Embarquez dans le plus terrifiant manège avec Dark Ride

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Dans Dark Ride, le scénariste Joshua Williamson revient avec le dessinateur de Birthright, la saga qui les avait propulsés. Cependant, ils vous proposent ici de visiter le plus infernal des parcs d’attraction…

La peur dans les coulisses du parc

Des mascottes inquiétantes dans Dark Ride
Des mascottes inquiétantes dans Dark Ride

Le premier épisode de Dark Ride introduit l’univers en suivant un néophyte. Owen Seasons, fan de Devil Land, réalise son objectif en devenant employé du parc. Il connaît par cœur les attractions et l’histoire de ce lieu permettant au lecteur de se repérer. Devil Land est le premier parc d’attractions consacré à la peur. Il est fou de joie mais sa tutrice Katie Kingston le prévient : il n’a encore rien vu. Les gardiens blasés lui font la liste des problèmes courants ou plus surprenants. Des personnes se suicident pour hanter le parc et d’autres déposent les cendres d’un mort dans le parc.

Garçon optimiste et ambitieux, Owen est pour l’instant chargé du ménage mais il veut créer une attraction à laquelle il songe depuis des années. Son enthousiasme contraste avec la motivation de sa tutrice qui n’est à Devil Land que pour payer ses études. Par la visite guidée des coulisses, le lecteur de Dark Ride découvre le personnel. Quand, dans une allée du parc, Owen bouscule par erreur Samhain Dante, le fils du créateur, il rencontre toute l’équipe dirigeante et assiste à un débat sur l’orientation du parc. Faut-il l’aseptiser pour gagner plus ?

Joshua Williamson détourne les attractions d’un espace de loisir en poussant davantage vers l’effroi. Un espace bucolique est une forêt de loups-garous. Dès les premières pages de Dark Ride, le fonctionnement du parc révèle quelques étrangetés. Les employés portant un costume ne sociabilisent pas avec les autres. On a découvert que le parc de Devil Land est né dans le sang. Le fondeteur Arthur Dante a tué sa première épouse qui n’avait jamais compris son rêve. Cet acte transgressif réveille un démon qui lui propose un pacte. Depuis, des visiteurs et des employés disparaissent régulièrement sans que l’on retrouve leurs corps.

Une horreur héréditaire

La famille dirigeante de Dark Ride
La famille dirigeante de Dark Ride

Cependant, le parc reste un lieu pour les adolescents et les familles. La confrontation entre l’horreur de l’espace et le public présent crée la surprise et lance le deuxième thème de la série : des familles touchées par un drame. L’horreur est une histoire de famille pour Owen. Ses parents se sont rencontrés à une rétrospective Dario Argento. Il est venu au parc en famille depuis l’enfance jusqu’à la mort mystérieuse de son père et de sa mère dans l’océan. Une autre employée enquête sur la disparition d’un proche dans le parc.

La dynastie Dante se place au centre de Dark Ride à partir de l’épisode deux. Arthur Dante cherche à préserver la cohésion de sa nouvelle famille mais surtout la pérennité du parc dont l’enjeu dépasse tout. Samhain veut rester fidèle à l’héritage et à la radicalité de son père. Il se dévoue corps et âme pour l’entreprise familiale sans avoir ni l’aura et ni la créativité du père. Il trouve tout de même le temps de s’occuper de sa fille Autumn qui est hélas trop proche du parc… À l’opposé, sa sœur a quitté l’entreprise et surfe sur une autre vision de l’horreur. Frère et sœur se détestent et sont en concurrence pour la succession, comme toute famille d’héritiers.

Le dessinateur Andrei Bressan paraît ravi du nouvel univers de Dark Ride comme le prouve une double-page de présentation du parc. Il s’amuse à décliner tous les genres de l’horreur : un dinosaure gigantesque, un château gothique… En bonus, on trouve même un plan du parc avec la légende. Le dessinateur brésilien adapte son style à ce qu’il doit dessiner. Les figures de démons font penser à des cartoons. Cependant, ces images enfantines contrastent avec des visages humains très réalistes. Bressan s’interroge sur la représentation de la violence. D’une part, il ne montre pas directement le féminicide. D’autre part, il ne rechigne pas au body horror me faisant sursauter en tournant la page. Le cadrage est très cinématographique. D’une part, les cases horizontales rappellent l’écran des salles obscures. D’autre part, des images reprennent le cadrage des films. Lors des discussions dans les allées, on voit en arrière-plan le parc et la joie des visiteurs. Cependant, le dessinateur peine à gérer cette profondeur de champ. Bien que classique, la colorisation d’Adriano Lucas est très efficace. Les premières pages en noir et blanc illustrent le passé alors que dans la suite, les couleurs vives et pop sont très présentes dans le parc dissimulant la noirceur du lieu.

Dark Ride, édité par Delcourt n’est certes pas l’attraction la plus avant-gardiste des comics mais Joshua Williamson sait surprendre régulièrement par des cliffhangers réussis et il multiplie les couches d’intrigues promettant une suite dense de cette trilogie.

Retrouvez sur le site d’autres comics d’horreur avec Ice Cream Man et Hotell.