En cette période de commémoration de l’armistice de la Première Guerre mondiale. Intéressons-nous au film de Sam Mendes, 1917. Sortie le 15 janvier 2020 au cinéma et qui est maintenant disponible en Blu-Ray chez Universal Pictures. Ils nous immergent dans l’enfer des tranchées de la Grande guerre au travers d’une mise en scène palpitante qui oscille entre le documentaire et la fiction.
Nous suivons les caporaux britanniques William Schofield (George MacKay) et Tom Black (Dean-Charles Chapman) qui sont confrontés aux horreurs d’une guerre où ils ne sont que des pions. Leur mission est simple mais semée d’embuches. Le général Erinmore (Colin Firth) leur confie une tâche qui s’apparente au suicide. Les lignes de communication étant coupées. Ils vont devoir traverser le no man’s land et contourner les lignes allemandes pour délivrer un message vital au deuxième bataillon du régiment Devonshire, stationné aux environs d’Écoust-Saint-Mein. Pour parvenir à leur destination, ils devront braver tous les dangers pour mener à bien leur mission.
1917 : Une mise en scène prodigieuse
Le réalisateur oscarisé Sam Mendes (American beauty) nous livre ici au travers de cette aventure humaine une véritable prouesse cinématographique. Avec un réalisme quasi documentaire, il signe avec ce film l’une de ses meilleurs œuvres. Le pari de la mise en scène basée sur l’utilisation des plans séquences, véritable unité narrative à eux seuls mais qui nécessitent une préparation des plus minutieuses, apporte un réalisme saisissant à l’histoire. On est comme les deux jeunes héros, absorbé et plongé dans l’enfer des tranchées, perdu au milieu du champ de bataille où la mort est omniprésente.
Cette prouesse immersive donne l’impression que les événements auxquels sont confrontés les personnages arrivent par accident, et non pas parce qu’ils sont prévus par le scénario. Cela donne une énergie au film et tient en haleine le spectateur.

Ce choix de mise en scène n’aurait pas été possible sans le savoir-faire du chef opérateur Roger Deakins (1984, Fargo, No Country for Old Men) qui magnifie chaque scène au travers d’une photographie millimétrée. Ce projet incroyablement ambitieux permet à la caméra de suivre les personnages au plus près. Passant des tranchées ou sont stationnés des centaines de soldats qui attendent de monter à l’assaut, au champ de bataille jonché de cadavres d’hommes et d’animaux. Le hors champ sonore nous rappelle également qu’un danger permanent pèse sur les deux héros que rien n’arrête.
Une caractérisation des personnages réussie
Malgré les scènes qui se succèdent avec un rythme plus ou moins accentué suivant les péripéties auxquelles sont confrontés les soldats, Sam Mendes parvient tout de même à donner de la profondeur à ses personnages. Nous apprenons peu à peu à les connaître ce qui accentue l’immersion dans le film.
Ce choix judicieux provoque chez le spectateur, une empathie et une envie qu’ils réussissent leur mission. Cela n’est pas évident à effectuer quand on sait que l’action ne s’arrête que très rarement sur toute la durée du film.
On sort du film avec une vision plus claire du sacrifice humain qu’a provoquée la Première Guerre mondiale. On comprend mieux l’absurdité dans laquelle les hommes sont plongés en période de conflit. Ils doivent constamment réaliser l’impossible pour des dirigeants qui perçoivent le front comme un lieu abstrait. Pourtant, c’est leur nom que l’Histoire retient. Est-ce à juste titre quand on sait le sacrifice des soldats qui ont gagné les batailles dans les tranchés ?