Critique de « Rakka », le court métrage SF de Neill Blomkamp

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Neill Blomkamp, le réalisateur de District 9,  Elysium et de Chappie est de retour avec une série de courts métrages intitulée Oats. Le premier épisode, intitulé Rakka, est disponible gratuitement sur internet. 

 

Une belle vengeance

Irrité d’avoir perdu l’occasion de réaliser Alien 5, Neill Blomkamp se venge avec sa série de courts métrages de science fiction Oats. Le cinéaste avait pourtant bien avancé dans la pré-production de Alien 5, mais Ridley Scott, en grand égoïste, a préféré foncer tête baissée avec Alien Covenant pour se réapproprier sa saga. Oats sera une série anthologique, composée de courts métrages expérimentaux, aux univers variés, mais liés entre eux par une ambiance de science-fiction dystopique.

 

Rakka, un court-métrage inspiré

Ce court métrage de vingt minutes présente une terre dominée par une race extraterrestre en forme de lézards géants. Ces derniers ont annexé l’humanité sur laquelle ils entreprennent des expériences. Via leurs pouvoirs télékinétiques, ils peuvent s’immiscer dans le cerveau des êtres humains pour les contrôler. Porté par Sigourney Weaver, Rakka offre une esthétique impressionnante. De par ses quelques plans sublimes, Neill Blomkamp parvient à créer une ambiance crasseuse et post-apocalyptique directement dans la veine de ses précédentes œuvres. Les extraterrestres demeurent humanoïdes et sont magnifiquement bien matérialisés par des effets numériques de haute volée. 

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Cette petite présentation, dont on espère que la suite va très vite arriver, est très intrigante, mais aussi frustrante. Neill Blomkamp ne parvient pas forcément à donner une épaisseur suffisante à son histoire qui apparaît d’avantage comme une longue bande annonce ou comme les vingt premières minutes d’un long métrage. Sans réel sens, le cinéaste place des scènes marquantes les unes après les autres sans réellement créer une continuité scénaristique. Les scènes pourraient être changées, l’impact de Rakka serait le même. Le spectateur en ressort frustré. 

De même, son montage respire la petite production. Neill Blomkamp, dont le sens du montage n’est plus à prouver, ne parvient pour autant pas à insuffler une âme à son découpage qui apparaît fade. Heureusement, la photographie renversante, les plans fixes et longs sur les visages et les corps, les ralentis et slows motions, permettent une fluidité d’image dont il peut être fière. Neill Blomkamp fait certainement partie des meilleurs cinéastes contemporains de sa génération. 

Ainsi, Rakka vaut assurément le détour et nous pourrons juger cette oeuvre une fois que les autres épisodes de Oats seront sortis. Quoi qu’il en soit, son univers et sa photographie sont d’une beauté sans pareille, et Alien 5 aurait certainement eu plus de cachet que Alien Covenant.