Le baby blues revient dans le tome deux de Mother Parasite

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Un des plus angoissants mangas, Mother Parasite, revient dans le tome deux. La série de Sato Hirohisa inverse les relations parentales en faisant d’un enfant le tyran.

Mother Parasite ou l’horreur familiale

Sans que l’on comprenne son passé, Ryôta est dans Mother Parasite à la recherche de sa vraie mère. Cependant, plutôt que de faire appel aux autorités, le jeune homme teste des femmes comme des produits pour savoir si elle serait une bonne mère pour lui. Si elles ne conviennent pas à ses souhaits, il s’en débarrasse. En effet, par une déclaration de disparition au journal télévisé, le lecteur comprend dans ce tome deux de Mother Parasite que Ryôta a déjà tué.

Ce passé ne l’empêche pas de poursuivre sa macabre quête. Dans le premier tome de Mother Parasite, Ryôta avait été hébergé par la famille Kasai pendant un orage. Cependant, il n’est pas venu pour s’amuser avec son camarade de classe Kaoru. Il vient rencontrer sa mère et, pendant la nuit, il a une révélation : Rika Kasai en est l’incarnation de la mère idéale. Elle s’inquiète d’un rien faisant tout à la place de son fils et se jette à la fenêtre pour le surveiller dès qu’il part. Il faut donc qu’il change de maison. Ce plan machiavélique se heurte à de nombreux problèmes. D’une part, Ryôta a déjà une mère adoptive, Sanae Miki. D’autre part, Rika Kasai est déjà mère de famille.

Ryôta se détache progressivement de son actuelle mère. Plongé dans ses plans, il ne lui répond plus. Il ne la félicite plus pour ses efforts culinaires et tolère une erreur. Sanae se rend compte de son éloignement et panique. Perdant pied avec une réalité déjà étrange, elle va trop loin…

L'ado perturbé de Mother Parasite
L’ado perturbé de Mother Parasite

L’horreur par le contrepoint

Le succès de Mother Parasite tient à son art de contrepied. Sato Hirohisa sait confronter les opposés pour mettre mal à l’aise le lecteur en faisant naître l’angoisse. Le contraste se fait tout d’abord entre l’innocence de l’enfance et une torture psychologique très adulte. Ryôta a un visage d’ange mais l’attitude d’un tueur froid. Il a aussi des pratiques sexuelles d’adulte… et même perverses. Dans le tome précédent de Mother Parasite, il tétait Sanae et déshabillait la mère de son ami pendant son sommeil sans lui demander son autorisation. Dans ce tome, il impose à sa mère de reproduire ce strip-tease. Le lecteur a un haut le cœur bien que le dessin évite de montrer les zones sensibles. Au contraire, son ami Kaoru est un gentil garçon qui se passionne pour les hentai.

Un autre contrepoint est de s’attaquer à la cellule familiale. Le dévouement maternel devient un dévouement pathologique. Dans le tome précédent, on voyait avec quel dévouement Sanae Miki réveille Ryôta avant l’école et commence la veille à préparer le repas. La mère est au service de son fils unique qui peut décider de de l’insulter ou de la congédier s’il n’est pas satisfait.

Mother Parasite prend alors une dimension politique : le scénariste et dessinateur Sato Hirohisa dénoncent la charge mentale subie par les mères et l’absence totale des hommes dans l’éducation. Le contrôle social des femmes est constant. Les voisines savent tout de cette famille ou croient le savoir par les rumeurs accusant la mère de tous les maux. La pression de devoir être une mère parfaite pousse Sanae à la violence. Le dévouement des mères concerne les garçons. Le scénariste montre ainsi que la société patriarcale reproduit le sexisme.

De plus, l’attitude de Ryôta surprend le lecteur. Son intelligence est si forte qu’il est inhumain et glacial. Le caïd du lycée veut pourtant enquêter sur cet élève trop parfait. Comme un enfant il dit tout ce qui lui passe par la tête mais les autres ne se rendent pas compte qu’il ne rigole pas. Il propose pourtant des solutions radicales. Sans raison, il reste prostré en pleine habillage avant d’aller à l’école. Pourtant, il sait très bien mentir et il est même un as de la manipulation. Non seulement, il arrive à simuler une violence parentale, mais quand il ne parle au voisin, il n’avoue pas la violence mais laisse les auditeurs imaginer le pire.

Édité par Mangetsu, Mother Parasite décrit le rapprochement d’un fils abusif avec une mère abusive. Que va produire cette rencontre explosive entre eux mais aussi pour leurs proches ? La réponse arrivera peut-être dans le prochain tome.

Frissonnez par d’autres mangas Shigahime et Pumpkin Night.