Chill & Cult : découvrez « Buried » sur Netflix

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Buried est un film qui peut détonner dans le large catalogue de thrillers que propose Netflix. Excitant dans sa démarche artistique et oppressant dans sa réalisation, le film laisse néanmoins un goût amer en bouche. Explications. 

A fond la forme

Le huis clos. Procédé cinématographique audacieux consistant à installer son récit dans un seul et même lieu. C’est toute la particularité de Buried, film espagnol de Rodrigo Cortès, qui avait intrigué le monde du cinéma par son synopsis si singulier à sa sortie en 2010. Entrepreneur américain présent en Irak, Paul Conroy se retrouve à son réveil dans un cercueil, enterré vivant avec un téléphone portable comme unique moyen pour lui d’être relié au monde extérieur. Angoissé par la mort qui rôde et à la merci de sa batterie, l’homme sait que son temps est compté.

Partant de ce postulat de départ alléchant, Buried profite des avantages et des inconvénients de ses choix artistiques. Comme Joel Schumacher pour le réussi Phone Game, huis clos se déroulant dans une cabine téléphonique, Rodrigo Cortès utilise le téléphone comme personnage à part entière du métrage. Catalyseur de toutes les péripéties du film, cet objet joue un rôle primordial car il en va de la survie de son personnage. La batterie du téléphone qui se décharge est une façon de représenter le temps qui sépare le personnage de Ryan Reynolds d’une mort certaine. 

ryan reynolds buried cercueil

Mais concentrer l’intégralité d’un scénario dans un lieu aussi exigu qu’un cercueil peut laisser craindre une possible altération de la progression du film. Et c’est parfois le cas. Le long-métrage n’arrive pas à éviter certaines longueurs. L’action du film avance dès que Paul Conroy est au téléphone mais fait du surplace dès qu’il décide de raccrocher ou qu’il voit sa connexion coupée de façon arbitraire. Ses difficultés à se mouvoir dans le cercueil ou encore sa rencontre avec un serpent à mi-parcours n’apportent pas grand chose au récit. Néanmoins, Buried captive par son découpage technique qui le rend immersif. Une mise en scène qui épouse le jusqu’au-boutisme de la démarche : le film n’investit qu’un lieu et se focalise sur un seul personnage.

A l’affiche de Deadpool 2 depuis mercredi, Ryan Reynolds réalise une vraie prouesse d’acteur dans ce huis clos où son visage, filmé en plans rapprochés la plupart du temps, est quasiment le seul à apparaître à l’écran. Aidé par la réalisation de Rodrigo Cortès, l’acteur américain arrive à faire ressentir le sentiment d’enfermement au spectateur. Un rôle à contre-emploi pour lui, plutôt cantonné aux comédies américaines.

Comme un goût d’inachevé

Si la forme est très bien maîtrisée, c’est du côté du fond qu’il faut aller chercher pour y trouver les plus grandes lacunes. Le film pêche principalement par son discours beaucoup trop flou. Le réalisateur semble vouloir distiller plusieurs messages, mais son ambition est vaine dès le départ puisqu’il ne va pas jusqu’au bout de ses intentions. Il est question pendant un moment de la présence illégitime des Etats-Unis en Irak, mais le propos est trop maladroitement amené. Des pistes sont activées et sont aussitôt remises au placard. Au fur et à mesure, le réalisateur semble perdre le fil de son histoire en entretenant un mystère sur les raisons de la présence de Conroy dans un cercueil. Un mystère qui s’épaissit trop.

ryan reynolds buried cercueil

Alors, il est difficile de pouvoir réellement cerner Buried. Le concept fonctionne plutôt bien et c’est une réussite en soi de captiver un auditoire avec une unité de lieux et de personnages, mais il laisse le spectateur un peu désorienté par le discours proposé. On ne sait tout bonnement pas ce que le film veut raconter. Reste alors un bon divertissement qui se suit sans déplaisir.

Comme son personnage principal, Buried est enfermé dans une quête obsessionnelle de la forme, mais sans pour autant y apporter la même attention que pour le fond. On se retrouve alors face à un exercice de style fort bien amené manquant cruellement de consistance.