogues avaient été un minimum plus perfectionnés, le film aurait probablement eu un véritable impact philosophique

Malgré une esthétique impeccable, L’étrange petit chat aurait mérité un travail bien plus approfondi sur ses dialogues. Ceci n’étant pas le cas, le film ne pourra être apprécié que par les cinéphiles les plus avertis, notamment ceux aimant l’étude de la mise en scène…

 

Bande-annonce de L’étrange petit chat